Vittorio Pacini
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Victor écouta les deux époux avec attention puis se tourna légèrement vers Elindine pour lui répondre. Il lui raconta alors comment les phénomènes s'étaient manifestés et son histoire rejoignait la largement celle de l'aristocrate. Quand deux personne qui ne s'aiment pas racontent la même chose, on peut souvent en déduire la véracité des faits.
- Par contre, je ne sais pas ce qui a pu déclencher cela. Si c'était uniquement cette bête, nous aurions pu croire à une créature de passage. Mais quand des phénomènes tout aussi étranges se passent de toutes part, mieux vaut laisser tomber l'hypothèse des coïncidences si vous voyez ce que je veux dire.
Il se retourna alors un peu plus vers Nedru :
- Cela répondra sans doute à votre question également. Peu de temps après les évènements "marins", des tribus indigènes se sont rapprochées de la ville. Mais elle ne souhaitent pas envahir ou attaquer la cité à ce que j'ai cru comprendre. Elles ont peur. Elles craignent quelque chose dans la jungle. Certains des leurs ont également disparu, de même que des mineurs nains. La terre ne serait pas plus sûre que la mer. J'ai eu l'occasion de rencontrer la chef de leur tribu, une certaine Amarok N'waukee. On n'a pas pu disserter tant nos langues sont différentes mais les quelques paroles que nous avons échangées étaient franches : Laälmath l'inquiète, mais ce qui s'est réveillé dans la jungle semblaient l'inquiéter bien plus et elle faisait le lien entre les fouilles menées dans les ruines des hauteurs et leur malheur. Si vous voulez mon avis, ce n'est pas dans l'eau que nous trouverons la réponse au mal de notre cité.
A ces mots, Bobby Sands, qui s'était tenu coi jusqu'à présent, se racla la gorge d'un air gêné. Comme s'il était ennuyé de se retrouver au milieu de cette discussion ou qu'il craignait de jouer les troubles fêtes.
- Je m'excuse, fit-il avec timidité (ce qui n'était pas le trait le plus caractéristique de Sands). Hum... ce n'est peut-être rien ou des légendes déformées mais les gens que nous avons fui tout à l'heure sur les quai... Hé, bien ils me rappelaient une histoire de marins : Certains racontent qu'ils ont vu des marins morts en mers regagner le rivage et attraper les vivants pour leur faire partager leur sort sur les îles les plus au sud de l'archipel des barbaresques. C'est au large de ces côtes qu'avait coulé le "Cassiopé", le fameux vaisseau "volant" du capitaine Garamond. Je saurais pas vous dire s'il volait vraiment... c'était la légende qui donnait cette explication pour expliquer les fuites nombreuses et invraisemblable de ce navire pirate. Bon... hum ... je m'égare. ça ne vous intéresse peut-être pas. Toujours est-il que, pris dans une embuscade par plusieurs navires de la cité franche au milieu du petit amas d'îles au sud des Barbaresque, les pirates ne se sont jamais rendus et ont bataillé comme de beaux diable jusqu'à ce que plusieurs mages de la cité franche ne finissent par réduire le navire en miettes, engloutissant capitaine, marins... Et surtout un formidable butin et la dite "couronne de Garamond"...
Les compagnons, s'ils n'avaient pas osé couper la parole au bosco, étaient de plus en plus intrigués par le récit et la longueur du propos dont ils ne voyaient qui ne semblait pas avoir le moindre rapport avec leur affaire. Conscient de cette étrangeté, Robert Sands leva une main comme pour leur dire "attendez, ça vient".
- Quelques années après, des pilleurs d'épaves sont parvenu, on ne sait comment, jusqu'à l'épave engloutie et ont récupéré la couronne... Mais ils furent alors pourchassés par des cadavres noyés qui ne leur laissaient aucun repos, les entrainant dans les flots lorsqu'ils parvenaient à mettre la main sur un profanateur. Certains ont fini par rejeter la couronne à l'eau. Mais nul ne sait comment ils ont fini. On raconte juste que les derniers temps, lorsqu'on les croisait, ils semblaient avoir perdu l'esprit, ne dormaient plus et crevaient d'une peur communicative. Bref... tout ça pour dire que ça pourrait être la même histoire... ou quelque chose d'approchant. ça a l'air fou, je sais mais...
il laissa là sa phrase en suspens, comme l'abandonnant au milieu de la pièce en même temps qu'un petit courant d'air glacial qui leur parcourait désormais les reins malgré la moiteur ambiante.
Edition
09/03/2021
22h08 par
Nezami
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