Elindine d'Enumasam
|
Tirer. Tirer. Tirer. L'acte résonnait dans sa tête, vibrait dans ses muscles, dans sa chair, labourant ses paumes, sourd et impérieux. À chaque seconde passée, à chaque mètre parcouru, elle pouvait sentir l'élancement dans son avant-bras et la sécheresse dans son épaule friper et craqueler sa peau. Elle avait mal, mais de façon ténue, distante, toute investie qu'elle était dans le geste mécanique qui sauverait sa vie, quand la voix de Nedru la sortit soudainement de sa concentration. Désormais plus attentive à son état, elle sentit ses blessures se réveillaient, toutes salées d'eau de mer et de sueur. Curieusement elle fut malgré tout heureuse de parler avec son époux. Sa présence, pour une fois, la soulageait physiquement et moralement. Partager la même douleur et le même péril mortel avec quelqu'un qu'elle connaissait depuis aussi longtemps était un réconfort bien pitoyable, mais un réconfort tout de même.
Le manque d'information de son mari sur la bête qui les menaçait déçut un peu Elindine, mais elle aurait dû s'y attendre. Des créatures de cette allure-là, même un rat de bibliothèque comme Nedru pouvait ne jamais en entendre parler. Quand elle rentrerait, Phina ne la croirait jamais.
Soudain le bateau pencha brusquement et elle dut s'appuyer en pliant les jambes pour ne pas encore tomber. Qu'est-ce qu'il se passait ? La bête était déjà sur eux ? Non, c'était trop rapide, même un poisson de cette taille ne pouvait pas être aussi vif dans l'eau… Quoiqu’elle ne prendrait aucun pari sur celui qui les pourchassait, bizarre ne suffisait pas à décrire une créature pareille. Un coup d'œil à la barre l'informa sur la situation : ce navire se trouvait à nouveau sans capitaine. Ou plutôt avec un capitaine qui les mettait une fois de plus dans un très funeste embarras.
Son premier geste fut pour le Bosco, avant d'être brusquement interrompue par une douche d'eau de mer servit par nul autre que Nedru. En toute autre occasion, elle lui aurait sauté à la gorge, mais la fraicheur et l'humidité lui firent un bien fou (et puis elle le lui avait demandé, accessoirement).
Le dernier ordre du sorcier était pour elle et sans prendre le temps d'acquiescer ou de repenser à l’homme blessé à la barre, sans même le laisser finir le mot, elle monta. Accrochée au mat elle s'enfonça dans le désordre des cordages entremêlés, suivant les lignes dans le chaos pour tenter de défaire le piège qui se nouait autour de leur cou.
Console R.P.
Lancé de 1d20+6 ~ [9] : 15
Lancé de 1d20+4 ~ [9] : 13
Edition
09/08/2020
10h05 par
Nezami
|