Kayla Fal'San'In
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Un frisson parcourut sa peau en sentant les regards fixés sur eux. Elle s'était laissée emporter. Sa silhouette se rétracta un instant avant de se détendre : elle ne devait pas fléchir sous leurs yeux, maintenir les apparences, garder le sourire, même si Khamal, lui, verrait peut-être que malgré son sourire, la teinte de ses larmes marquées encore l'éclat de ses yeux.
- Je vous demande pardon, murmura-t-elle, je vous mets mal-à-l'aise avec mes histoires. Ces deux derniers jours ont été... Un peu rudes.
Khamal remarqua les larmes de la jeune femme, et sembla s'en émouvoir. Il l'observait maintenant d'un air désolé et compatissant. Mais il gardait toutefois ses distances.
- Je comprends. La concurrence est rude... N'est-ce pas ? C'est difficile quand on n'est pas habitué.
Je dois avouer que mes expériences à la cour m'ont bien aidé pour ça. L'honnêteté s'avère souvent peu récompensée...
« Peut-être êtes-vous trop sensible pour supporter ce milieu ?
Elle secoua doucement la tête.
- Je ne crains pas trop la compétition. Mais j'avoue que je n'ai pas l'habitude de ce pays ni vraiment même, et ça vous semblera sans doute un peu étrange, de la politique humaine.
Elle rougit légèrement avant de demander doucement.
- Peut-être que vous pourriez m'expliquer un peu le contexte de la région ? Vous semblez avoir de l'expérience et puisque les épreuves sont finies, de toute façon, vous ne m'avantagerez pas, un rire discret roula dans sa gorge. Mais ça me sera certainement très utile pour la suite.
- Le... contexte ? C'est à dire ? Oh et puis, prenez garde mademoiselle, les épreuves ne sont pas terminées, non. Vous êtes bien charmante, mais nous sommes toujours rivaux.
Il lui dédia un clin d'œil et but une gorgée de son breuvage. Elle pouffa, masquant son sourire derrière un geste de la main.
- Vous êtes bien prudent, mais j'imagine que vous avez raison de l'être. Et... Et bien c'est à vous de me le dire, en fait. Je suis arrivée un jour avant les premiers entretiens et tout ce que j'ai pu apprendre d'ici c'est la beauté des paysages et les marques de la guerre récente dans les villes et sur les visages des habitants. Mais je ne connais pas les bonnes familles à qui je pourrais éventuellement m'adresser pour demander du travail, si je ne suis pas prise ici, ni les lieux où se rendre, ceux à éviter… En bref, si je ne réussie pas à être engagée par la duchesse, je risque de me retrouver dans une situation délicate et, effectivement, je crains que cela ne m'aide guère à me détendre, répondit-elle son sourire flanchant à nouveau sur la fin.
Une étincelle d'amusement passa dans le regard de l'homme du désert. Il resta silencieux un moment, à observer Kayla en souriant.
- Il me semble que vous connaissez déjà la réponse à cette question. En partie, du moins. Vous disiez, il y a un instant, qu'on vous avait fait d'autres propositions ?
Un nouveau voile inquiet passa dans les yeux de la jeune femme.
- Elle était à condition que je quitte la compétition ici et j'avais déjà donné ma parole à la duchesse, alors je l'ai refusée. Je doute que ce potentiel employeur apprécie que je retourne mendier ses bonnes grâces et peut-être ai-je encore l'orgueil de ne pas vouloir le faire.
Khamal haussa les épaules. Il n'avait pas l'air surpris outre mesure.
- Comme je disais, il faut un certain temps pour s'habituer à ces petits jeux de noble. Au pire, il vous reste les trois autres Duchés, si vous souhaitez rester dans l'Empire ? Sinon, j'ai une ou deux familles de nobles à vous recommander du côté de la Cité Franche.
Bientôt, une silhouette familière se glissa près des deux interlocuteurs. L'homme leva son verre dans leur direction. Mercoeur... Il s'adressa d'abord à Khamal :
- Félicitations, très cher. J'ai bien peur que vous nous obligiez à plier bagage sous peu.
Il fronça les sourcils en se tournant vers Kayla, puis lui dit :
- Prenez garde, ma douce... Vous avez du noir, là.
Il tendit son index vers sa joue droite, tout proche du nez. Elle fronça son petit minois un bref instant, tout en gardant son sourire.
- En effet. Je n'étais pas loin d'un enfant qui ne savait pas utiliser sa plume pendant l'épreuve. A cet âge, ça tâche. A ce propos vous ne devriez pas tenir vos doigts aussi près de ma bouche, un barde n'a pas besoin d'un index cassé.
Mercoeur se fendit d'un sourire amusé et approuva de la tête. Il prit tout de même soin d'éloigner son doigt.
- Ah, Kayla, j'aime votre sauvagerie. C'est rafraîchissant, n'est-ce pas ? dit-il à Khamal, qui lui sourit poliment, sans faire de commentaire.
« Et s'il est vrai qu'un gnome passe aisément pour un enfant, n'avez-vous crainte de vexer le petit monsieur, s'il vous entendait ? À moins qu'il ne cache sa honte dans un coin, vu l'état de sa copie (il le cherche des yeux)... À ce niveau de maladresse, ce n’étaient plus des tâches, mais de la peinture. Il a probablement confondu les deux épreuves...
- J'aurais dû vous mordre sans vous laissez le privilège de l'avertissement. Je retiens donc, pour la prochaine fois. Mais puisque vous avez encore tous vos doigts, rendez-vous utile, mon ami et jouez-nous quelque chose d'entrainant. Et vous, elle posa son verre, puis retira délicatement celui de Khamal de ses mains, venez danser avec moi. J'ai, comme l'a si habilement fait remarquer Mercoeur, besoin d'une douche.
Et elle jeta un regard brillant d'anticipation et de joie vers le centre ouvert de l'atrium.
- Et cette assemblée d'un peu de musique et de joie. Joignez vos pas aux miens, s'il vous plait ? Je brule d'envie de vous voir danser après votre démonstration d'hier
Kayla vit l'expression de Mercoeur changer radicalement, mais ne parvint pas à interpréter le fond de ses pensées. Il se mordilla les lèvres un instant, puis hocha la tête. D'un air grave, ce qui ne lui ressemblait certainement pas. Alors, il décrocha le Luth de son dos, et s'approcha de l'atrium, et s'arrêta à la limite de la galerie, sans s'exposer à la pluie. Il gratta quelques notes pour attirer l'attention, se fendit d'une révérence en direction de la famille ducale, puis se mit à jouer une gigue entraînante.
Khamal ne détachait plus ses yeux de la jeune femme. Il souriait à moitié, et semblait à la fois intrigué.
- Fascinante... Lâcha-t-il enfin. Vous ne ressemblez en rien aux femmes de ce pays, Kayla. En fait, vous me rappelez celles du mien.
« Comment puis-je refuser une telle demande...
Il se mit à rire en jetant un oeil à la pluie qui balayait l'atrium.
- Soyons fous... Mais soyons fous à deux. Vous me faites vraiment tourner la tête !
Elle offrit un sourire rassurant à Mercoeur et se fendit même d'une main posée sur la sienne et d'un « Merci » murmuré à son oreille. S'il était attentif, il pourrait même voir son inquiétude partagée sur les traits de la melessë. Elle avança au bord de l'atrium pour s'incliner aussi face à la famille ducale. Elle retira ses chaussures avant d’accueillir la pluie sur ses épaules et tendre sa main à Khamal.
- Si je puis sauver l'honneur des elfes, je vous assure que je ne ressemble en rien aux femmes de mon pays non plus. Alors, montrez-moi comment on danse là d'où vous venez.
Souple, fidèle au rythme imposé par le luth de Mercoeur et ses mains libres de son instrument, Kayla en profita pour démontrer sa maitrise de la danse. Avec aisance, sans défier particulièrement son talent, elle se laissa guider par la musique et par les pas de l'homme avec qui elle dansait. La pluie, les regards et l'avertissement du serpent moustachu pesaient sur elle, mais elle n'en laissa rien paraître. Jouant avec la pluie comme les doigts sur les cordes du luth, elle envoyait voler les gouttes d'un coup de cheville ou d'une main jetée en l'air. Quand elle put se rapprocher de Khamal, elle prononça.
- Veuillez excuser mon audace. Je ne savais plus comment me débarrasser de mon serpent mélomane et j'ai vu qu'il vous mettait au moins aussi mal-à-l'aise que moi. J'espère que mon subterfuge ne vous coutera pas trop.
[HRP : jet de perception pour voir un peu les réaction dans la foule autour de l'atrium, particulièrement Mercoeur, Brindja et la famille ducale.]
Console R.P.
Lancé de 1d20+2 ~ [9] : 11
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