Fort Ardraco (Scénario d'Ed Greenwood)

Laissant là les deux autres prêtres, qui se mirent aussitôt en route pour obéir à leur maître, Elimith se dirigea vers l'auberge, suivit du barde.
La grande salle était déserte, mais au fond, une porte grande ouverte donnait sur la cours arrière. On y voyait s'affairer Daniel, Dunhilda, Loktar et même Sam et Georges. Le bûcher était presque prêt pour accueillir la dépouille du défunt mérosis.

Le grand prêtre interpella l'aubergiste, invitant également Sam à les rejoindre. Une fois qu'il fut sûr d'avoir été entendu, il prit une chaise et s'installa à une table, priant Nizam de s'installer avec lui.

- Nous serons mieux pour parler calmement de cette affaire, expliqua-t-il en attendant que les autres les rejoignent.

Il paraissait calme, mais la façon dont il lissait sa barbe suggérait une certaine anxiété. Surprenant le regard inquisiteur du barde, il jugea bon de s'en expliquer.

- Tout ces morts dans notre village paisible de la Croisée me rendent nerveux.
" Sans parler des implications de ce que vous m'avez appris...

Georges et Sam les rejoignirent bientôt et alors que l'halfelin prenait place, Elimith s'adressa à l'aubergiste.

- Donne nous de ta meilleure bière veux-tu ? A moins que ces messieurs préfèrent une autre boisson ? demanda-t-il en se tournant vers les intéressés.
" N'hésite pas à m'interrompre si je dis des âneries cher ami ! ajouta-t-il à l'intention de Georges, qui partait déjà vers son comptoir.

Elimith ajusta sa position sur sa chaise et réfléchit quelques secondes avant de reprendre.

- Bien ! Que pensons-nous savoir au juste ?
" Des fanatiques... sûrement d'une secte draconique... on investit Fort Ardraco et enlèvent gens alentours. Deux prêtres, un magicien et tout un groupe d'aventuriers... ?

Il monta le ton sur ces derniers mots, comme s'il posait finalement une question.

- Peut-être visaient-ils certains d'entre vous en priorité... Il y avait au moins une prêtresse et un magicien parmi vous... Bon ! Partons de ce postula si vous le voulez bien.

Il regarda plus attentivement Nizam et reprit.

- Il y a aussi cette histoire de Yasine. Un arcaniste capable d'espionner magiquement Kuldur. Pour moi, c'est forcément lié. En savez-vous plus à ce propos ?

A ce moment, l'aubergiste, qui avait amené les commandes et s'asseyait avec eux, intervint.

- Oui ! Moi je sais... On en avait parlé vous vous souvenez ? dit-il aux deux autres.
" C'est Glenn, le fils de monsieur Paul de Pom'Rêt qui en avait parlé. Il disait :
" Il est quand même flippant ce Yasine. Tu crois que ton père retournera à la prochaine réception...
" Mais de quelle réception il parlait ? On avait trouvé ? finit-il par demander, un peu perdu.

Soudain inquiet, Georges baissa la tête et murmura presque la suite.

- Ça me fait penser... Antoine ne devrait pas tarder à arriver... J'espère qu'il va bien !

Nizam écouta les deux habitants avec grande attention et opina du chef à l'évocation de Glenn :

- Oui, je me souviens, vous nous aviez raconté cette histoire. Georges, c'est essentiel : Quelle est cette fameuse réception dont parlait Glenn à votre avis ? Pourrait-on discrètement discuter avec ce jeune homme pour en savoir plus ?

Quelque chose glaçait encore plus le sang de Nizam : Quel être pouvait bien être Lord Ardraco, lui qui avait réutilisé un symbole aussi obscur des temps anciens ? Un fou avide de puissance... ou un être bien plus sombre et dangereux encore ?

Comme pour essayer de passer son frisson, Nizam se tourna vers Sam :

- Qu'en pensez-vous, cher ami ? Ne faudrait-il pas creuser un peu plus la piste de ce Yasine ?

Round 6

[Elëwin : 22 ; Avant-garde : 21 ; Thomiry : 14 ; Tilouka : 13]

Tilouka était partant pour combattre à lui tout seul les trois bandits, mais son camarade elfe fut plus rapide et d'une flèche bien placée, blessa sérieusement l'un d'entre eux.

Bon, ça ne m'aurait pas dérangé de me faire ces voyous à moi tout seul mais bon, s'il veut m'aider, merci ! pensa-t-il.

Puis, en courant vers l'ennemi, il cria à l'adresse de ses deux coéquipiers :

- Laissez m'en au moins un, le temps d'être sur lui !

Tout en courant vers lui, le Drakéide mit sa main sur son arme, s'apprêtant à la dégainer, sourire aux lèvres.

Pendant que Sam s'affairait, il fut surpris d'entendre qu'une voix familière l'interpelait. Il était mitigé entre terminer l’œuvre en cours ou répondre prestement à l'appel. Il déposa cependant la bûche qu'il avait dans les mains.

Il se retourna, faisant une mine désolée aux autres, pour se diriger à l'intérieur de l'auberge, prenant son sac par une hanse pour le mettre à l'intérieur afin de l'avoir à ses côtés. Il l'accrocha à sa chaise comme si c'était elle son dos mais avec le poids elle bascula.

Il n'entendit pas entièrement la commande d'Elimith à cause du bruit et bêtement répondit un "oui". Il releva la chaise, laissant le reste au sol, car cela ne pouvait pas tomber plus bas et commençait à écouter Elimith attentivement.

Georges revint avec de la bière, faisant briller les yeux du petit halfelin. Il n'avait donc pas fait une bourde à sa précédente réponse, au contraire ! Son attention était dirigé maintenant vers l'aubergiste qui complétait avec ses souvenirs le tableau des évènements. Sam, cependant, baissa la tête lorsqu'il entendit les murmure de l'homme, il se faisait un idée bien sombre pour Antoine.

- "Je suis désolé de dire cela, mais je doute qu'Antoine n'ait jamais atteint le baron... Si j'étais un des bandits, je m'occuperais des habitants qui sortent afin d'éviter qu'ils ne demandent de l'aide afin de faire ma loi..."

Nizam quand à lui sortit de ses pensées juste après, afin de poser une question à Sam. Il prit le temps de boire quelques gorgées de sa bière avant de répondre au barde.

- "Sans mauvais jeu de mot, je ne me sens pas de taille à m'en prendre à un arcaniste qui peut nous épier sans qu'on le sache. Sans effet de surprise, je doute faire le poids, même avec vos compétences à mes côtés Nizam. De plus, nous savons que le fort étant le repaire de bandits, notre force de frappe ne suffira jamais. J'ai bien peur de n'être d'un grand secours pour aiguiller sur la suite des évènements. Peut être la nuit me portera conseil qui sait..."

Afin de se redonner de l'entrain qui commençait à disparaitre au fur et à mesure qu'il se sentait démuni par la situation il termina sa bière laissant le soin aux autres de donner leur point de vue sur ce qui venait d'être dit.

C'est alors que lui revint en tête qu'il avait les possessions de Nizam, écarquillant les yeux à ce rappel. Il baissa la tête, ne laissant voir que des cheveux blonds pendant qu'il cherchait les 10 pièces d'or et les plaça une fois trouvées sur la table devant le barde. Il arborait toujours son air gêné.

Round 7

[Elëwin : 22 ; Avant-garde : 21 ; Thomiry : 14 ; Tilouka : 13]

Le chariot n'était pas encore totalement arrêté, lorsqu'Elëwin lâcha les rênes après un ultime Ohhh ! pour calmer l'attelage. Alors, il enjamba le siège pour rejoindre l'arrière. Le carreau toujours fiché dans son épaule lui arracha une grimace. Mais il n'avait pas le temps de s'occuper de ça.
Se plaquant sur les planches, il plongea la main dans l'ouverture et en extraya un arc court ainsi qu'un carquois rempli de flèches...

Plus loin, dispersés par un tir particulièrement adroit, les trois tireurs s'étaient penchés, profitant de l'herbe haute du chemin pour offrir une cible moins aisée.
Changeant de tactique, l'un d'eux mit genoux à terre, visant méthodiquement les fourrés tandis que les deux autres avançaient.
Bizarrement, aucun ne visa le drakeïde qui avançait vers eux aussi vite que l'herbe haute fouettant ses jambes le lui permettait.
Les premiers étaient encore à plus de 70 mètres !

Georges ouvrit des yeux horrifiés en entendant Sam. Il baissa la tête et ne réagit pas lorsque Nizam lui intima de les aider.
Voyant cela, Elimith lui posa la main dans le dos et chercha à capter son regard.

- Calmez-vous mon ami. Je suis sûr qu'Antoine va bien !

Le prêtre avait l'air plus désolé que réprobateur lorsqu'il croisa le regard de Sam et Nizam.

- Je suis conscient que vous avez perdu un proche et je comprend votre réaction Sam... dit-il alors.
" Mais d'après ce que nous savons et la description que Nizam m'a fait des combats, ces bandits semblent seulement, vouloir enlever des prêtres et des magiciens ; quitte à se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de leur chemin... expliqua-t-il avec un regard compatissant vers Sam.

Il soupira avant de reprendre.

- Nous savons toi et moi, continua-t-il en s'adressant à Georges, à quel point le baron peut-être buté et difficile à convaincre quand il s'agit de bouger de son château...
" Mais je ne doute pas que la gravité de la situation le convainque d'envoyer des hommes pour nous aider.
" Si Aster est miséricordieuse, il viendra peut-être lui-même régler cette affaire.

Ses yeux s'étaient levés au ciel à la mention de sa déesse et un sourire naquit sur son visage alors qu'il s'adressait à Sam et Nizam.

- Concernant le Fort... j'ai moi-même joué à me faire peur étant jeune, en allant me promener là-bas. Ardraco n'a de Fort que le nom, je vous rassure.
" Il s'agit de ruines noircies par un ancien incendie et envahit de toute part par la végétation !

Georges avait l'air choqué de découvrir que l'homme sage qu'il connaissait sûrement depuis bien longtemps, avait été autrefois assez bravache pour jouer les explorateurs et braver les légendes...
Bien plus sérieux, Elimith reprit :

- Je peux faire appel à mes modestes pouvoirs pour vous soigner si vous en avez besoin. Mais je vous demande comme une faveur de partir en éclaireur au Fort Ardraco.
" Ne prenez aucun risque ! Je vous enverrai les hommes du baron dès qu'ils seront là... La vie de mes prêtres et de mon ami dépend de vous !

Nizam regarda bêtement les pièces que Sam mettait une à une sur la table devant lui comme s'il jouait aux dames, son air gêné finissant de troubler le barde. il lança à son "petit ami" un regard des plus circonspects mais n'eut pas le temps d'aller plus loin...

Leurs deux interlocuteurs se mirent à interagir...et à chaque réponse de l'un ou de l'autre, Nizam s'affaissait un peu plus sur sa chaise jusqu'à l'estocade : Elimith leur demandait, à eux, un pauvre halfelin et un barde déraciné de gambader au milieu des collines remplies de fanatiques pour partir en "éclaireur" jusqu'à un fort où officiait un culte maudit qui enlevait des jeteurs de sort pour leur faire on ne savait quoi....

S'il avait pu, Nizam aurait disparu et filé à la Cyrillane ... mais il n'avait pas de sort de ce calibre en magasin alors il se contenta d'éclater d'un rire nerveux et sonore qui le ferait, espérait-il, passer pour fou !

- Nous. NOUS ! éclaireurs. Genre... les gens qui sont les premiers à se faire laminer. Face à un ennemi dont on ne connait rien. Et dans un territoire qu'on ne connait pas. Laissez-moi réfléchir un instant... hum... Non ! Vous pensiez que nous dirions quoi ? Youhou, oui, courons à notre perte ! Comment à la fois "partir en éclaireur" et "ne courir aucun risque" ? C'est comme si vous disiez... Tiens, je vous propose d'aller à la pêche à la perle, mais surtout ne vous mouillez pas, cette eau est mortelle !

Cette fois, Nizam n'avait pas pas badiné. Et cette histoire ne l'amusait plus du tout. Même son côté casse-cou s'était éteint.

- Par contre, je veux toujours discuter avec votre "Glenn" au sujet de ce Yasine, si ça ne vous dérange pas.

Round 7

[Elëwin : 22 ; Avant-garde : 21 ; Thomiry : 14 ; Tilouka : 13]

[hrp] Les jets de dés et leurs résultats ont été joué sur discord avec le md
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Sa flèche avait atteint sa cible mais ce ne fut pas suffisant pour l'abattre. A couvert derrière un arbre il s'inquieta un instant du sort des deux autres qui étaient avec lui. L'elfe aux commandes du chariot avait manqué de peu de se renverser avec l'attelage mais il avait réussi à le maîtriser et a arrêté le chariot. Le drakeide avait comme lui sauté du chariot en marche et semblait prêt à se jeter dans le combat, courant vers leurs poursuivants.
Lyvin fut tout autant impressionné par sa témérité et son courage qu'effrayé par les risques qu'il prenait. Il cria à son adresse.

- Mettez vous à couvert, ne restez pas au milieu de la route.

Il était temps à présent de voir ce qui se passait du côté de leurs adversaires. Se baissant le long du tronc, il se fit le plus discret possible afin de jeter un coup d'œil. Deux d'entre eux continuaient à courir dans leur direction dont celui qui avait reçu la flèche tandis qu'un autre resté en arrière semblait attendre une opportunité de tir. Thomiry aurait bien voulu se débarrasser de ce dernier mais il préféra se concentrer sur l'homme qu'il avait déjà blessé.

Lentement, accroupi au sol, il profita des hautes herbes pour sortir de son abri. Il encocha une flèche, puis se relevant juste assez pour tirer il décocha sa flèche en direction de celui qui était déjà blessé et qui courait vers le drakeide. La flèche l'atteignit en pleine poitrine et il tomba au sol, stoppé en pleine course.
Aussitôt après avoir tiré Thomiry se coucha au sol, se camouflant dans les hautes herbes.

Il ne restait plus que deux poursuivants, un en retrait arbalète à la main et un autres qui poursuivait sa course.
Le combat semblait enfin commencé à tourner en leur faveur.

Sam avait subit la supplication d'Elimith, l'horreur de mettre au plus mal le bon Georges et enfin l'emportement de Nizam face à la situation au combien explosive.

On parlait ici d'un magicien, qui demandait de faire un voyage dangereux à deux personnes néophytes, Sam le halfelin et Nizam un demi-humain, afin d'entrer dans un territoire rongé par le feu et gorgé d'ennemis féroces, mais potentiellement épiés par un œil magique au surnom de Yasine. Il n'y a que dans les légendes avec un anneau que cela se passe bien une telle aventure...

Il allait falloir toute la diplomatie dont il pouvait faire preuve pour apaiser les tensions naissantes. Il s'exprima donc en cyfand afin de convaincre Nizam de revenir sur sa position juste après avoir remercié de la tête Elimith qui réconfortait l'aubergiste.

- "J'entends bien votre demande de porter assistance aux vôtres. Je comprends bien aussi les arguments de Nizam... Et ainsi raconté, la situation peut facilement être résumé en un mot : suicide... Mais ! Car il y a toujours moyen de garder espoir ! Toute perle dans de l'acide peut être récupérée si on s'occupe de la faire venir à soi, et non l'inverse. Tout eau mortelle peut être insignifiante si on l'évite. Bref, quand il y a un problème, il nous faut juste trouver la solution et c'est ce dont nous avons besoin. Nizam, de quoi avez-vous le plus peur dans le plan que l'on nous propose ? Je pense que si l'on réfléchit chacun sur nos problèmes et craintes, nous pourrons réussir cette mission sans accroc. J'ouvre la discussion car je ne peux me résoudre à laisser ce village à la merci des tortionnaires qui ont tué Ulrik, du moins, pas sans y réfléchir sérieusement. Les remords de s’être précipité à refuser sans avoir consciencieusement pesé le pour et le contre pourraient nous hanter, alors, ayant l'intention de vivre vieux, autant s'y pencher avec toute l'aide possible..."

Le petit blond savait qu'il n'arriverait pas à convaincre d'une seule traite son acolyte, c'est pourquoi il entamait la discussion pour faire émerger avec son auditoire des moyens sûrs d'arriver à leur fin.

Nizam poussa un long - très long - soupir. Les propos de Sam avaient, malgré lui, de l'écho dans son esprit. La sincérité et le dévouement du petit homme étaient louables. La mère de Nizam aurait-elle tenté de se dérober ainsi devant ces braves gens... certainement que non. Même son père, qui n'était pas homme de guerre et plutôt fin politique, aurait trouvé une solution... Toute autre sans doute. Et puis, même s'il n'aimait pas Ulrik, il lui devait bien quelque chose...

Le barde prit son temps pour répondre. Il ne fallait pas donner l'impression que c'était déjà tout cuit. "Gentil il a qu'un oeil", pensa-t-il en regardant Elimith... qui avait bien ses deux yeux opérationnels et posés sur lui.

- Bon, finit-il pas dire en scrutant les deux habitants de la Croisé à tour de rôle, Sam a au moins raison sur un point : le plan que vous proposez est un vrai suicide.

Il s'interrompit pour ménager son effet et voir l'embarras qui devait poindre sur le visage des deux hommes.

- Mais nous avons peut-être moyen de le rendre moins dangereux. D'une part, il faut nous donner plus d'informations sur le Fort Ardraco et le chemin qui y mène, ses alentours. Avoir un gaillard du coin avec nous et qui connait les chemins secondaires nous serait d'ailleurs d'une incroyable utilité. Il faut aussi nous donner des indications sur des points stratégiques alentour d'où nous pourrons étudier le fort et comprendre un peu ce qu'il s'y passe. Et puis il nous faudrait peut-être un peu plus de matériel, notamment pour protéger notre retraite si nous sommes découverts.

Il ménagea encore un silence avant d'achever :

- Ah, et je ne pars pas d'ici tant que je n'ai pas parlé à votre Glenn.

Le regard d'Elimith passa de l'espoir à la déception, alternativement, au fil des échanges entre Sam et Nizam. Le premier, acquis à sa cause, cherchait à convaincre le second, refroidit par les dangers qu'ils devraient affronter. Le vieux prêtre ne pouvait pas lui en vouloir ! Il passait de l'un à l'autre, ouvrant la bouche pour répondre lorsqu'on le lui demandait... Puis la refermant, n'ayant pas le temps d'exprimer son avis.

Elimith finit par se racler la gorge lorsque le barde lui parla pour la troisième fois au moins d'un certain Glenn. Les sourcils levés, il vérifia qu'il avait l'attention de tous, invitant d'un geste un Georges dans l'attente, à s'exprimer.

- Glenn est l'aîné de la famille Paul, des marchands de Pom'Rêt, expliqua l'aubergiste.
" Leur demeure est au centre du village. Elle est facilement reconnaissable...
" Mais Pom'Rêt est à une bonne demie journée de cheval au sud de la Croisée et... !

Elimith remercia son ami d'un sourire et d'un signe de tête avant de l'interrompre.

- Ce que veux dire Georges, c'est que vous ne pourrez pas être de retour avant demain après-midi si vous suivez cette piste...
" Surtout que le fils Paul n'est pas connu pour être casanier et il est fort probable qu'il soit partit en balade avec ses amis. Quand à son père, monsieur Paul, il est souvent sur les routes pour affaire.

Un poids énorme semblant reposer sur le vieil homme, il avait prit dix bonnes années lorsqu'il reprit, les traits tirés.

- Je ne suis pas retourné voir le Fort depuis de nombreuses années mais dans mon souvenir, il faut prendre les sentiers à travers bois, en suivant le nord. Vous avez vu l'ancienne route qui y mène - celle qui part dans la forêt en quittant l'auberge - mais elle est normalement presque impraticable...

Georges posa une main sur le bras d'Elimith et intervint à ce moment là.

- Le mérosis qui vous a aidé, Loktar, a dit qu'un des brigands a fuit à bord d'un chariot par la route. Peut-être qu'ils l'ont déblayé jusqu'au Fort !

- Merci Georges, c'est effectivement une hypothèse intéressante qui simplifierait les choses. Pourtant, il faudrait peut-être rester à distance raisonnable de la route, au cas où ils la surveillent.

Elimith reprit son souffle et bu une gorgée de bière avant de continuer.

- Là-bas, la forêt est très dense. Cela vous permettra de vous approcher près des douves sans être vus. Mais à contrario, vous ne pourrez pas surveiller les alentours de loin...
" Malgré l'oeuvre du temps, je ne pense pas que vous puissiez traverser les douves ! Elles étaient immenses dans mon souvenir et creusées à même la roche... mais je ne vous en demande pas autant !
" Les murs déjà en ruine à l'époque, ont dut s'écrouler et vous devirez pouvoir compter les occupants du Fort depuis les alentours...

Le prêtre reprit le lissage de sa barbe, geste qu'il avait l'air de faire lorsqu'il réfléchissait.

- Sachez déjà que j'avais prévu de vous donner mes dernières potions de soin...
" Mais à quel matériel pensiez vous exactement ? Nous n'avons pas grand chose, mais si vos exigences sont raisonnables, nous ferons de notre mieux pour vous aider !

Disant cela, il sortit cinq fioles de verre transparentes contenant un liquide blanc liquoreux et les plaça au centre de la table.

Nizam, encore une fois, eut un yoyo émotionnel... le Glenn était dans le bled à côté et visiblement sacrément noceur ! Encore une piste froide.

Les informations concernant les environs du fort s'avéraient plus utiles et tout cela se termina en apothéose quand Elimith déposa non pas une, non pas deux, non pas trois, non pas quatre... mais cinq fioles de soin sur la table !

Nizam était impressionné par ce don. Ces fioles étaient de vrais trésors pour un village de cette taille. Il se sentit presque gêné... Mais n'en montra rien, je contentant de gratter sa barbe de deux jours d'un air pensif.

- Les informations que vous nous donnez... ainsi que ces artefacts...rendent les choses moins suicidaires en effet. En faisant bien attention, j'espère que nous serons suffisamment discrets pour aller faire un peu d'espionnage par là-bas. Pourrions-nous emprunter également deux trois éléments de plus que nous vous ramènerons : Une corde de lin avec un grappin, des capes de forestier (pour la discrétion dans les bois), et... je doute vous ayiez pareilles choses mais... si nous devons fuir précipitamment et que nous sommes poursuivis, des chausses-trappes ne seraient pas de refus pour ralentir nos poursuivants.

Il finit sur le regard le plus empathique qu'il pouvait en direction de Georges et du vieil homme.

Elimith fut satisfait de la réaction de Nizam et il ne chercha même pas à cacher son soulagement. Le barde avait raison, il avait sortit son plus gros atout, car ces potions représentaient toutes les réserves du monastère. En attendant, les prêtres d'Aster pourraient venir en aide aux habitants en cas de catastrophe... Si un terme était mit aux expéditions de ces brigands sur la Croisée !

Quand l'homme des sables demanda du matériel, ce fut Georges qui répondit le plus vite.

- Les cordes de soie coûtent une fortune, je suis désolé mais je ne connais pas d'habitant de la Croisée qui soit équipé d'un tel bijou... Mais un grappin si ! Antoine a sûrement çà dans son atelier. Il va chercher lui-même son bois dans la forêt... Je suis sûr qu'il serait d'accord pour vous le prêter.
" Pour ce qui est des capes, je vais demander à ma femme, on doit avoir çà quelque part.
" Quand aux les chausses-trappes... fit-il en regardant Elimith.

Le prêtre secoua la tête pour confirmer qu'ils n'avaient pas çà en stock, malheureusement.

Sam était pantois de ce qu'il venait de se passer. En cherchant à obtenir au minimum une réflexion de la part de son camarade, il se retrouvait avec des artefacts au combien précieux et plus de ressources qu'il n'aurait jamais espéré avoir pour la mission. Il s'exprima au barde en cyfand, avec un air médusé.

- "Mais...mais... vous êtes vraiment un négociateur comme j'en ai rarement vu Nizam. Il est vrai que nos vies sont dans la balance des négociations après tout... Je propose, pour compenser, que les chausse-trapes soient remplacées par deux fumigènes ou bien tout objet permettant d'aveugler nos adversaires, cela permettra de conserver une option de fuite, qui j'en suis sûr nous sauvera."

Il laissa le mélomane réfléchir à sa proposition et continua sa discussion en dirigeant ses propos vers Georges et Elimith afin de donner son avis sur tout ce qui s'était dit.

- "J'avoue être gêné par toutes vos offrandes et vos efforts. Cela place la barre très haut pour se montrer à la hauteur. Je souhaite préciser que pour ma part, je considère ce que vous apportez pour la réussite de l'expédition comme un prêt et ferai mon possible pour vous ramener dans le meilleur état tout cela. Concernant le grappin, même si c'est une bonne idée cela nécessite d'avoir l'accord d'Antoine et pour l'instant il n'est pas encore rentré... Nous trouverons donc forcément porte close à son atelier."

Sam n'avait plus du tout le sentiment d'aller à l'abattoir avec cette aide inespérée, ce qui était rassurant, mais il souhaitait quand même mettre les pieds dans le plat pour être sûr de ce qu'ils attendaient concrètement, fronçant les sourcils et pesant ses mots pour montrer qu'il essayait d'être précis.

- "Donc si je comprends bien, notre seule tâche sera de savoir combien de bandits sont présents dans ce fort, et si nous trouvons ceux qui vous tienne à cœur, nous leur venons en aide sans se mettre en péril c'est ça ? J'ai aussi une autre question, qui pourra aider vos camarades, pouvez-vous me dire ce que sont ces menottes ?"

Sam se leva de la chaise, nécessitant un petit saut pour atteindre le plancher des vaches, ouvrit le sac derrière lui, et récupéra une des paires afin de les montrer à Elimith pour avoir son avis dessus.

Elimith fit la grimace lorsque Sam parla de négociateur, mais il fut beau joueur et la mimique se transforma vite en sourire.
Il intervint aussitôt que l'halfelin demanda qu'on leur fournisse des fumigènes...

- Veuillez nous excuser, mais nous n'avons pas ce genre de produit non plus... Les fumants utilisés par les brigands n'ont pas leur équivalent ici. A la Cité Franche certainement, mais c'est un peu loin !

Un peu plus tard, Georges voulut intervenir lorsqu'il fut question d'Antoine, car il ouvrit la bouche. Mais il sembla finalement se contenter de l'argumentaire de Sam.

Enfin, le prêtre confirma la présentation que l'halfelin avait faite de leur mission.

- Oui ! Quand à nous, nous vous enverrons les soldats du baron quand ils seront là... le plus tôt possible...

Puis Sam alla chercher les menottes utilisées par les bandits, et qu'il s'était approprié, pour les montrer. Le vieux prêtre réagit immédiatement en les voyant.

- Oh ! Des liens de Xonim ! Par la lumière d'Aster, comment vous êtes vous procuré ceci ?

Les sourcils froncés, il fixait alternativement les menottes, puis leur nouveau propriétaire.

- Me dites pas que...
" Mais si mais c'est bien sûr ! Voilà comment ils ont pu maîtriser Kuldur et les autres aussi facilement...

Devant l'air interrogateur de son auditoire, Elimith s'expliqua.

- Les liens de Xonim sont des objets magiques qui inhibent les pouvoirs ! Ils empêchent l'accès à la magie...
" Normalement, seuls les autorités compétentes en possèdent. Mais il arrive que des personnes mal intentionnées s'en procurent...
" Choyez ceci mon ami ! Ce sont des artefacts bien plus précieux que ces quelques potions..
Finit-il par dire en désignant les fioles au milieu de la table.

Nizam sourit aimablement - et avec un peu de fierté - lorsque l'halfelin fit l'éloge de sa négociation, mais resta muet en écoutant la suite des échanges. Jusqu'à l'apparition des menottes et l'explication de leur pouvoir. Avec ces choses-là qui anesthésient la magie, les pauvres bougres devaient être bien vulnérables.

Cette pensée arracha au barde un frisson qui eut la mauvaise idée de parcourir son échine de bas en haut. Leurs adversaires étaient vraiment inquiétants. Si Georges et Elimith n'étaient pas si attendrissants de bonhommie, il aurait enfourné toutes ces richesses dans ses poches et aurait filé à la Cyrillane !

Mais là n'était plus la question et les muscles de l'homme des sables commençaient à le démanger. Plus il restait en place, plus il s'inquiétait alors... Il bondit sur ses pieds :

- Bon, c'est pas tout ça, Sam, mais j'ai cru comprendre qu'on a un trajet assez long dans la forêt, à la merci d'une secte dotée visiblement d'objets de grand pouvoir et aux desseins pour le moins obscurs. Alors que diriez-vous que nous hâtions les préparatifs et nous mettions en route pendant qu'ils sont encore un peu désorganisés par la dernière escarmouche ? Chers messieurs, nous vous sommes grandement reconnaissant de l'aide que vous nous fournissez avec ces présents. Nous en ferons bon usage.

Il voulait envoyer un signal clair : Il était temps de récupérer le matériel nécessaire, se le répartir et se faire montrer le chemin des bois. Ce changement d'attitude étonnerait sans doute le semi-homme mais c'était ça ou perdre ce qui lui restait de contenance...

Sam fut content d'avoir eu l'idée d'utiliser les connaissances d'Elimith, mais cela tournait finalement au vinaigre... Ces bandits sont trop bien préparés, on risque encore gros j'ai l'impression. pensa t'il à l'issu de tout cela.

Ce fut ensuite Nizam qui rajouta de l'inquiétude au petit halfelin en se sentant pressé de se mettre en route sans préparation, et il ne manqua pas de le faire savoir.

-"Hein ? Quoi ? Déjà ? Mais nous ne sommes pas prêt... Nous n'avons pas encore laissé le temps à ce cher Georges de nous apporter les capes, et je n'ai pas encore fait mon paquetage pour être prêt à cette mission périlleuse... Je rajouterai que ces fioles sont importantes, mais inutiles en l'état car nous n'avons rien pour les transporter avec nous. Sans cela, la mission sera à n'en pas manquer suicidaire. Après je vous le concède, le moment est à l'action et non à la parlotte."

Le petit blond réfléchit un bref instant au problème des potions, et sa réflexion le fit s'adresser à Georges.

- "Avez-vous de quoi nous permettre de porter, sans casse, ces bouteilles Georges ? Vu que vous transportez souvent de telles choses lors de vos réapprovisionnement, je pense naturellement à vous."

Le petit blond, encore debout, laissa tout le monde se préparer, et retourna à son sac en prenant soin de récupérer les menottes analysées par le prêtre. Il y récupéra une outre, une cloche, une corde en chanvre de 15m, une ficelle de 3m, tout son attirail pour y voir de nuit, un pied-de-biche, ainsi que ses rations, et y déposa les liens de Xonim. Il disposa ensuite, sur la table devant la place du tenancier de l'auberge, tout ce qu'il souhaitait faire garder.

La réaction très rationnelle de Sam rassura Nizam, faisant redescendre d'un cran son niveau de tension. Il sourit au petit blond d'un air franc et de la voix la plus rassurante qu'il pouvait :

- Oui oui, Sam, ne vous inquiétez pas. Je ne partirai pas au débotté. Je me disais juste qu'il était temps d'enclencher le mouvement... Et faire l'aller retour avant la nuit ne serait pas du luxe.

Les préparatifs de Sam incitèrent Nizam à vérifier le contenu de son sac tout en attendant les derniers objets que lui avaient promis les villageois. Mais alors que Sam semblait fin prêt, le barde réalisa quelque chose :

- Et....ou en est l'adieu à votre ami orque ? Je présume que nous ne partirons pas avant la crémation. Sam, souhaitez vous que je prépare quelque chose pour son départ... ou bien Loktar est-il le mieux indiqué pour parler de son peuple ?

L'aubergiste allait partir chercher les capes, lorsqu'il fut interpellé par Sam, à propos des fioles. Il se gratta la tête, puis fit une grimace en se frottant la nuque, embarrassé.

- Eh bien... J'utilise des casiers pour les bouteilles, si c'est ce que vous voulez dire. Mais çà pèse lourd et c'est très encombrant. Surtout que ce n'est pas vraiment la même taille.

Il resta là quelques secondes, ne sachant que faire ou dire avant qu'Elimith s'en mêle.

- Généralement, nous les stockons enroulées dans des bandes de tissus, que nous imbibons de cire pour les conserver à l'abri.
" Si vous avez des poches, vous pouvez les y mettre dans du tissu...

- Bon, je vous laisse... Je vais chercher vos capes ! intervint Georges en passant derrière son comptoir.

Il s'y arrêta, reniflant en direction de la porte de derrière.

- Je crois que vos amis viennent d'allumer le bûcher à ce propos ! commenta-t-il avant de repartir par la porte de service.