Kayla Fal'San'In
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Une fois la scène soigneusement inspectée et quelques feuilles d’oliviers ajoutées au fond de sa sacoche, Kayla rejoignit avec empressement sa tente dont elle salua le garde avec un sourire aimable. Avec une infinie délicatesse, elle sortit de ses affaires sa robe pour la représentation et l’étala avec précaution sur sa couverture, lissant les plis de la soie bleue du bout des doigts. Puis elle se déshabilla et entama une toilette méticuleuse, lavant sa peau pour la préparer au maquillage et ses cheveux pour mieux les relever en un chignon tressé. Habillée, coiffée et fardée, elle recouvrit ses épaules nues de sa cape de voyage pour protéger la surprise à son entrée sur scène et avança vers l’extérieur.
Elle avait pris son temps, si bien que quand elle arriva sur place, un jeune homme qui semblait être un prêtre, avait déjà bien entamé un récit sur la scène. Elle pressa un peu le pas pour savourer les derniers vers clamés avec tant de douceur qu’elle eut presque honte de l’enthousiasme de ses applaudissements. Sa joie fut de courte durée, soudainement interrompue par la sensation d’un souffle chaud, beaucoup trop proche de sa nuque mise à nu par sa coiffure. Elle frissonna et retint avec peine un sursaut, puis un vif mouvement de recul quand elle entendit la voix de Mercoeur lui proposer de faire à son tour sa démonstration.
Elle allait répondre, mais Podness la prit de court dans une intervention qui lui fit entrouvrir les lèvres en un sourire amusée et reconnaissant. Elle s’inclina face aux deux hommes et répondit poliment à la proposition de con confrère :
- Si vous le souhaitez.
Elle salua Sallavïn qui arrivait sur place, et avança sur scène, droite dans sa cape, sa lyre à son côté, portant sur la foule un regard serein où brillait un sourire secret. Délicatement elle dégrafa sa cape et la laissa tomber au pied d’une tenue traditionnelle de danse elfique. Les manches, relevées aux épaules par deux broches argentées, libéraient ses bras blancs et le décolletée tombait en chaste plis sur sa poitrine, laissant le fin tissu soyeux se courbait sur ses formes. Sous une ceinture de ruban brodé, la jupe descendait jusqu’à ses sandales, amples et vastes pour lui autoriser les danses les plus audacieuses.
Dans un geste lent, elle monta son instrument à son bras et entama quelques notes, murmurant avec les cordes les mots d’un sort. Elle courba l’échine, ramassa la cape au sol et d’un mouvement vif la releva sur elle le temps que sa magie fasse effet, masquant la scène aux yeux du public jusqu’à ce que le vêtement retombe au sol. Sous leurs yeux, en lieu et place de la jeune femme, se tenait une enfant d’à peu près l’âge de Timothéos, bien qu’elle pût être plus jeune. Ses oreilles allongées et sa bouille ronde trahissait ses origines hybrides. Ses longs cheveux blonds, libres, ses yeux clairs et la robe bleues, réajustée à ses proportions plus modestes, soulignaient qu’il s’agissait de la même personne, mais ramenée 10 ans en arrière dans le temps.
L’illusion n’était cependant que visuelle et Kayla força légèrement sur les aigüe pour émuler la voix d’une enfant de cet âge. Les deux mains posées sur sa poitrine, sans accompagnement musicale, elle chanta en cyrillan, sur un air de berceuse mélancolique.
Sous le soleil tendre et les arbres fous
J’ai contemplé un ciel sans nuage
Et gardé les apparences sages,
Comme une image de ces jours si doux
La voix de l’enfant tremblait un peu, vibrant d’émotion, d’une peur motivée par l’inexpérience et par la pudeur de déclamer ainsi ses regrets solitaires.
Je t’ai attendu sur nos rivages,
Ma courte vie s’écoule et le temps joue
Une partie déjà perdue, contre nous,
Seule, je suis restée sur la plage
Quand vint le refrain, sa voix retrouva un peu d’assurance et, doucement, la lyre esquissa le motif de son œuvre musical.
J’ai 11 ans
Et mon enfance est loin, si loin d’ici
J’ai 11 ans
Et je suis étrangère en ma patrie
A la fin de ses dernières paroles, elle leva haut une jambe, envoyant le voile de sa jupe voler et donnant l’élan pour une volte légère. Elle se baissa dans le geste, dos aux spectateurs pour revenir sous l’apparence d’une adolescente plus âgées, mais toute auréolée encore des rondeurs de l’enfance. Accompagnée de sa lyre, cette fois, elle entama les deux nouveaux couplés et le second refrain. Moins berçante, plus assurée, sa voix descendit sans mal d’une octave, chantant sur un ton et un air revêche, presque défiant.
Je voudrais m’enfuir mais d’autres insistent
C’est pourtant ailleurs que je vois un signe
Mais ils persistent, alors je me résigne
Malgré mes voix qui hurlent, résistent
Un ciel m’appelle loin de mes racines
Promet une destinée fortuite,
Une victoire obtenue dans la fuite,
Portée par vents et vagues marines.
J’ai 15 ans,
J’ignore ce que je vais devenir.
J’ai 15 ans,
Je suis étrangère à mon avenir
Un mouvement souple plia ses genoux et envoya le corps frêle volait dans les airs. Kayla réatterrit en un bond léger, à nouveau elle-même, sa chevelure soigneusement peignée, relevée sur sa nuque légère. Un sourire confiant éclairait son visage, sa beauté subtilement soulignée par quelques traits de maquillages. Son chant se fit virtuose, mettant tout ce qu’elle avait de coffre, d’entrain et de virtuosité dans la dernière partie de son œuvre. Ses doigts couraient sur la lyre, agiles, ses pieds voltigeaient au-dessus de la scène sans que la mélodie ne tremble, le geste s’ajustant à la voix et vice versa.
Un départ solitaire et silencieux
Sonne le glas d’une fin longtemps repoussée
Sur la carte un chemin est déplié,
Eclairé par l’aube de nouveaux cieux.
Saisis la corde de ta destinée
Et navigue sur ces chemins heureux,
Tire les voiles de cette route bleue,
Vers les hasards que tu as décidés.
Sa main plongea dans la pochette à sa ceinture d’où elle tira une grosse poignée de feuilles fraiches d’olivier. De quelques notes de la voix, d’un souffle sur sa main et d’un geste, elle alluma ses éclats de rameaux d’une lueur bleutée et convoqua une brise pour envoyer ses lucioles improvisées sur la foule et jusqu’à la famille ducale, tournoyant jusqu’entre les doigts de Timothéos. Sans s’attarder, elle accompagna son sort du dernier refrain.
J’ai 20 ans
Je ne sais pas sur quel pied je danse
J’ai 20 ans
Etrangère dans un monde immense
Enfin, les dernières notes grimpèrent lentement, planèrent un instant, puis s’éteignirent alors que la jeune femme se fendait d’une profonde révérence, le visage rayonnant.
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[HRP] jet de représentation, si j'ai une inspiration ou quoique ce soit que je puisse utiliser pour améliorer mon jet, je l'utilise
Sorts utilisés : déguisement x2 - lueur féérique - prestidigitation
Console R.P.
Lancé de 1d20+6 ~ [6] : 12
Lancé de 1d20+6 ~ [8] : 14
Lancé de 1d20+2 ~ [4] : 6
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