Elindine d'Enumasam
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Malgré un débit lent et un propos, qu’elle espérait, organisé, Elindine ne sut pas tout de suite si la cheffe de clan avait bien saisi tout ce qu’elle avait dit. Nedru n’ajouta pas grand-chose, se contentant d’être poli et Fëanor ne parla guère plus, dans un premier temps, mais s’exprima dans un dialecte que la bourgeoise ne connaissait absolument pas, mais qu’Amarok N’Waukee semblait comprendre. D’ailleurs, une autre personne parmi eux parlait cette langue : Jardag. La rousse plissa imperceptiblement les yeux, observant les échanges entre le nain et la grande femme avec un regard neuf, curieux et intrigué. Ne lui avait-il pas dit que les nains ne fréquentaient pas les indigènes ? Tiens donc…
Elle n’eut guère le temps de s’appesantir sur ses questions. Fëanor avait sorti l’artefact qu’il avait pris avec lui, faisant immédiatement réagir la cheffe. Si brusquement que les doigts d’Elindine se resserrèrent un bref instant sur son fourreau, avant de se détendre. Un soupir silencieux franchit ses lèvres, faisant redescendre la pression. Elle était plus tendue qu’elle ne le croyait et la suite ne l’aida en rien à s’apaiser. Jardag eut beau leur demande de ne pas s’inquiéter, la jeune bourgeoise aimait comprendre et, de fait, n’appréciait guère que l’on use de magie devant elle, sans qu’elle n’en connaisse les tenants et les aboutissants. Elle vivait déjà avec un sorcier clandestin et c’était déjà trop…
La rousse accepta de s’asseoir dans le cercle néanmoins. Raide, le dos tendu, les épaules droites, ses jambes repliées sous elle, alerte et nerveuse. Ce que leur raconta la cheffe n’améliora absolument pas l’humeur d’Elindine. Peut-être avait-elle quelque peu sous-estimé les menaces qui pesaient sur la cité, oui, mais de là à songer qu’ils se trouvaient à ce point dans les ronces, c’était inédit. D’un tempérament plutôt positif, la jeune femme s’attardait peu sur les problèmes tant qu’ils ne s’imposaient pas à elle. L’horreur qui planait sur Laälmath et le fait qu’elle était désormais piégée dans cette horreur venait, justement, de s’imposer à elle et elle n’était pas prête.
Blême, la rousse reprit curieusement des couleurs à la dernière phrase de la grande femme. Elle avait affronté le fait qu’on veuille la tuer le matin même et, curieusement, avait digéré l’information depuis. C’était, finalement, la seule chose qu’elle savait pouvoir gérer dans la somme de charges nouvelles qui venaient de lui tomber dessus. Alors, elle haussa les réponses et, répondit :
- Je sais, oui. Plutôt désolant, mais nous ferons avec.
Elle se racla la gorge un bref instant, contemplant ses genoux avant de reprendre, la voix alourdie d’inquiétude.
- Si je comprends bien… Pour régler cette situation, nous devons collecter chacun de ses objets, dit-elle en pointant le petit paquet de cuir, et les ramener à « Celui qui n’est ni mort ni vivant » ou bien…
Elle hésita, ses yeux cherchèrent le visage de Nedru, essayant de distinguer s’il comprenait mieux qu’elle la situation. Sa voix était comme bloquée au fond de sa gorge, raclant dans sa chair, pesant d’une superstition curieuse et toute neuve.
- Il est déjà trop tard et… Et il va falloir… S’en prendre directement à la source de ces objets ?
Elindine attendit, cherchant un instant sa prochaine question. Une plus facile, moins lourde, en tout cas pour elle :
- Pouvez-vous nous raconter l’histoire de « Celui qui n’est ni mort ni vivant » ? Y a-t-il quelque chose, quelqu’un, quoique ce soit que nous pouvons apprendre ou acquérir pour nous aider ?
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