Ulrik Greywulf
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Nous étions au petit jour, un matin blême, grisâtre assombrit par une procession de nuages gris-noirs, chargés d’eau et par le rideau de pluie qui s’abattait sur la région depuis le matin précédent.
Un homme avançait en direction du village, sur la route du nord, allant à grandes enjambées. Sa silhouette se détachait à peine dans la lumière blafarde, emmitouflée dans un manteau de fourrure grise, aussi grise que les cieux, un homme gris pour un matin gris.
Il passa sans s’arrêter devant la lourde porte à double battants bardés de fer du monastère d’Aster et continua dans la petite bourgade nommée « la croisée », passant devant les petites maisons maussades collées le long des deux routes traversant le village, l’une du septentrion au midi, l’autre de l’orient au ponant.
Arrivée à la croisée des routes, au centre du village, il fit halte devant l’auberge qui s’y dressait, son enseigne, anthracite, illisible dans la demi-lumière grinçait doucement au bout de ses chaînes, seul bruit audible dans le bourg endormi.
Il en franchit le seuil pour se retrouver dans une grande salle agrémentée de grandes tables grossières, de tabourets et de bancs, au fond de la salle, de gros tonneaux de bon aloi, devant lesquels veillait un aubergiste à l’air maussade, sanglé dans un tablier de cuir.
L’homme s’approcha de l’âtre qui courrait le long d’un mur, ôtant sa cape lourde d’eau et entreprit de se réchauffer.
Il était de bonne stature, plus de 6 pieds de haut, la largeur de son torse et ses bras aux muscles noueux le rendait plus massif encore. Son heaume, était orné de cornes le faisant paraître plus grand. C’était un casque dont la visière ne laissait apercevoir que le bas du visage. Son manteau en peau de loup, la tête de l’un d’eux ornant son épaule gauche accentuait son aspect barbare et achevait de lui donner un aspect définitivement impressionnant. Il entreprit de se défaire de son casque et de son manteau qui étendit soigneusement près du feu afin de le faire sécher. Bien qu’il n’ait guère plus de vingt printemps, ses cheveux et sa barbe étaient comme déjà blanchis par l’âge, la flamme de sauvagerie brillant dans ses yeux, ses oreilles légèrement pointues achevaient de lui donner des allures de bête fauve. Robuste et large d’épaule, son harnachement de cuir tanné ne semblait gêner en rien ses mouvements. Il portait un véritable arsenal, deux francisques étaient glissées dans sa ceinture, un arc court et un carquois ornaient sa hanche droite, en bandoulière dans le dos, une hache à double lame. L’homme était prêt pour la guerre, voire en mesure d’en déclencher une.
Il se défit de son armement, gardant toutefois sa grande hache à portée de main et s’installa sur le banc le plus près de l’âtre goutant sa chaleur.
L’aubergiste s’approcha doucement.
- Bien le bonjour messire, que souhaiteriez-vous ?
- Une pinte d’ale pour me désaltérer et me faire patienter, du pain et un rôt ou une volaille pour me rassasier, accompagnée de vin clairet pour accompagner le tout ! fais vite, homme, j’ai grande faim !
Il sourit, découvrant des canines légèrement saillantes, qui ne rassurèrent en rien l’aubergiste…
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