Elindine d'Enumasam
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Elindine cacha son sourire derrière un visage inquiet et une main devant sa bouche, lorsqu’elle vit le capitaine tournait au rouge. Nedru y allait un peu fort ce soir. Certes, il avait bu, mais il prenait beaucoup de risques pour quelqu’un qui tenait si mal le large. Son sourire ne s’effaça pas pour autant quand elle lui servit sa mise en garde. Non, elle n’irait pas le chercher, mais elle n’en serait pas satisfaite non plus. Pouvait-il seulement regagner le rivage à la nage ? A cette distance, sans doute ; elle l’espérait en tout cas. Elle le laissa s’appuyer contre elle et soutint son pas ondoyant du mieux qu’elle put, une expression soulagée éclairant son visage quand il lui proposa enfin de rejoindre leur couchette.
- Nuit pénible ou pas, j’ai besoin de dormir, au moins de fermer les yeux. La journée m’a épuisée.
Elle avait noté que, curieusement, le capitaine n'avait pas regagné ses quartiers, mais ceux d'un autre homme, un voyageur, comme eux, qu'elle avait à peine aperçu avant... Le meurtre. C'était étrange, mais elle n'avait plus la tête à fourrer son nez dans les affaires d'autrui. Elle en parlerait peut-être à Nedru quand il serait plus sobre. Et puis, le maître à bord avait bien droit de se détendre en soirée auprès d'un "ami", eh ?
En passant devant Cymbeline, elle la gratifia d’un sourire plus franc et d’un petit geste de la main pour lui souhaiter bonne nuit. Elle espérait que l’halfeline ne prenne pas trop de risque ce soir ou, si elle devait en prendre, qu’elle vienne la chercher pour les partager au préalable.
Ensemble, bras dessus bras dessous, les époux d’Enumasam quittèrent le pont pour rejoindre leurs modestes quartiers. Elindine songea qu’elle se serait volontiers offert le luxe d’une toilette, mais que c’était probablement trop demander sur ce navire. A la place, elle aida son mari à s’allonger et à le débarrasser de quelques vêtements. Tout en s’activant, elle lui demanda :
- Je suis peut-être paranoïaque, mais que dirais-tu d’alterner notre temps de sommeil ? Je ne me sens vraiment pas… Tranquille.
Elle retira prestement le reste de sa propre tenue, gardant simplement sa chemise, avant de venir se blottir contre Nedru. Si un jour quelqu’un lui avait dit qu’elle trouverait du réconfort dans la proximité de son époux, elle aurait ri, ou frappé, selon son humeur.
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