Sallavïn Tamrel
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Kayla et l'elfe se mirent à l'écart pour échanger quelques mots, laissant à loisir les deux candidats aux tignasses blondes échanger courtoisie et politesse. Arman leva des yeux las et fatigués vers son interlocuteur :
- J'aimerais beaucoup aller dormir, la journée a été fatigante... Mais si c'est important, je vous écoute.
Sallavïn conserva une expression neutre, concentré sur ce qu'il devait dire et la façon opportune de louvoyer sans déclencher de scandale.
- C'est important oui. On raconte que vous vous y connaissez bien en serpent ?
Peut être trop direct ? Arman interrogé fronça les sourcils, et regarda autour de lui.
- J'aimerais bien savoir qui raconte ce genre de choses. J'ai cru comprendre qu'un serpent traînait dans notre tente, mais qu'est-ce qui vous fait croire que je serais impliqué là-dedans ?
Souriant légèrement avant de reprendre son sérieux, le Melesse corrigea ses propos :
- C'était une métaphore. On vous a vu discuter avec des personnes venimeuses. A votre place je serai inquiet : vous êtes en danger.
Arman inclina la tête d'un air intrigué.
- Des personnes venimeuses, répéta-t-il en séparant bien chaque mot. Écoutez... Sallavïn, je crois ? Il est tard, et je suis épuisé. Pourriez-vous arrêter de parler en métaphore ? Si vous avez quelque chose à me dire, dites-le franchement et sans figure de style, s'il vous plait. Qu'on en finisse...
Son ton de voix trahissait maintenant son agacement et Sallavïn comprit qu'il n'irait nulle part de cette manière. C'était toujours mieux que de provoquer une bagarre, mais à peine.
-Vous avez raison. Un camp lutte contre le bon déroulé de ces épreuves. Un autre camp lutte contre eux. Je ne saurai dire pourquoi mais vous avez attiré l'attention, vous voilà donc dans une situation délicate. Je ne vous accuse pas, je vous mets en garde contre le zèle des châtiments des hommes. J'espère que cela ne gâchera pas votre sommeil.
Sallavïn avait seulement des mots courtois, le reste de son attitude ne trahissant aucune chaleur. Arman écouta la suite sans broncher. Il semblait tendu, mais n'exprimait rien d'autre que lassitude et agacement.
- Très bien... Vous avez terminé ? Je vais vous dire une chose : je ne sais pas de quel camp vous voulez parler au juste, et je me fiche de ces histoires et de vos insinuations. J'aimerais juste aller dormir. S'il vous plait... ?
A vrai dire, Sallavïn ne savait que penser. Il s'était fait publiquement crier dessus à ce sujet hier et toute cette histoire avait réussi à ne pas lui échapper. Comment Pouvait-on dire qu'on ignorait l'existence de tels camps, à moins de faire partie de ceux qui ne se sentaient pas traqués ? Ou bien... Ou bien Arman était quelqu'un d'honnête qui, comme beaucoup d'autres, n'aimaient pas qu'on les accuse.. ? Le chevalier poussa encore un peu, cherchant à déclencher une réaction tout en restant courtois :
- Bien entendu ! Allez vous reposer. J'aimerai ne pas m'occuper de telles histoires également mais puisqu'on trouve des serpents dans mon lit, je vais bientôt devoir faire ce qu'on m'a appris.
- Je vous remercie. Vous êtes trop aimable... Mais dites-moi, j'ai la vague impression que vous êtes en train de me menacer ? Devrais-je prévenir la garde ?
Arman se pencha légèrement pour repérer le garde en train de fouiller les buissons. Il levait déjà l'index, prêt à l'interpeller.
Sallavïn sourit cette fois plus franchement devant la dernière sortie d'Arman, n'ayant jamais craint la menace de la garde de sa vie.
-Faites tout ce qu'il faut pour vous rassurer. Je ne vous veux aucun mal. Vous n'oublierez pas cela, j'espère. Puisse le Forgeron avoir pitié de vous.
Restée en retrait jusqu'à présent, Kayla s'approcha un peu plus et toussota légèrement, un air un peu gêné sur le visage.
-Je suis désolée de vous déranger, messieurs, est-ce que vous allez bien ?
Arman renifla, légèrement dédaigneux.
- Il me semble que votre ami essaie de me dire quelque chose. Et si je ne suis pas très doué pour la métaphore, tout cela ressemble fort à des menaces. Je vais donc prendre mes dispositions pour la nuit. Si vous voulez bien m'excuser.
L'homme se détourna, et s'approcha du garde qui se tenait proche de la tente.
- Monsieur, je refuse de dormir dans la même tente que cet homme. Je suis fatigué de ses menaces, et j'aimerais me reposer sans craindre pour ma vie, cette nuit. Puis-je ?
Le garde cligna des yeux, l'expression neutre. Il lui fit un simple signe du bras pour lui indiquer de bouger ses affaires, si c'est vraiment ce qu'il souhaitait.
- Comme vous voudrez. Il y a deux couchettes qui n'ont pas été utilisées, à côté. Faites juste ça discrètement. Certains dorment peut-être déjà.
Lorsqu'Arman eut précisé son nom et se fut faufilé à l'intérieur pour récupérer ses affaires, Sallavïn put remarquer le regard soupçonneux du garde, posé sur lui. Rien qui ne suffise à l'inquiéter, mais tout cela finit par lui donner un doute sur la culpabilité d'Arman.
A ses côté, la jeune sang-mêlé soupira profondément.
- Vous n'avez de cesse de vous attirez des ennuis et de vous y enfoncez avec ceux qui vous côtoient, n'est-ce pas ?
Dit-elle en s'adressant au jeune paladin. Son sourire se détendit néanmoins. Au moins, parmi tous ces faux-semblant, le melessë semblait être l'un des rares à faire preuve d'une inaltérable franchise, en dépit de son étrangeté.
-Je ne suis pas celui qui suis à plaindre ici. Au moins j'ai choisi d'affronter de telles personnes, pas le petit duc. Je préfère qu'ils viennent à moi avant de le détruire lui. un soupir Arman n'a pas réagi comme un innocent, je tenais à en avoir le coeur net.
Une expression attristé et peut-être légèrement apeuré passa sur les traits de la barde, avant de disparaître.
- J'admire votre bravoure, je n'en ai pas autant que vous.
Un frisson parcourut sa silhouette, elle n'était pas vraiment dans la tenue la plus appropriée pour la nuit. Elle se redressa malgré tout, parlant doucement, mais sur un ton étrange, pénétrant, que Sallavïn ne lui avait jamais entendu jusqu'ici.
- Quoiqu'il en soit, soyez prudent. J'ai le sentiment croissant que nos destins se croisent et j'ai bien peur que nos sorts finissent inextricablement entremêlés.
Son visage retrouva son sourire et sa voix un écho plus joyeux.
- Bonne nuit, Sallavïn.
S'il avait beaucoup à penser Sallavïn finit néanmoins par quitter son attitude pensive pour répondre maladroitement, un peu gêné.
-Je ne souhaitais pas lier notre sort ! Faites attention à vous également et restez à l'écart s'il le faut. Bonne nuit.
Avant de s'en retourner vers sa tente elle conclut, sibylline :
- Ce n'est pas vraiment de votre fait, ne vous en faites pas.
Et quitta le jeune homme en trottinant. En passant au niveau du garde chargé de surveiller sa tente, Sallavïn présenta ses excuses dans la langue de la Cité Frranche.
- Pardonnez moi d'avoir effrayé ce candidat. Je n'ai pas l'intention de faire justice moi même, ni de perturber les épreuves.
Après quoi il retourna s'installer sur la couche qu'on lui avait apportée, pliant sa chemise avant de la poser sur son sac à dos, songeur...
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