Elindine d'Enumasam
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Bondissant de toits en toits, la jeune antiquaire observait autour d’elle, l’œil attentif, cherchant les enfants en contre-bas, en vain. Par-contre, quelques coups d’œil en arrière l’avertirent que ses compagnons n’étaient pas en bonne posture. Les corps venaient de partout, bloquant leurs options, c’était comme si les bâtiments en vomissaient toujours un peu plus. Que devaient-ils accomplir pour se débarrasser d’une telle marée inhumaine ? Elindine se mordit l’arrière, perdant sa concentration un bref instant. Son pied se coinça dans une gouttière et manqua de lui faire perdre l’équilibre. Elle se rattrapa fort heureusement, relevant le visage pour découvrir un noyé, puis deux et puis, tout au fond d’un cul-de-sac une petite chose terreuse, roulée en boule dans la boue, avec deux grands yeux très bleus qui brillaient dans son visage noirci. Elena !
La femme et l’enfant se regardèrent un instant, la gamine lui indiquant l’autre impasse en face d’elle, mais impossible d’en voir l’intérieur. Mais ces gestes lents… L’enfant se recouvrait de la fange au sol… Et puis l’attitude des noyés. Elindine plissa les yeux, puis, se redressa un peu, avant de se retourner, les mains en porte-voix, criant à ses compagnons d’infortune :
- L’ouïe et l’odorat ! Couvrez-vous de terre pour mieux leur échapper !
Elle n’avait pas de quoi faire, là où elle se trouvait, mais elle n’en avait pas besoin. Elle tenta de se déplacer encore de quelques mètres sur les toits, pour avoir une meilleure vue de ce que tenter de lui indiquer Elena. Tout en marchant, la jeune femme prit son arc dans sa main gauche et glissa une flèche dans la droite, prête à abattre l’une de ces parodies humaines.
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