Le festival de Blum

Alors que les passagers de la boursoufleuse admiraient l'horizon se couvrir d'or et de pourpre vers l'ouest, l'est étendait sur le monde sa cape sombre piquetée d'étoiles. Ce fut pendant que tous observaient l'oeuvre naturelle et le point cardinal de sa préférence, encouragé à la rêverie par le ronron des machines et la poésie elfique de Topaze, que Jill choisit de se tourner vers le sud.

- SUD, SUD-EST, DES CLOAQUANTS  !

La voix féminine jaillit des voiles au dessus, chargée d'une émotion indéfinissable. L'enthousiasme s'y mêlait à l'appréhension mais une chose était sûre : c'était une alerte. Se laissant glisser le long d'un cordage, la borgne atterrit souplement sur le plancher du Le Théâtre.

Dans le même temps, le cri avait avait son effet : Le Directeur avait sorti une longue vue, visant un point au loin tandis que Glatus et Topaze avaient mis fin à ce qu'ils faisaient pour filer dans leur chambre, imités par la plupart de l'équipage sur le pont. S'approchant des passagers étrangers, le capitaine de l'embarcation leur expliqua de quoi il en retournait tout en observant les silhouettes à l'horizon.

- AH ! De fières créatures des îles éoliennes ! Elles ont dû dériver pendant des jours pour se trouver là... Des sortes de méduses des airs, dirons-nous, hum ? Elles ont la fâcheuse tendance à « clignoter » et se transporter là où on ne les attend pas ! Malheureusement, sur un bâtiment de notre taille... Elles peuvent abîmer Le Théâtre si on traverse leur banc.

Refermant sa longue vue dans un claquement sonore, il prit congé vers ses quartiers d'un pas leste, prêt à faire virer de bord son embarcation. Pendant ce temps, Glatus et Topaze ressortaient de leur chambre, le premier encombré d'un arc et de flèches, le deuxième se contentant d'un fouet. Les deux s'observèrent, ainsi que leur équipement, avec un fin sourire.

Glatus expliqua à Grenat :

- Elles n'ont pas beaucoup de proies dans ce ciel, on va sans doute devoir les repousser. Ce n'est pas spécialement dangereux, voyez plutôt cela comme... Un concours de pêche ?

Son rire profond de demi orc maniéré se projeta sur le pont. Alors que Le Théâtre faisait une violente embardée vers le nord, chacun fit de son mieux pour rester sur ses pieds. Derrière eux, les silhouettes clignotaient étrangement, comme si elles disparaissaient pour se retrouver à côté, un peu plus loin... Et de plus en plus proche d'eux. Maintenant qu'ils étaient plus proches, leur physionomie se précisait : sorte de ballons aériens aux teintes blanchâtres desquels pendaient de longues tentacules semblables à de fines ronces. Ils ne gagneraient pas de vitesse ces créatures !

Cela faisait un moment que Cacahuète n'avait plus croisé des cloaquants. Comme beaucoup d'autres, ces créatures la fascinaient. Lorsqu'elle était jeune, elle adorait se focaliser sur l'un d'entre eux et chercher à prévoir l'instant de son prochain saut spatial, ainsi que son nouvel emplacement. Peut-être pourrait-elle retenter l'expérience avant que le banc ne soit trop proche de l'aéronef. Elle envoya un message télépathique à la chouette volant à quelques mètres de là.

- Tikki, il y a des cloaquants sud sud-est. Montre les moi !

Tana se concentra pour observer le monde à travers les sens de sa compagne. Avant d'y parvenir, elle fut secouée par le brusque changement de cap orchestré par Le Directeur. Se raccrochant d'urgence à une corde, elle pivota pour absorber le choc et se maintint debout tant bien que mal.

Au moins, cette manœuvre avait eu l'avantage de lui remettre les idées en place. Aussi intéressant qu'ils soient, les cloaquants restaient un danger pour le navire. Un danger que Glatus comptait bien cueillir à distance à coup de flèches. A l'académie, Cacahuète avait apprit une méthode alternative.

- Reste à l'abri, Tikki ! Ça va chauffer.

La gnomide se trouva une position confortable du côté de l'aéronef qui accueillerait le banc des créatures volantes et enroula un poignet à une corde afin de s'assurer une prise solide. Elle fit ensuite appel à ses pouvoirs arcaniques.

Tana lance un trait de feu sur le premier cloaquant passant à sa portée

Kerri s'étonna de ce remue ménage pour des grosses méduses volantes. Après une courte hésitation, elle décida d'aller chercher son arc. Un coin de sa conscience lui chuchotait qu'elle devait se faire discrète, mais elle décida de l'ignorer. Le navire tanguait subitement de plus belle, mais il en faudrait plus pour la dissuader. Si c'était le moment de crâner, Kerri ne voulait pas être en reste.

Miran fut fortement étonné de la demande de l'homme. En effet, il fallait une sacrée confiance pour demander à un inconnu un repas, cependant il n'allait pas se défiler malgré cela, sinon à quoi bon proposer son aide ? Le combattant hocha donc la tête et se mis dans son hamac pour se reposer après sa réponse.

"Sans problème, j'irai lorsque la cloche aura sonnée et je vous ramènerai votre part."

Pendant qu'il rêvassait, de l'agitation se faisait entendre. Sautant au sol et se précipitant ver le pont il croisa dans l'escalier Glatus mais pas que, qui n'allait pas dans sa direction. Ce n'était pas grave il persistait à aller voir ce qu'il se passait à l'air libre.

Une fois arrivé le scène qui s'offrait à lui avait de quoi ressembler à un branle-bas de combat. Tout le monde était prêt à quelque chose mais cela ne présageait rien de bon. Miran avança plus et vit d'étranges formes volantes. C'était une première pour lui et il comprenait clairement que cela se rapprochait à chaque clignotement.

Sa première intuition fit de se rapprocher de la seule tête qu'il connaissait suffisamment : Grenat. Ce n'était pas par chevalerie, car il avait vu ses capacités physiques et il n'auraient rien à lui apporter, mais plutôt par camaraderie.

Prenant son morgenstern en main et son bouclier le guerrier avait de quoi se défendre. Cependant l'embardée eu raison de lui et il se retrouva au sol. Ce n'était pas forcément une belle entrée en matière mais ainsi soit-il. C'est en se relevant qu'il comprit que c'était finalement beaucoup plus compliqué de combattre sur un sol mouvant mais c'est dans l'adversité que l'expérience est la plus instructive.

Grenat écouta Glatus lui expliquer ce qui arrivait sur eux. Incrédule, elle avait du mal à se représenter une créature qu'elle n'avait jamais vu ni même entendu parler. Pourtant, il y avait danger, aussi elle se devait de réagir.
Miran choisit ce moment pour les rejoindre, il était équipé, prêt à vendre chèrement sa peau...

Et Le Théâtre vira brusquement de bord, mettant à terre une Grenat peu habituée à se genre de transport. Lâchant un juron dans sa langue ! Elle chercha à reprendre pied et tituba en direction de la cabine.

- Je vais chercher mon arc, expliqua-t-elle en Cyfand au guerrier, sans se retourner.

[Force - Athlétisme : 1 + 2 : 3 - Échec]

Les clignotantes créatures avançaient plus rapidement que leurs lents déplacements célestes ne le laissaient présager. Au travers des yeux de Tikki, on pouvait en dénombrer un banc conséquent : plusieurs dizaines de cloaquants flottaient dans le ciel nocturne, poussés par une brise fraîche.

Alors que Le Directeur enchaînait quelques mouvements osés, le grondement des moteurs se fit plus plaintif et on entendit le bruit sourd des meubles mal arrimés qui se jetaient au sol. Ou bien étaient-ce seulement Miran et Grenat, le pied moins sûr que leurs alliés ?

Alors que la gnome incantait au milieu de la tourmente, un fouet claqua dans le ciel, suivi du sifflement d'une flèche. Cueillant le point où venaient d'apparaître les créatures avec une célérité telle qu'ils semblaient avoir prévu cette trajectoire, Topaze et Glatus abattaient leur premier adversaire. Cacahuète en prit de la graine : elle ne visa pas directement la créature dans sa ligne de mire, mais un point situé en amont, calculant le moment précis pour relâcher la magie canalisée au bout de ses doigts.

Un coup au but ! La méduse grotesque s'abattit sur les planches du Le Théâtre, comme foudroyée en plein vol.

De son côté, le chevalier titubait, ne parvenant pas à trouver de cible à sa portée. Une chose lui sembla évidente cependant : son bouclier ne lui servirait guère. Les cloaquants avaient beau tendre leurs tentacules dans toutes les directions, leur agressivité ne semblait absolument pas dirigée vers les passagers de l'aéronef. En revanche, ils déchiraient voiles et cordages presque machinalement, comme s'ils fouillaient un paysage familier en quête de nourriture.

C'est ce constat que firent bien plus durement Grenat et Kerri. A l'intérieur de la boursoufleuse étaient apparus certaines des méduses dont le mode de déplacement ne semblait pas les empêcher de pénétrer sans invitation à l'intérieur de la cale. Et en descendant l'escalier du pont, les dégâts qu'avaient fait une poignée d'entre eux étaient déjà visibles : huile renversée, bouteilles brisées et restes saccagés.

Dans la salle des machines, on entendait les ingénieurs pester plus fort que le cri des machines, hurlant toutes sortes d'insultes aux cloaquants qu'ils parvenaient à abattre. Une chose était sûre:ici ils n'auraient pas besoin d'un arc s'ils voulaient se débarrasser de cette vermine !


hrp

J'ai estimé que Miran tenterait un jet d'attaque avec désavantage = 11, échec.
Tana effectue une attaque magique réussie, effectuant 3 points de dégâts

Ainsi donc le voyage ne serait pas aussi paisible que Kerri s'y attendait. Glatus avait beau avoir parlé de « concours de pêche », tous ce fracas à l'intérieur de l'aéronef ne prédisait rien de bon. En courant vers sa cabine, Kerri aperçut un de ces globes blanchâtres qui confirma son hypothèse : « Ces vermines rentrent ici comme rien. »
Kerri s’empara de son arc, mais aussi de sa rapière et de ses dagues. On dirait bien qu'elle avait mal jugé ces créatures, et elle se demanda ce que les îles éoliennes lui réserveraient encore comme surprise. Ainsi équipée, elle se rua hors de sa cabine. Elle commençait à s'habituer aux mouvements du vaisseau, et arrivait tant bien que mal à garder l'équilibre lors des embardées. Elle couru vers l'escalier, la main droite prête à agripper la garde de sa rapière dès qu'une créature entrerait dans son champs de vision.

Jet d'attaque: 19+6 (bot discord)
Dégats (au cas où): 8+4 (bot discord)

Tana poussa un cri de joie en voyant brûler sa cible.

- Et de trois ! Bien joué, les gars !

Ayant savouré à leur courte victoire, Cacahète analysa la situation et la jugea moins folichonne qu'espéré. L'embardée de l'aéronef n'avait pas suffit à échapper à la nuée de cloaquants. Les dégâts n'allaient pas tarder à prendre de l'ampleur. Cependant, il n'y avait qu'une partie du vaisseau dont l'état inquiétait l'érudite : la salle des machines.

Quelques enjambées amenèrent Tana à bâbord, à l'emplacement où elle savait que se situait la trappe menant à la pièce où résonnaient les jurons des ingénieurs. La gnomide s'abaissa, saisit la poignée et tira d'un coup sec pour découvrir la scène qui se déroulait sous ses pieds.

Grenat titubait à chaque embardée, manquant de s'étaler proprement au sol... Témoin du moyen surprenant de déplacement de ces créatures aériennes, elle avait oublié l'idée de récupérer son arc. Elle maîtrisait bien mieux les pouvoirs accordés par Karisimbi de toute façon. Quelques pas plus loin, elle parvint jusqu'à la cale et fut surprise de voir le massacre que les cloaquants semaient aussi vite derrière eux !

Dois-je déchaîner la puissance des volcans tout de suite ? Ici ?!

La drakéïde prit une longue seconde pour analyser la situation. Elle ne pouvait pas utiliser son sortilège dans un endroit aussi encombré, abritant certainement des objets fragiles et déjà suffisamment chahuté par les visiteurs aériens.
Alors, prenant appuis dans l'angle de la pièce qu'elle venait de rejoindre, elle se rabattis sur une décharge d'énergie volcanique pure, qu'elle dirigea vers l'ennemi le plus proche, brandissant son bras vers lui.

- Karisimbi !

Sans attendre de voir le résultat, elle s'engagea dans les escaliers pour rejoindre le pont supérieur.

Il faut les faire fuir... ! Si je me débrouille bien, mon sort devrait leur faire peur. Vite !

[Attaque de sort à distance (Désavantage) : 9
Dégâts si touche : 9]

La scène ne disait rien qui vaille à Miran car rien que le temps de se relever, les dégâts étaient importants. N'ayant pas une cible sur son front, il pensa que ranger son bouclier lui permettrait de faire plus mal à ces méduses volantes en prenant à deux mains son arme. C'est donc à sa position initiale qu'il le remit.

Le combattant se précipita au niveau de la barre car si elle venait à être arrachée, le bateau flottant deviendrait incontrôlable. Il prit donc position là et frappa l'ennemi qui avait l'air d'avoir confirmé son soupçon. Mais ce sol mouvant était une plaie et il rata sa cible allègrement. Ce n'est qu'après ce "coup dans l'eau" qu'il vit apparaitre dans l'embrasure de l'ouverture menant à l'escalier principal Grenat. Elle était revenue aider.

(Voir post de Nedru)
Lancé de 1d20+6 ~ [19] : 25
Lancé de 1d20+6 ~ [5] : 11

Le Théâtre était en effervescence. Magie, flèches, billes de frondes, fouets, tabourets, cordages : tout ce qui pouvait être jeté sur les méduses adeptes de dégradations fut utilisé sans retenue. L'ambiance aurait presque pu être festive, tant jaillissaient ici et là des « J'en ai eu un ! », « Deux pour moi ! » joyeux.

C'était sans compter sans les cris de la machinerie dévoilée par Tana : Jester et Findbindle tiraient à quatre main sur un cloaquant dont le décès prématuré l'avait coincé entre deux pièces du mécanisme qui, loin d'aider les compères, semblait déterminé à enfoncer la créature morte dans ses rouages, frappant mécaniquement dessus à la manière d'un forgeron zélé. Un nuage de vapeur commençait à grandir dans cette pièce et Tana avait beau ne pas être passionnée de machineries, elle savait que ce n'était pas bon signe.

« Viens nous aider ! Ferme l'arrivée d'air ! »

Findbindle avait levé les yeux vers Cacahuète et tout en tirant, les larmes aux yeux, il l'implorait de venir lui porter secours.

A quelques pas de là, Kerri n'avait pas eu besoin de retourner sur le pont pour se rendre compte qu'il y avait fort à faire ici. Au niveau de la cambuse clignotaient plusieurs créatures qui avaient manifestement trouvé l'objet de leur quête. Répandant sacs et nourriture entre chaque « saut », la salle commune se transformerait bientôt en vaste poubelle, ou salle à manger pour créatures éoliennes. Sans perdre un instant, elle punit le cloaquant le plus statique et gourmand du banc, plongeant sa longue lame de part et d'autre de son corps mou, qui tomba silencieusement sur le sol.

Grenat et Miran avaient été moins chanceux. Toujours chancelants, leurs coups n'avaient pas réussi à porter et ils se rendirent à l'évidence : leurs réflexes ne suffiraient pas pour frapper de tels monstres, il faudrait anticiper leur trajectoire. Fort heureusement, ils avaient chacun concocté un plan pour protéger l'aéronef efficacement.

De leur point de vue, le banc était disloqué. Soit éparpillé sur les planches, soit ailleurs dans les airs, mais la masse des méduses volantes avait déjà l'air moins inquiétante qu'auparavant.

La situation virait à la catastrophe dans la salle des machines et Cacahuète n'avait pas beaucoup de marge de manœuvre avant l'explosion pure et simple de son moyen de transport favori. L'ingénieur et son aide avaient les deux mains prises, aucune chance qu'ils s'en sortent seuls. Elle n'aurait pas le luxe de prendre l'escalier.

Tana se laissa tomber, s'accrochant des mains aux rebords de la trappe afin de contrôler sa chute et retomber sur ses bottes. Elle leva les yeux vers la machinerie déficiente.

« Ferme l'arrivée d'air ! »

La supplique de Findbindle résonnait encore à ses oreilles. Par bonheur, elle savait comment fonctionnait le système d'alimentation. En temps normal, on manipulait la valve qui se trouvait non loin de son point de chute afin de réguler l'intensité. Tana la dépassa, foulant la salle des plus grandes enjambées que lui permettaient ses courtes jambes.

« Aux grands maux... »

La gnomide se jeta sur le levier placé plus à gauche et pesa de tout son poids pour l'abaisser. Si le mécanisme n'était pas complètement rouillé, cela devrait suffire à désactiver instantanément l'ensemble de l'arrivée d'air. Tana retint son souffle, tendant l'oreille à l'écoute des rouages internes du monstre de métal.

Jet d'intelligence: max(6,12)+3 = 15 (bot discord)

Même si le nombre des cloquants semblait diminuer rapidement, la situation n'était pas particulièrement rassurante. Lorsque Grenat parvint sur le pont, les cris et les chocs provenant de toutes parts la qualifiait plutôt de critique !
Le pire, c'est qu'encore une fois, elle semblait loin du lieu où elle pourrait être utile. C'était terriblement frustrant...
Des créatures étaient pourtant toujours présentes et son idée pouvait encore fonctionner. Au moins en partie !

Alors, se retournant vers un petit groupe de ces turbulentes créatures des airs, elle prépara mentalement son sortilège le plus puissant.
Comme pour les repousser de sa main tendue, les doigts écartés, elle prononça le mot de puissance enseigné par son père.

- Sunder Ouaiv !

Aussitôt, dans un claquement de tonnerre assourdissant, une puissante vague d'énergie fut précipitée vers l'ennemi.

Prenez ça ! Et fuyez les autres... espérait-elle intérieurement.

Mais ces saletés en veulent à notre nourriture !

Ce constat mit la jeune femme en rogne, d'une façon qui aurait pu sembler démesurée.
Kerri jeta un coup d’œil dégoûté au corps blanchâtre inanimé, puis à ses congénères clignotant qui saccageaient les vivres. Son estomac se noua devant un tel gâchis.

Ils sont nombreux, mais ils ont l'air mous.

Elle lâcha sa rapière encore plantée dans la créature éolienne. D'un geste vif, elle dégaina les dagues qui se trouvaient toujours cachées dans ses vêtements, l'une dans sa manche gauche, l'autre dans sa ceinture derrière son rein droit. Elle se rua vers le groupe de créatures, bien décidée à découper ces vermines une à une.

La créature la plus proche de Kerri, tout à son festin, semblait l'ignorer. La dague s'y enfonça sans résistance. Kerri récupéra sa lame, et dans le même mouvement, effectua un demi tour vers la droite, à la fin duquel sa main gauche s'abattit vers une nouvelle créature.

Les créatures continuaient tranquillement leur saccage. Devant ce triste spectacle, Kerri ravala sa fierté et cria de toutes ses forces pour couvrir le bruit des machines.

- « Ici, à la cambuse ! Elles dévorent les provisions !»

Elle ne savait pas si son cri serait entendu, et son attention se reporta à nouveau sur les globes qui flottaient dans la pièce.

Attaques
Première attaque: 1d20+6:18 / dégâts : 1d4+4: 6
Deuxième attaque : 1d20+6 21 / dégâts :1d4 : 3

Miran avait encore le temps de retenter sa chance sur le cloaquant qui était resté afin de mettre à sac les poulies et cordes qui attachaient les voiles au niveaux du pont de la barre. C'est avec une ferveur redoublée qu'il frappa avec son morgenstern sur la masse molle. L'ennemi fut plaqué au sol et mourut dans l'instant.

Cette frappe magistrale n'émut pas le guerrier qui voyait qu'à cause de son précédent échec les dommages étaient maintenant très importants. Il n'avait en fin de compte rien protégé du tout. Grenat s'en sortait beaucoup mieux d'après ce qu'il voyait car elle avait bien nettoyé les environs.

Le passage des cloaquants ne laisserait pas Le Théâtre de marbre mais pour l'heure il continuait de voler selon une trajectoire presque inchangée, à peine ponctuée de saccades. L'intervention providentielle de Tana n'y était clairement pas pour rien : le nuage de fumée blanchâtre s'évacuait déjà par la trappe ouverte et Findbindle sautillait d'une joie extatique, s'engouffrant bientôt dans le ventre de son monstre mécanique, non sans avoir jeté un « BRAVO ! » jubilatoire.

Sur le pont, les dernières méduses égarées trouvaient la fin funeste qu'elles étaient venu chercher malgré elles : les efforts combinés des membres de la troupe et des voyageurs faisaient s’amonceler les corps flasques, souillant les planches de leurs liquides divers. Etait-ce la déflagration magique de Grenat ? Ou le constat qu'ils n'avaient rien à gagner en restant sur cette étrange proie volante ? L'envahisseur se retirait silencieusement.

La luminosité faiblissant, quelques méduses volantes semblaient se diluer dans le ciel désormais nocturne. Ici, la menace était écartée et on célébrait le départ du banc par des vivats enthousiastes.

-Trois pour moi ! fit Topaze.
-Egalité alors, répondit avec élégance le demi orc.
-Cinq ici, trancha laconiquement Jill, retombant sur le pont aussi silencieusement qu'un chat. Mais vous n'avez pas démérité.

Elle commençait déjà à rassembler leurs victimes du plat du pied, félicitant la sorcière pour son intervention et non sans jeter un regard appréciateur à Miran.

-Vous avez plus de talents qu'il n'y paraît, les gros bras. Allez vous reposer, on s'occupe du ménage.

Quant à la salle commune.. Le ballet d'acier de Kerri n'avait pas suffit à empêcher quelques cloaquants de lover leurs multiples tentacules autour de leurs mets préférés (la viande) et de les déposer dans leurs estomacs, mécaniquement. Alors que clignotaient les derniers vandales vers le ciel de leur fuite, le calme revint peu à peu à bord.

C'est Le Directeur qui trouva le fier rempart de la pitance du bord, l'accueillant par un tonitruant :

-PAR LES DIEUX QU'AVEZ VOUS FAIT ?!

Et de placer ses mains devant sa bouche, dans une expression exagérément dramatique.

-Vous avez mis une belle pagaille ! dti-il avant de rire de sa propre blague, constatant l'ampleur des dégâts, poings sur les hanches.

-Merci d'avoir pris les armes pour nous. Tous nos passagers ne peuvent pas en dire autant... Portion double pour vous ! Si je puis dire... FINDBINDLE ! Comment va Le Théâtre ?

Et déjà sa silhouette massive s'enfonçait dans la salle des machines.

Le déclic salvateur qu'attendait Cacahuète se fit à peine entendre à travers les cris du demi-elfe et de l'ingénieur. Elle soupira de soulagement et se laissa tomber le cul par terre tandis que la pression retombait, autant dans sa tête que dans la machine surchauffée. Déjà, Findbindle sautait de joie, toujours hurlant.

« Quel bruyant personnage. », songea Tana.

Pour autant, elle n'était pas d'humeur à râler. Malgré le chaos ambiant, le gnome avait gardé la tête assez froide pour lui donner les instructions nécessaires lorsqu'elle avait ouvert la trappe. Elle lui en était reconnaissante.

Le Directeur entra dans la salle des machines, mais Cacahuète ne lui prêta pas attention sur le moment. Tout en secouant sa main droite pour évacuer la fumée blanche encombrant la pièce, elle se penchait vers le trou béant du monstre de métal.

- Alors, Findbindle... comment s'en sort ta protégée ?

Alors que les membres d'équipages faisaient le compte de leurs victimes, Grenat reprenait ses esprits. Elle venait d'utiliser son pouvoir le plus puissant et ainsi mettre à terre deux de leurs assaillants.

Est-ce un jeu pour eux ? De semer la mort ainsi... pensait-elle.

Statique, les yeux fixant le vide, elle ne se préoccupait pas des autres.

*Serions-nous mort si nous n'avions pas agit ? *

Cette fois, la drakéïde avait tourné la tête vers la trappe donnant sur les machines, d'où une fumée blanche s'échappait, preuve du danger mortel qu'ils venaient d'éviter. Elle poussa un profond soupir et s'approcha du bord, prudente. Elle se tenait contre le bastingage, s'accrochant fermement à un cordage pour complètement se rassurer.
Son regard se perdit alors dans les étoiles... rassurantes et immuables.

Le cri du Directeur fit légèrement sursauter Kerri tandis qu'elle ramassait et essuyait négligemment sa rapière sur son pantalon. Les remerciements du Directeur la prirent de court. Elle se rendit compte qu'elle avait réagit par pur instinct. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de se faire remarquer, et elle se sentait légèrement stupide. Mal à l'aise, elle voulut marmonner une réponse, mais le directeur était déjà parti vers la salle des machines.

Constatant les dégâts dans la salle commune, Kerri se fit la réflexion qu'en effet, un joyeux foutoir régnait autour d'elle. Et, se relâchant finalement, la jeune femme rit intérieurement de la blague du Directeur. Un sourire aux lèvres, elle se dirigea vers sa chambre où elle déposa son arc et sa rapière. Hésitant une seconde, elle décida que ses dagues resteraient dans ses vêtements. Elle ne savait quelles surprises lui réserverait encore le voyage, et elle n'avait toujours pas rencontré les autres voyageurs.

Il était d'ailleurs grand temps d'y remédier. Kerri se dirigea vers la salle commune ou le pont, cherchant à se faire une meilleure idée des autres passagers du navire.

Findblindle ne répondit pas immédiatement à la question de sa consoeur éloignée. En fait, on pouvait l'entendre se parler à lui même : une conversation riche entrecoupée de longs soupirs et gémissements. Finalement, il répondit autant à la gnome qu'au capitaine à bord :

- Ce n'est pas... Ce n'est pas comme qui pourrait le dire de manière tout à fait directe et sans préambule : « la joie ». Pour être tout à fait franc, je crois qu'une intervention divine -ou deux- nous tient encore dans les airs, puisqu'il y a ici au moins trois morceaux de métal (d'un beau métal conçu comme il se doit) qui ne sont définitivement pas à leur place – une place qu'ils doivent occuper si l'on veut rester dans les airs.

Il reprit son souffle en toussotant.

- Un atterrissage d'urgence est de mise. Surtout avec notre cargai... Enfin vous savez !

Il n'ajouta rien, et reprit son manège entre soupirs et discussions intenses, entrecoupées de bruits métalliques intenses. De son côté, Jester avait décampé, remontant prudemment sur le pont.

Mais était-ce vraiment prudent ? Kerri était plus ou moins seule en salle commune et bien décidé à contempler comment les autres s'en étaient sortis, elle monta sur le pont pour assister à la fin du ménage qui y était fait. Au dessus d'elle, Jill flottait d'une voile à un morceau de toile gonflé, rassemblant les dégâts faits aux cordages.
Topaze avait entamé une discussion discrète avec Glatus et elle ne parvint à en saisir qu'une bribe :

- Et s'ils avaient réveillé l'un d'eux ? Il faut dire à Diégo de....

Après quoi ils remarquèrent sa présence et stoppèrent là leur discussion, poursuivant silencieusement leur ménage sur le pont d'une boursoufleuse qui bougeait désormais dans les airs comme le ferait un bateau agité par des vagues de bonne taille.