Nouveau monde ou paradis perdu ?

Qualité de l'interprétation du personnage (RP) Allant de 1 à 5 :
  • 1 : Interprète très mal son personnage, en contradiction avec son alignement, etc...
  • 2 : Interprète assez mal son personnage, (vague omniscience, utilisation d'informations hrp)
  • 3 : Interprète correctement son personnage.
  • 4 : Interprète bien son personnage et le fait évoluer, utilise ses traits, son background, etc...
  • 5 : Interprète très bien son personnage et lui donne une personnalité identifiable qui contribue à en faire un personnage mémorable.
Qualité de jeu en groupe, de 1 à 5 (jeu) :
  • 1 : Ignore ou empêche le groupe de faire évoluer les situations qui sont crées, qu'elles soient utiles au scénario ou non.
  • 2 : Ignorer ou empêche un joueur ou le MJ de faire évoluer les situations qu'il créé.
  • 3 : Joue dans le sens du groupe.
  • 4 : Permet à un autre joueur ou MJ de faire évoluer ou de créer des situations de jeu ensemble.
  • 5 : Permet au groupe de faire évoluer ou de créer des situations de jeu ensemble.
Qualité de forme (qualité) de 1 à 5 :
  • 1 : Fautes de français nombreuses et non respect des conventions d'écriture.
  • 2 : Lecture globalement désagréable ou peu compréhensible.
  • 3 : Qualité correcte.
  • 4 : Bonne qualité d'écriture, inventivité, synthétique ou facilement compréhensible.
  • 5 : Très bonne qualité d'écriture, style propre.
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Quand l’homme lui demanda de rester pour l’assister, Elindine ouvrit immédiatement la bouche pour protester. Elle n’avait aucune connaissance en la matière et elle ne voulait juste pas être davantage mêlée à cette opération. Une seule syllabe quitta ses lèvres et mourut aussitôt quand elle les pinça en récupérant la fiole susnommée et le linge le plus propre pour l’imbiber de son contenu. Elle se tourna enfin vers le ventre dodu de l’homme étendu devant elle et réprima difficilement un haut-le-cœur. La plaie n’était vraiment pas très belle et les mains du Bosco était couverte d’un sang déjà brunit qui teintait presque jusqu’à ses coudes. Rassemblant son courage tout en priant les dieux pour ne pas ajouter d’autres fluides inopportuns aux épanchements sanguins, elle commença son office.

Elle retira finalement ses mains et se positionna de sorte à plaquer du mieux possible le gros marin aux planches de son navire. Cette opération ne requérant pas l’usage de ses yeux, elle les ferma pour ne laisser que le son et les odeurs de l’hémoglobine mêlée de chair brûlée achever de la dégouter jusqu’aux tréfonds de son âme. Enfin libérez par la voix de M. Sands, Elindine bondit sur ses pieds, rigide, les dents serrées pour empêcher sa nausée de prendre le dessus. Plus pâle encore que les voiles du navire elle partit s’accouder quelques secondes au bastingage. Ses mains étaient toutes rougies de sang et les odeurs hantaient encore ses narines sensibles. Et elle avait eu la brillante idée de dire qu’elle ferait le dîner ! Soudain elle regrettait amèrement sa générosité, mais pas assez pour oser demander au capitaine quelqu’un pour la remplacer. Avec un gros soupir, elle récupéra un chiffon pour nettoyer ses mains et les deux bouteilles restantes auprès du Bosco :

- Je vais ranger tout ça en cuisine et puis tâcher de m’y mettre.

Elle salua élégamment l’homme et la halfeline, avant de quitter le pont.

27/04/2020 00h13
Nedru d'Enumasam
Nedru d'Enumasam

Tendant sa main avec sa nonchalance habituelle, le brun apprécia la rudesse caleuse contre le grain souple de ses doigts. C'était, dans le jargon, ce que l'on appelait « une main honnête ». Tout l'inverse de la sienne. Il hocha la tête en prononçant son nom, l'imprimant dans son esprit au passage.

« Einaar... Ein'. »

Un bruit sur le côté attira son attention et Nedru s'interrompit pour observer les marins livrer leur hommage mortuaire. Un instant, il se demanda quel dieux irait rejoindre le marin fou. Comment était jugée l'âme d'un homme dont la mort était si dépourvue de sens ? D'un geste marquant autant la réflexion que l'agacement, il passa le pouce sur la ligne de sa mâchoire avant de se détourner en direction de ce qu'il estimait être la cambuse.

Ses déambulations aléatoires et houleuses prendraient le temps qu'il faudrait, il n'était pas particulièrement pressé de nourrir les chevaucheurs de bateaux.

« Ma femme est sur ce bateau également... Et le capitaine semble avoir une mauvaise prémonition. Si je n'en suis pas capable, pourriez vous garder l'oeil sur elle si ça se gâte, si vous en avez le loisir ? »

De toutes les manières qu'il avait de passer pour un individu inoffensif, Nedru estimait que demander à un inconnu de prendre la défense de sa pauvre femme sans défense était probablement la plus adéquate.

27/04/2020 14h45
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

La pauvre femme sans défense s’en revenait de la cuisine, ayant déposé son chargement, pour en récupérer un nouveau dans la cambuse. Elle y retrouva son époux, accompagné du fameux nain. Curieusement, revoir le visage familier de Nedru la détendit un petit peu. Il n’était certes pas la présence la plus rassurante, ni la plus réconfortante qu’elle eut connu, mais dans cet environnement hostile qu’elle connaissait peu, ses sentiments à son égard évoluaient vers un mieux médiocre et temporaire, mais du mieux tout de même. Elle salua donc les deux hommes d’un sourire sincère, bien qu’encore un peu palot :

- Veuillez m’excuser pour l’attente j’ai dû… Jouer les infirmières.

Elle avisa les provisions d’un œil attentif : des caisses de légume, des fruits encore frais et de la salaison. Si elle prenait des pommes-de-terre, peut-être quelques choux, des navets et une belle quantité de salaison, elle devrait pouvoir concevoir un repas correct et satisfaisant pour des matelots. Ce ne serait probablement pas à la hauteur du Coq, mais ce serait toujours mieux que rien. Elle reporta finalement son attention sur l’inconnu :

- Maître nain, je suis Elindine d’Enumasam, l’épouse de Nedru.

Son sourire s’accentua légèrement et elle s’inclina légèrement en un salut élégant, avant de poursuivre :

- Auriez-vous la gentillesse de nous aider à transporter quelques vivres jusqu’à la cuisine ? La besogne sera plus vite finie si nous nous y mettons tous. J’aurais besoin de pomme-de-terre, un sac de légumes, une pleine caisse de salaison et de l’eau pour laver et faire bouillir le tout.

Puis elle se tourna vers son mari :

- Qu’en dis-tu ?

27/04/2020 19h05
Cymbeline Courtmanteau
Cymbeline Courtmanteau

Une fois les préparatifs achevés, les trois héros du jour s’apprêtaient à sauver la vie du malheureux cuisinier de bord. Au cœur de l’action, Cymbeline recevait les instructions du Bosco comme un soldat celles de son colonel. Avec le plus grand sérieux, prenant mille précautions, elle s’acquittait de chacune de ses tâches sans même froncer le nez. La vue du sang, le contact avec la plaie, les odeurs de chair grillée, les grognements et soubresauts du Coq, rien ne semblait l’intimider. À vrai dire, malgré une certaine nervosité, elle semblait savourer cet instant de haute tension. Que se passait-il dans ce petit crâne ? Quelque récit épique se déroulant en temps réel, d’un homme dont la survie ne dépendait que d’une poignée de guérisseurs novices mais vaillants ? Oui, sans l’ombre d’un doute.
D’ailleurs, plus que le dégoût, c’était la peur de l’échec qui la rendait nerveuse. Hors de question de devenir la risée de sa propre histoire ! Ça non, plutôt mourir avec le blessé… Dans les romans que lui ramenaient ses frères de leurs larcins, le sacrifice permettait toujours de racheter sa honte. Enfant, Cymbeline n’avait jamais trop compris pourquoi. Et d’ailleurs, elle ne comprenait toujours pas. L’important, c’est qu'elle n’avait pas envie de mettre fin à ses jours aujourd’hui : l’échec n’était donc pas une option valable.

Sa compagne de bord, elle aussi, semblait faire de son mieux. Malgré son aversion notable pour la situation, la jeune humaine les soutint jusqu’au bout, sans vomir une seule fois, ni tomber en pâmoison. Cymbeline s’en voulut de l’avoir mal jugée. Elle révisa son opinion à son sujet, envisageant même de l’inclure dans sa prochaine ballade, et avec un rôle de choix.

Enfin, le plus difficile était terminé. Complimentée par Sands, notre halfeline n’était pas peu fière et ne s’en cachait pas. Les yeux pétillants, les mains sur les hanches, elle inclina la tête pour recevoir les éloges du Bosco avec une modestie douteuse.
- Vous croyez que ça ira ? s’enquit-elle malgré tout, en admirant le matériel de rafistolage du maître d’équipage. Merci à vous aussi, ajouta-t-elle à l’adresse de sa compagne. Bon courage en cuisine…

Cymbeline se doutait qu’Elindine aurait besoin d’aide pour la préparation du repas. Mais elle n’avait aucune envie d’aller s’enterrer dans les cuisines, à faire la popote pour un bataillon de matelots affamés. Après tout, elle n’était pas devenue barde pour manier le chaudron – ni pour panser des plaies ceci dit, mais le potentiel dramatique était sans commune mesure.

Récupérant son instrument, elle se percha sur un tonneau et fit jouer quelques cordes, le temps de se remémorer quelques chants marins. Lors de son trajet depuis la Cité Franche, l’équipage s’en était donné à cœur joie. Elle avait couché certains morceaux sur papier : ses favoris ; et pas toujours les plus propres.
Une fois son répertoire bien en tête, elle se mit à trottiner en large et en travers du tillac, faisant vibrer son dulcimer, clamant ses mélodies paillardes à tout l'équipage en pleine effervescence.

Voilà de quoi leur mettre du baume au cœur ! Se disait-elle. Après tout, c’est encore ce que je sais faire de mieux.

Edition 28/04/2020 10h44 par Umberlie
28/04/2020 10h39
Einarr fils de Bárðr
Einarr fils de Bárðr

Einaar toisa la jeune dame, puis Nedru, puis Elindine à nouveau. Il se mit ensuite à rire nerveusement. Il se reprit après quelques secondes et “pensa” à voix basse et dans sa langue maternelle — mais juste assez fort pour que Nedru l'entende.

“Une charmante femme que voilà. Je sais qui mène l'autre par le bout de la barbe.” Il rigola à nouveau. “Protéger, protéger… Je pense plus qu'il veut s'en attirer les bonnes graces en se montrant fort et digne. On est tous pareil. Bah, ça me rappelle la m…” Son flot de murmurs s'arrêta net. Il resta comme figé quelques instants.

Après de longues secondes il donna un coup dans les cotes de l'antiquaire, lui faisant un clin d'œil appuyé. Il se tourna vers la dame pour déclamer d'une voix rauque : "Pour sûr m'dame. Vot' brave homme à dit ben du bien d'vous tantôt. J'me dout' bien qu'faut vous “protéger” vous aut’ pendant qu'vous faites la tambouille. J'vous suis. J'm'en vais trainer vos choses."

Le nain entreprit ensuite de ramasser le plus de caisses possible, le cachant sous un amas d'ingrédients et dit à l'assemblée. “Faut m'guider. J'vois plus ben loin.”

Edition 30/04/2020 02h48 par zaratan
29/04/2020 13h49
Nedru d'Enumasam
Nedru d'Enumasam

Il encaissa la bourrade dans ses côtes avec l'enthousiasme d'un chat à qui l'on fait prendre un bain mais répondit au clin d'oeil par un sourire en se forçant à ne pas s'épousseter pour reprendre contenance. Ein' était un brave type, déjà prêt à de pieux mensonges pour sauver son mariage. Il le laissa donc porter le plus gros de la charge, n'osant pas le priver de son plaisir viril, guidant le cortège en transportant ses tonnelets d'eau potable avec toute l'assurance d'un non-marin non-cuisinier partant cuisiner sur un bateau.

- Comment ça s'est passé là haut ? Tu sens le sang.

En fait, sa femme était même tâchée, mais inutile de le lui faire remarquer. Cela lui donnait une allure plus indigne de la personne qu'elle était censée être et inconsciemment, l'antiquaire trouvait cela nettement plus charmant. Il n'eut guère le temps d'entendre sa réponse que déjà ils débouchaient sur le lieu de leurs convoitises.

La cuisine avait la modestie que l'on pouvait lui imaginer, mais fort heureusement le volume des trois personnes qui l'occupaient actuellement rivalisait tout juste avec celui de son ancien maître.

- Merci Ein', posez ça là ! Et si vous voyez ici un remontant digne de votre palais, n'hésitez pas. Et j'en prendrai aussi volontiers.

Après avoir posé l'eau, Nedru fouilla dans la réserve sèche à côté du poêle à bois sur lequel ils feraient cuire les aliments. Il remplit ce dernier d'une bonne brassée et y jeta une allumette, s'appliquant plus que nécessaire à échouer dans l'allumage du feu, tout en vérifiant que les préparatifs avançaient pendant ce temps.

- Alors maître nain, que venez vous faire en Acoalt, si vous me pardonnez ma curiosité ?

Edition 29/04/2020 22h13 par Nedru
29/04/2020 22h11
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Elle pouffa sans retenue en voyant Nedru recevoir sans noblesse la boutade du nain. Celui-là, elle allait l’apprécier, définitivement. Entre lui et Cymbeline, son époux en prenait pour son grade, chose qu’elle savourait en toute discrétion. Elle gratifia la remarque de « Ein’ » d’un rire franc :

- Du bien de moi vous dites ? Ce voyage est décidément plein de surprise.

Elle n’était, cela dit, pas sûre d’apprécier tout à fait le fait de ne pas comprendre un traitre mot de nain, ni le fait qu’à eux deux, les deux hommes ne lui avaient presque rien laisser à porter. Dans un grommellement elle se rabattit sur quelques fruits pour ne pas se retrouver à trottiner derrière eux les mains libres, comme une jolie petite bourgeoise oisive ne sachant que faire de ses dix doigts. Une fois arrivée dans la cuisine, tout en allant se laver un peu plus soigneusement les mains, elle répondit à Nedru :

- Le Coq n’est pas encore mort, alors, bien… Je suppose ?

Pendant qu’il commençait un nouveau bavardage avec le nain, elle remonta ses manches et ses cheveux, utilisant le foulard à son cou pour les couvrir et ne pas être gênée dans sa tâche. Derrière son affect de jeune bourgeoise, Elindine était de nature plutôt enthousiaste et ce voyage avait éveillé en elle curiosité et impatience. Mais le meurtre avait considérablement douché sa joie insouciante. Elle aurait aimé aider les marins, ou au moins leur parler, apprendre les cordages, le nom des voiles, être autre chose qu’une femme « de la haute » sur ce bateau. Se retrouver enfermée dans la cuisine avec son époux ne la ravissait pas du tout. Au moins, Ein’ était amusant et son physique, bien qu’un peu intimidant, rendait le personnage intéressant.

Elle lava les légumes, les plaça dans un tonneau à côté d’elle et s’assit, toute prête à écouter leur compagnon en épluchant, taillant, découpant. Avec un peu de chance, si elle faisait bien son travail, elle aurait accès à autre chose de plus passionnant ; peut-être à la confiance de quelques marins ? Du capitaine ? Du très compétent et agréable M. Sand ? Et puis, de toute façon, tout valait mieux que d’être confinée sur sa couchette à lire, ou pire, broder, comme une bonne petite jeune mariée, douce et délicate.

29/04/2020 23h10
Nezami
Nezami

Dans la cuisine, la Brigade de la chef d'Enumasam s'était mise au travail en papotant. Après la tension liée au massacre du marin, se retrouver dans cet espace entre voyageurs était, étrangement, assez réconfortant malgré la corvée de patates.

Au bout de quelques minutes - ils auraient eu du mal à identifier clairement quand - nos trois compères sentirent un changement d'allure du navire... Comme si celui-ci ralentissait, ce qui n'avait pas de logique au vu des décisions du capitaine. Mais après tout, peut-être que leurs sens les trahissait une fois de plus, l'élément marin n'étant pas leur spécialité.

-----------------------------------------------------------------

Sur le pont, Cymbeline s'était laissée aller à ses chansons de marins et n'écoutait plus vraiment ce qui se passait. Elle avait bien vu plusieurs personnes emmener le cuisinier à l'intérieur du navire - le pont n'étant pas le lieu de rémission le plus approprié - mais après ça, son esprit avait divagué un temps.

Ainsi, elle ne réalisa avoir entendu crier l'homme de vigie qu'au moment où elle sentit le navire changer de cap et ralentir. Le capitaine avait dû passer des ordres car, autour d'elle, certaines voiles étaient abaissées et les marins s'activaient...

Lançant donc un regard alentour, elle discerna, au loin, le long de la côte, quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas.

Console R.P.

Lancé de 1d20+2 ~ [19] : 21

Lancé de 1d20+1 ~ [13] : 14

Lancé de 1d20+5 ~ [20] : 25

Lancé de 1d20+1 ~ [19] : 20

Edition 30/04/2020 23h53 par Nezami
30/04/2020 18h06
Cymbeline Courtmanteau
Cymbeline Courtmanteau

Absorbée par ses chansons, Cymbeline s’émerveillait de la façon dont la brise portait sa voix et ses notes à travers toute l’embarcation. Entre la vitesse, le claquement théâtral des voiles, et certains matelots reprenant ses couplets, elle savourait l’instant comme un verre de bon hydromel. Fini le camouflage : tout le monde à bord l’avait aperçue de toute façon. Et si l’attitude bienveillante de Sands à son égard l’avait enhardie, la présence d’une autre comparse féminine avait achevé de lui ôter toute retenue.
Ah qu’il était bon de faire jouer ses cordes vocales à nouveau ! Avec un si bon public, et une scène aussi grandiose qu’un navire en pleine mer…

Hô, les gars la grand voile a besoin d'nos bras !
Cric, crac, sabot, cuillère à pot ~
Plus y a d'toile plus on étalera.
Le grand mat veut d'la route, on ira ça ira.
Embraqu' dur cric crac, embraqu' bien matelot !
Cric, crac, sabot, cuillère à pot ~
La grand voile et nous on s'arrang'ra !


La dernière syllabe mourut dans sa gorge. Cessant ses gambades, elle se figea un instant, reniflant la brise comme un animal flairant le danger.

Eh mais… on ralentit ? On vire de bord aussi ? Alors ce cri, tout à l’heure ? Par la croupe du Façonneur, ce devait être l’homme de vigie… Et moi qui n’ai rien écouté !

Les yeux de la halfeline se posèrent instinctivement sur Sands et le capitaine, guettant quelque signe de panique.
C’est là qu’elle l’aperçut. Cette tâche marron couronnée de blanc, au loin. Une coque et sa voilure. Et en arrière-plan, rien d’autre que la nature sauvage. Aucun port, ni installation humaine. Que faisait ce navire tapi dans l'ombre des falaises ? Tel un gros chat ailé, il semblait remuer de la poupe, prêt à mettre toutes voiles dehors et bondir sur sa proie.

- Le Salamander, murmura Cymbeline. Le Salamander ! répéta-t-elle plus haut, sentant l'angoisse lui monter à la gorge.

En quelques bonds, elle se retrouva auprès de l’un des officiers – celui qui semblait le plus à même de l’écouter – afin de s’enquérir de la situation.

- C’est… C’est le Salamander au loin, c’est ça ? Ce sont des pirates, n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'on change de cap... Mais pourquoi ralentit-on l’allure ? S’il vous plait, répondez-moi… Puis-je faire quelque chose ?

Edition 02/05/2020 06h33 par Umberlie
02/05/2020 06h31
Nedru d'Enumasam
Nedru d'Enumasam

En regardant le feu prendre, Nedru songea qu'il allait devoir se mettre au travail quant il lui sembla que son mal de cœur empirait. Le tangage du bateau était légèrement plus perceptible, comme s'ils avaient cessé de percer les vagues pour en devenir peu à peu le jouet. Ils perdaient leur allure ?

Avec l'avertissement du capitaine en tête et la paranoïa de celui qui a vécu trop longtemps dans les mauvais quartiers de la capitale, cette information prenait un sens inquiétant. Rien à voir avec le fait qu'il n'avait pas envie de jouer à la dînette. Il jeta un œil par une ouverture sur l'extérieur : l'écume des vagues continuaient de se faire souffler par la brise marine. Si le vent n'étaient pas tombé, ils avaient d'autres raisons de ralentir.

Aucuns cris sur le pont. Etait-il bien raisonnable d'aller pointer son nez dehors à cause d'une impression ? La curiosité hurla en lui comme une bête enragée.

- La musicienne ne chante plus et notre allure n'est plus si bonne. Je vais voir ce qu'il se passe. 

Une vague le força à s'adosser au cadre de la porte.

- Et vomir, peut être. 

Il croisa le regard du duo qu'il laissait en plan, ne cherchant pas à dissimuler l'inquiétude derrière ses iris.

Edition 04/05/2020 13h44 par Nedru
02/05/2020 15h27
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Elle posa son couteau et sa patate à demi épluchée et se leva d’un bond. Elle avait aussi senti un changement dans l’allure du bateau et Nedru lui offrait le prétexte idéal pour cesser la cuisine, ne serait-ce que quelques secondes. Si ce n’était rien elle aurait tôt fait de s’y remettre et si l’inquiétude qu’elle percevait dans les yeux de son époux s’avérait justifiée, le dîner deviendrait sans doute une préoccupation des plus dérisoire.

S’élançant hors de la cuisine, elle rattrapa sans mal le jeune homme et se faufila jusqu’au pont avec lui. A l’extérieur régnait une agitation fébrile, quelque chose de normal sur un bateau, mais Elindine sentait diffusément que l’atmosphère avait changé. Une forme d’anxiété lourde troublait la mine des marins et, non loin d’eux, Cymbeline s’adressait à quelqu’un, l’air plus soucieux encore qu’aucune âme sur le navire. La jeune rousse s’approcha sans mot dire, tentant malgré tout un sourire vers la halfeline. Elle n’en demeurait pas moins attentive, alerte, même, essayant de ne pas se laisser atteindre par la nervosité ambiante.

Edition 02/05/2020 16h35 par Elindine
02/05/2020 16h21
Einarr fils de Bárðr
Einarr fils de Bárðr

Le "maitre" nain était en train de raconter comment il en était arrivé à venir dans ces contrées lointaines.

“… Fa’que les frères Damir m'en voulaient encor’ après qu’j’les ai raillés. J’me suis dit: “V’la l'temps d'se faire oublier”. J’ai ’trappé mes choses, pis j’t’ais su’ l’port. Fa’que m’v’la dans un maudit bateau pour j’sais pas où. À peine j'pose pieds su’ la terre que j'la vois d'mes yeux…”

En un rien de temps, ses deux compagnons profitèrent d'un léger changement de course du bateau pour fuir son histoire qui n'en finissait pas. Einarr les regarda partir un instant, suspendu au milieu d'une phrase, immobile la bouche encore ouverte.

“Mais… Mais… Moi qui croyais que faire la cuisine c'était important !”, dit-il à voix haute dans sa langue natale. “Si j'avais su je ne me serais pas cassé le dos à porter leur matériel. "Maitr’ nain"-ci, "Maitr’ nain"-ça et à la moindre occasion que je suis plus "utile" on me jette sur le coté. Ma foi, comme d'habitude vous me direz. Eh bien, je vais donc devoir la faire moi-même cette cuisine. L’équipage ne va pas se nourrir tout seul et tant qu’à avoir commencé…”, dit-il reprenant brièvement la tache d'épluchage de légumes avant de se rendre compte qu'il était incapable de manipuler correctement le couteau avec sa main blessée.

Il regarda sa main. Puis le couteau. Puis sa main à nouveau. Il sentit la douleur revenir. Il renifla les larmes qui avaient commencé à poindre. Lança le couteau avec dépit qui rebondit maladroitement sur le sol. Il attrapa son outre et en prit une grosse gorgée.

Il resta comme ça quelques secondes puis, le regard éteint, fit de même avec le feu laissé en plan par ses camarades. “Quelle bande d'inconscients… Laisser un feu allumé sur un bateau. Ils veulent rejoindre La Cendreuse si tôt ? Moi non. Pas encore. Je vais aller leur expliquer à ces fífl comment on se comporte. Je vais les attraper par les oreilles comme on fait chez nous.” A mesure que la douleur faisait place à la rage, les yeux du nain retrouvaient leur lueur. Sur ces mots et avec son "entrain" retrouvé il s'élança à la poursuite des deux autres. “Je vais leur passer un de ces savons qu'ils vont l'entendre résonner dans leur boite vide pendant des semaines.” Il arriva sur le pont et se dirigea d'un pas décidé, ignorant complètement son entourage, vers les deux autres passagers en les hélant avec colère “Eh vous aut’ ! V’nez voir un peu faut qu’j’vous cause !”

Edition 05/05/2020 07h35 par zaratan
04/05/2020 02h58
Nezami
Nezami

En arrivant sur le pont comme un cheveu sur la soupe, Nedru et Elindin ne surent pas très bien ce à quoi ils avaient affaire. Clairement, ils avaient ralenti mais l'axe du bateau par rapport à la côte n'était plus tout à fait le même. Il semblait qu'il s'en éloignait... A moins que... difficile à dire et la tête leur tournait comme lorsqu'on se lève trop vite de sa chaise.

Le temps qu'ils s'habituent à la luminosité et à leur nouvel environnement, le nain faisait irruption lui aussi en agitant son moignon comme on agiterait la vindicte céleste.

Quoi qu'il en soit, ils se figèrent tous en voyant Cymbeline au pied de la dunette en train de manipuler une longue-vue. L'halfeline s'étant jeté quelques secondes auparavant sur maître Sands pour avoir des explications, elle n'avait récolté qu'un regard froid qui l'avait douchée. Pour toute réaction, Sands lui avait lancé sa longue-vue et la petite n'avait pas demandé son reste.

Mais que se passait-il exactement ?

Si l'on regardait dans la même direction que Cymbeline, on pouvait voir, le long de la côte, une forme marron réhaussée de blanc. une étude un peu plus attentive laissait voir qu'il s'agissait d'un navire tout près des côtes.

Sur le navire qui ralentissait peu à peu planait un effervescence étrange. D'un côté, certains marins étaient fort occupés à fermer certaines voiles s'agitaient à des occupations marines qui, prises indépendamment, n'avaient aucun sens pour les voyageurs. Tirer des cordes, manipuler des manivelles ou autre boiserie... Mais ce qui était gênant, ce n'était pas le mouvement des marins, mais plutôt l'impression qu'ils faisaient ça par automatisme, toute leur attention focalisée ailleurs, leurs yeux allant de la silhouette diffuse du navire... à celles des deux officiers qui "discutaient" sur la dunette.

Ces derniers s'étaient déplacés de l'autre côté du navire pour s'éloigner de l'halfeline. Ils se tenaient très près l'un de l'autres, et si aucun éclat de voix ne leur échappait, l'éclat de leurs yeux, les rides d'expressions et la tension qui semblait parcourir tous leurs muscles ne pouvaient avoir qu'un seul sens : Un désaccord profond les agitait.

Console R.P.

Lancé de 1d20+2 ~ [13] : 15

Lancé de 1d20+5 ~ [8] : 13

Lancé de 1d20+1 ~ [16] : 17

Lancé de 1d20+4 ~ [1] : 5

04/05/2020 14h04
Cymbeline Courtmanteau
Cymbeline Courtmanteau

Pendue aux basques du maître d’équipage, Cymbeline cessa bien vite de le harceler de questions lorsqu’elle sentit son regard glacé sur sa petite personne. Elle se tut – chose rare, il faut le dire – et saisit au vol la longue-vue qu’on lui lançait.
L’instrument faillit lui tomber des mains tant elle était nerveuse. En ni une ni deux, elle plaqua son œil d’un côté, puis dirigea l’autre vers la mystérieuse embarcation.

Je ne vois rien… C’est flou. Aaaah, par mes Aïeux, comment marche ce satané engin ?

Après l’avoir tripoté, tourné, puis retourné dans tous les sens, s’être énervé et juré un bon nombre de fois, Cymbeline abandonna finalement la partie. Sands n’était plus là. Elle l’aperçut de l’autre côté du navire, devisant avec le capitaine. L’ambiance semblait orageuse entre les deux hommes, et la musicienne n’osa les déranger. Elle n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les événements. Et d’ailleurs, les marins semblaient étranges, eux aussi. Comme dénués d’émotions. Hypnotisés.
La peur s’insinuait lentement dans l’esprit de la halfeline. Dans quel traquenard s’était-elle fourrée, cette fois ? Elle aimait l’aventure, mais plutôt comme observatrice. Pas tellement comme victime.
Le bras tout tremblant, elle souffla un bon coup et brandit sa longue vue pour un nouvel essai. Cette fois, elle visa quelque chose de beaucoup plus près.
Et c’est alors qu’elle vit.
Un enchevêtrement brunâtre. Qui se mouvait, se rapprochait dangereusement.
Doucement, touuut doucement, elle fit rouler une des molettes sous son doigt, ce qui lui permit d’avoir une vue plus globale : l’entrelacs désordonné appartenait à un visage. La barbe d’un nain en colère, qui s’approchait à grande allure.

Baissant précipitamment son instrument, Cymbeline recula d’un pas et se mit sur la défensive, prête à détaler si nécessaire. Puis, constatant qu’elle n’était point la cible du courroux d’Einarr, elle se détendit un peu.
C’était les autres passagers qu'il traquait. Et ils venaient justement dans sa direction. Leur allure et le sourire d'Elindine prouvaient qu'ils ne se doutaient de rien. Aussi, se mit-elle en devoir de les prévenir du danger. D'un air alarmiste, la barde se mit à agiter la main vers le nain grondant qui les rattraperait d'ici peu :

- Derrière vous, articula-t-elle sans aucun son, mais en exagérant le mouvement de ses lèvres. Derrière vous ! Attention…

Edition 05/05/2020 09h39 par Umberlie
05/05/2020 06h37
Nedru d'Enumasam
Nedru d'Enumasam

Son attention portée devant lui, sur la querelle des capitaines, l'antiquaire oublia un instant qu'il avait le cœur retourné. Au milieu du bruit des voiles que l'on rangeait et des cordes claquant au vent, malgré son attention entièrement tournée vers eux, des détails de la conversation lui échappaient. Ce qui était certain, c'est que le Bosco voulait prendre des décisions dont l'ensemble de l'équipage serait informé, tandis que le capitaine faisait prévaloir une autre autorité, par dessus la loi de la marine et le sens commun. Nedru espérait seulement qu'il ne s'agisse pas de l'autorité d'un quelconque pira... Quoi encore ?

Cymbeline s'agitait devant lui, le tirant de ses réflexions plus sûrement que la menace imminente d'être livré en otage à des voleurs de navires. N'y avait il pas la silhouette d'un bâtiment, plus loin, prêt de la cô... Mais qu'est-ce qui lui prenait ?

A....tten...tion ?!

Il se retourna tout de bon, pour faire face au fulminant dvaerg. Le brun écarquilla les yeux devant l'air parfaitement courroucé qu'il affichait vers eux, allongeant ses quilles dans leur direction comme pour leur faire passer le goût de la nourriture solide. Qu'est-ce qu'il leur voulait ? Qu'avaient-il bien pu faire qui vaille la peine de s'énerver autant ? Y avait-il une malédiction liée à la nourriture rendant violents ceux qui s'en approchaient de trop près ?

Nedru leva les paumes.

- Nous avons des ennuis. Des pirates sont là.

Du bluff jusqu'à une formelle preuve du contraire, mais l'inquiétude du jeune bourgeois était si palpable devant la mine du nain que ce mensonge aurait sans aucun doute des airs de sainte vérité.

Console R.P.

Lancé de 1d20+5 ~ [6] : 11

Edition 05/05/2020 15h03 par Nedru
05/05/2020 10h54
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Le regard d’Elindine glissa de Cymbeline à son époux, puis de son époux vers le nain furibard qui fonçait sur eux avec l’allure d’un buffle enragé. Des pirates, disait Nedru ? Ce n’était vraiment pas ce qu’elle voyait. De son point de vue, et à voir l’agitation des marins autour d’eux, tout ce qu’elle constatait c’était qu’ils faisaient une manœuvre pour éviter quelques hauts-fonds dont la frange écumeuse affleurait à la surface. Mais l’agitation de l’halfeline, la mine de son mari et le désastre barbu qui arrivait droit sur eux ne lui inspirait aucune envie d’attendre que la rage naine ne s’abatte sur elle et puisqu’elle avait déjà retroussé ses jupons pour la cuisine…

- Cymbeline, veuillez m’excuser, je vous emprunte ceci.

Avec douceur, mais fermeté, elle saisit la longue vue dans les doigts de la barde et la glissa à sa ceinture avant d’entamer l’ascension du mat. Puisque personne n’aurait l’obligeance de leur dire ce qu’il se passait et puisqu’il fallait bien fuir l’ire du dvaerg, autant prendre de la hauteur. Elle pourrait ainsi constater de ses yeux si l’instinct (ou le bluff, à ce stade c’était difficile à dire) de son époux s’avérait juste, ou si, tels les marins d’eau douce qu’ils étaient tous, ils s’étaient agités pour rien. Repousser la corvée de patate d’encore quelques minutes valait bien les remontrances du capitaine. Se faire enguirlander pour sa curiosité mal placée, c’était une de ses grande spécialité, après l’escalade de mat, bien-sûr.

Console R.P.

Lancé de 1d20+6 ~ [5] : 11

Lancé de 1d20+4 ~ [6] : 10

Edition 05/05/2020 19h34 par Nezami
05/05/2020 18h57
Einarr fils de Bárðr
Einarr fils de Bárðr

Alors qu'il se dirigeait vers ses deux "compagnons", le fils de Bárðr vit Nedru se tourner vers lui et dans un même temps Elindine s'élancer vers les enfléchures. Einarr ouvrit la bouche pour crier après l'humaine quand il entendit les quelques mots de son mari. Le Nain s'arrêta alors au milieu de sa course, laissant filer la "coupable".

L'équipage autour de lui sentait la peur. Pas celle qu'il s'attendait à trouver après les paroles de Nedru. La peur d'une équipe dont les dirigeants prennent les mauvaises décisions et les communiquent mal à leurs subalternes. La peur des ouvriers qui savent instinctivement qu'ils se dirigent vers un mur mais ne peuvent le comprendre par manque de vision d'ensemble de leur architecte. Celle des mineurs qui s'apprêtent a percer leur première poche de gaz sous les ordres flous d'un contremaitre fainéant. Einarr avait l'habitude de ce genre de situations. “Ce n'est toujours pas l'heure”, dit-il levant les yeux en l'air, son poing et son visage se serrant sous l'anticipation des moments à venir.

Il s'apprêta à faire demi tour et jeta un dernier regard au lâcheur. C'est alors qu'il remarqua la petite. “Ils ont une gamine…”. Ça expliquait tout. Voilà pourquoi, à la première secousse un peu différente, les deux parents avaient filé vers leur enfant. Il soupira. “Plus jamais”, dit-il entre ses dents avant de se diriger, le regard noir, vers un Nedru paniqué.

Sans desserrer les dents, il s'adressa à lui en nain dans d'une voix sèche et sans équivoque, —celle qui révèle qu'il a eu l'habitude de donner des ordres. “Rattrape ta femme et fais la descendre. Ça va mal se passer ici. Je m'occupe de mettre la gamine en sécurité.”

Sans perdre un instant à attendre la réponse du "père" il se tourna vers Cymbeline, se pencha légèrement et dit: “Salut. J’suis un ami d’ton père. J’m’appelle Ein’. Tout va b’en s’passer. On va aller un peu plus loin et tes parents vont nous r’joindre. J’sais qu’t’es brave. Ça va b’en aller.” Il tend alors le bras avec pour but d'attraper la halfeline, la jeter sur son épaule et ensuite aller se positionner à une extrémité du navire.

Edition 07/05/2020 01h31 par zaratan
06/05/2020 08h49
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Alors, à la réflexion, l’escalade de mat n’était peut-être pas sa spécialité non plus. Elindine n’y avait pas songé avant d’être déjà à quelques mètres au-dessus du pont, mais son expérience de la voltige ne lui donnerait pas l’aisance escomptée dans ce contexte maritime. La jeune acrobate n’avait effectivement pas prévu que les cahotements du bateau iraient en empirant à chaque étape de son ascension, faisant remonter à ses lèvres la nausée qui s’en était pourtant allée. Au deux-tiers du mat, elle hésita même à renoncer, tant elle mesurait la difficulté croissante de la tâche. Mais elle refusait de perdre la face et redescendre, l’air penaud, affronté les moqueries de l’équipage et le rictus narquois de son époux.

Arrivée en haut, elle n’était pas non plus au bout de ses peines. Il fallait sortir la longue vue, l’ajuster à son œil sans l’enfoncer dedans et viser sur l’immensité océane la petite tâche brune couronnée de blanc qu’elle cherchait, le tout sans tomber et, surtout, sans vomir. Heureusement pour elle, le navire était plutôt imposant et se détachait nettement entre le bleu des vagues et le vert des côtes.

Premier étonnement, le bateau était bien plus proche du rivage que ce qu’elle croyait au départ, tellement proche, en fait, qu’il semblait… Encastré dans la roche. L’avant du bateau était littéralement venu se fracassait à pleine vitesse contre la falaise, broyant la moitié de son immense carcasse. Seul l’arrière flottait encore, grotesque silhouette se dandinant entre ses voiles mollement déchiquetées.

Elindine était désormais plus qu’inquiète : elle se sentait réellement apeurée. Qu’avait-il bien pu se passer pour pousser un bâtiment de cette taille, un navire de transport vraisemblablement, à foncer, toute voile dehors vers un si funeste destin ? Ce n’était pas une erreur attribuable à la récente tempête : il n’y avait aucun haut fond pour le justifier. Du sabotage ? Improbable : il y avait des moyens plus simple et plus discret de couler un bateau. L’hypothèse la plus probable, c’était la panique, une fuite désespérée pour échapper à quelque chose de plus dangereux que des côtes acérées. Elle frissonna, tout son corps crispé sur le mat, jeta un dernier coup d’œil inquiet aux hauts-fonds qu’ils contournaient, avant de redescendre prestement.

Déjà pâle, Elindine était désormais blafarde quand elle s’approcha à nouveau du groupe. Elle n’eut même pas la présence d’esprit de se demander pourquoi Einarr trimballait désormais Cymbeline sur son dos. Tremblant de l’effort accumulée, de nausée et d’inquiétude, elle jeta un coup d’œil au capitaine et à son second, avant de s’approcher d’un pas mal assuré de Nedru. Elle s’appuya légèrement contre lui, plus épuisée par l’escalade que ce qu’elle aurait bien voulu admettre. D’une voix blanche, elle murmura :

- Le bateau… Tout l’avant s’est broyé contre les côtes. On dirait qu’il a foncé dedans à pleine vitesse. Mais pourquoi ? Ça n’a pas de sens…

06/05/2020 23h33
Cymbeline Courtmanteau
Cymbeline Courtmanteau

Cymbeline ne broncha pas lorsque la jeune humaine lui prit l’objet des mains. À vrai dire, si sa comparse pensait faire mieux, elle le lui laissait bien volontiers. Elle l’observa un instant s’élancer dans la mature, des étincelles dans les yeux devant tant de bravoure. Malgré ses jupons encombrants, le regard des marins sur ses jambes, la hauteur et la houle, Elindine n’avait pas hésité une seconde à jouer les araignées pour percer le mystère. Quelques vers commençaient à se former dans son esprit. Elle cherchait une rime en « tère » lorsqu’un mot parvenu à son oreille troubla ses réflexions.

… Pirate ?

C’était la voix du Défenseur des opprimés. Savait-il quelque chose ? Oui, évidemment. Elle l’avait entendu discuter avec Sands un peu plus tôt, et ce dernier avait paru inquiet.
La chansonnière oublia aussitôt ses émois pour s’intéresser au duo restant. Malgré l’attitude courroucée du dvaerg, l’ambiance de ce côté-ci semblait moine tendue que de celui du gaillard d’avant. Et puis, à y regarder de plus près, il n’avait pas l’air si méchant, ce nain. Étrange certes, mais pas méchant. Présentement, les yeux tournés vers le ciel et les poings serrés, il semblait davantage en vouloir aux dieux qu’à son interlocuteur.
Profitant de cette trêve, la halfeline s’approcha, bien décidée à obtenir des réponses concernant ce qui se passait à bord. Le dvaerg l’aperçut alors, et sembla surpris. Cymbeline s'inclina avec humilité, puis se tourna vers Nedru, une première question au bord des lèvres.
Alors, sans prévenir, le dvaerg s’avança et se mit à aboyer ce qui ressemblait à des ordres, pointant Elindine du doigt. Allons-bon… Leur querelle n’était donc pas terminée ? L'humain semblait désemparée. Et Cymbeline, ne comprenant pas un traître mot, ne savait plus sur quel pied danser.

Si seulement je n’avais pas négligé cette langue… Trop rocailleuse pour rendre en chanson, il est vrai. Mais je paie ma négligence aujourd’hui.

Plongeant la main dans une de ses nombreuses poches, la halfeline attrapa un petit sachet de poudre blanche. Elle s’apprêtait à l’ouvrir et en faire usage, lorsque… « Salut. J’suis un ami d’ton père. J’m’appelle Ein’. »
Cymbeline laissa retomber le sachet dans sa poche. Elle recula instinctivement et avala sa salive. Pourquoi lui parlait-il comme à une gamine de 3 ans ? Au moins il avait compris qu’elle ne parlait pas sa langue.

- Bonjour, fit-elle avec un sourire crispé, moi c’est…
- Tout va b’en s’passer. On va aller un peu plus loin et tes parents vont nous r’joindre. J’sais qu’t’es brave. Ça va b’en aller.
- Quoi ? Mais… Mais non !

Cymbeline eut à peine le temps de protester qu’elle fut embarquée, sans plus de considération qu’un sac à patates, vers un recoin du navire. L’instant de surprise passé, elle se mit à battre des bras et des jambes, intimant le nain de la reposer au sol.

- Arrêteeeez , criait-elle d'une voix sacadée. S’il vous plait, lâchez-moiiiii… Vous vous trompeeeez ! Je… Je ne suis pas… Je ne suis pas une gamine !

Le dvaerg finit par entendre raison et stoppa sa course à mi-distance. La halfeline, reposant pied à terre, remit de l’ordre dans ses vêtements, en jetant un regard outré à son kidnappeur.

- Qu’est-ce qui vous prend, enfin ? Vous n’avez jamais vu de halfeline ?
- Je... Euh... , répondit Einarr, confus.
- En tout cas, bonjour. Moi c’est Cymbeline. Retournons vers les autres. Quelque chose ne tourne pas rond ici, et j’aimerais comprendre ce que c’est. Tenez, voilà la grande qui redescend. Allons lui demander… Elle a peut-être vu quelque chose.
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Escortée du nain, ils arrivèrent juste à temps pour entendre le rapport d’Elindine sur ses observations.

« Alors… Ce ne sont pas des pirates ? Mais je croyais que… »

Lançant un regard inquisiteur vers Nedru, elle attendait des explications. Il avait DIT que des pirates étaient là. Alors pourquoi… ? Aurait-il menti ? Mais dans quel but ? Ça non plus, ça n’avait pas de sens.
Tout en attendant la réponse du grand, Cymbeline tendit la main vers la longue-vue. Elle ne savait plus qui croire, et souhaitait vérifier par elle-même.

Console R.P.

Lancé de 1d20+4 ~ [15] : 19

Edition 07/05/2020 19h31 par Nezami
07/05/2020 05h30
Nedru d'Enumasam
Nedru d'Enumasam

Assez heureusement pour l'intégrité des excuses qu'il cherchait à formuler, Nedru ne vit pas immédiatement sa chère et tendre s'essayer à la varappe maritime. Une femme de commerçant normale n'agissait pas souvent ainsi, n'est-ce pas ? Pouvait-on prétexter qu'elle s'ennuyait à la Cité Franche et avait choisi comme loisir l'escalade de mâts ? Oh ma femme ? oui, elle adore, une coutume dans sa famille.

Ces pensées ne le traversèrent qu'une fois que le nain eut mis hors de portée « la gamine » -s'il avait correctement interprété les grommellements broussailleux du drôle, manifestement aux prises avec des entités supérieures.

Aussi, Nedru soupira en voyant redescendre Elindine, ne remarquant qu'à peine la mine blafarde qu'elle affichait. Il remettait de l'ordre dans ses cheveux collés par le sel lorsqu'elle détailla ce qu'elle avait vu. Alors ce ne sont pas des pirat...

Cymbeline finit sa phrase pour lui, levant vers lui des yeux interrogateurs. Heureusement fort peu insistante, la halfeline ne chercha pas à percer par son regard innocent la vérité dans sa réponse, aussi se contenta-t-il d'un très succinct :

- Moi aussi, je croyais.

Difficile de dire que c'est ce qu'il avait espéré, à choisir un mal pour un autre. Maintenant que le doute était permis, l'antiquaire ne supportait plus de ne pas comprendre. Il planta là les trois autres pour s'avancer vers le Bosco toujours en discussion avec son supérieur.

- Capitaine, monsieur... Que fuyons nous ? Votre dispute n'a échappé et personne et les autres passagers se mettent déjà à agir comme guidés par la folie. Gardez le secret pour l'équipage qui vous respecte mais pour nous, impossible de se concentrer sur des patates si notre vie est en danger.

Console R.P.

Lancé de 1d20+5 ~ [8] : 13

Edition 07/05/2020 19h36 par Nezami
07/05/2020 12h40