Fort Ardraco (Scénario d'Ed Greenwood)

La situation n'étais pas simple, d'un côté on avait des intentions de départ, de l'autre une indécision sur la suite à donner à tout cela : Bran était pour dormir, Nizam pour aller voir le prêtre, Elëwin et Sam sans avis...
De plus l'halfelin était perdu quand aux propos de ses camarades, Nora avait fait son trou pour obtenir de l'estime et sa perte était compréhensible mais légèrement triste. Quant à Tilouka il avait aussi fait des trous mais dans ses écailles suite à ses agissements, mais cela faisait une deuxième perte qui mettait à mal le fait de pouvoir venir en aide aux villageois.

Le petit blond prit la parole après le barde :

"- Au vu des actualités, même si je ne peux qu'avoir de la tristesse de vous voir partir, je le comprends et penche maintenant pour aller voir Elimith. Il est vrai que rendre-compte et obtenir de l'aide extérieure pour compenser ne va pas être du luxe... Ce culte est vraiment bien implanté et ne pas les sous estimer devrait être une priorité."

A la fin de son petit discours, le semi-homme regarda avec compassion ses deux camarades qui souhaitaient partir.

"- Je vous souhaite une suite bien plus sereine que ce qu'il s'est passé ici."

Puis Sam essaya de se reposer, son camarade musicien l'aidant à se détendre grâce à ses mélodies.

Les aventuriers prirent le temps de se souhaiter bonne chance, les péripéties qu'ils avaient vécu les ayant rapprochés. Des amitiés étaient-elles nées avec ces quelques heures - jours ? - passées à lutter pour leur survie ou contre un adversaire commun ? L'avenir le leur dirait.
En attendant, c'était le moment de faire ses adieux et de partir chacun de son côté.

Nora et Tylooka prirent l'option d'un dernier moment à l'auberge, afin de récupérer de leurs aventures, car reprendre la route ainsi serait dangereux !

Quand à Elëwin, Sam, Bran et Nizam, ils se dirigèrent vers le monastère, tout proche.
Guidé par le barde, le prêtre gara leur chariot le long du mur, près de la porte. Celle-ci était fermée, mais une rumeur étouffée leur parvint, une fois les chevaux stoppé. Ils entendaient des voix, sans pouvoir comprendre ce qui se disait, ni qui parlait.

Elëwin interrogea ses compagnons du regard. Était-ce normal selon eux ? Pouvaient-ils toquer à la porte ?

Nizam fut le premier à réagir. Il s'approcha à pas de loup, du moins l'espérait-il, et rejoignit la porte entrouverte pour y jeter un oeil. Il découvrit ainsi le vieux prêtre et dirigeant du monastère - Elimith - et face à lui, trois personnes que le barde ne connaissait pas.

Le plus proche était un homme aux environs de la quarantaine et aux habits princiers, or et bleu. Ses cheveux blonds vénitiens ondulaient jusqu'à ses épaules et avec sa barbe soigneusement taillée, ils cachaient en partie son visage aux traits anguleux. Le regard acéré, c'est lui qui parlait avec le servant d'Aster.
A deux pas de cet homme, le dominant largement de sa stature imposante, un drakeïde aux écailles de cendre et à l'armure de plaques rutilante montait la garde. Sa main gauche, aux griffes acérées était posée sur le pommeau de son épée, mais il semblait serein.
Enfin le troisième, un peu en retrait, était un elfe à la peau pâle et aux longs cheveux noirs attachés en queue de cheval. Il portait les habits pratiques et légers des voyageurs, un arc en bandoulière et une épée courte à la ceinture. Son regard croisa celui de Nizam, qui se sut aussitôt repéré...

Ne cherchant pas à se dissimuler, le barde poussa la porte et dévoila la scène à ses compagnons. La discussion s'arrêta aussitôt :

- ... comprends mon point de vue Elimith... expliquait le noble à ce moment là.

A la vue du petit groupe, un large sourire se dessina sur le visage du prêtre, qui leur fit signe d'entrer.

- Mes amis ! Vous voilà de retour... j'ai prié Aster pour qu'elle vous garde.
" Venez ! Nous parlions avec notre très cher baron, le seigneur Thierry d'Estinbuk, de l'éventualité d'envoyer des hommes d'armes à votre rencontre !

Le regard appuyé qu'Elimith porta à l'homme n'échappa à personne, mais celui-ci ne releva pas, se contentant de dévisager les nouveaux venus, aidé en cela par son garde du corps et l'étrange archer elfe.

Le baladin comprit - ou crut comprendre - instantanément ce qui se jouait au moment de leur arrivée. Son hypothèse était qu'Elimith avait réussi à faire venir le nobliau jusqu'au village pour le convaincre d'une intervention militaire au fort Ardraco. Et visiblement, le baron était en train de se dérober. Nizam comprit alors qu'il devait peser de tout son poids pour convaincre le noble. Il se composa immédiatement un visage profondément affecté et prépara sa voix, comme avant une représentation, afin de donner une intonation dramatique suffisamment subtile pour qu'elle ne passe pas pour une caricature [test représentation = 19].

Il fit alors quelques pas, entrainant ses compagnons avec lui, et après un salut conforme à l'étiquette de la région, s'engagea dans son monologue :

- Très honorable seigneur, notre périple mériterait que nous nous installions confortablement pour en donner tous les détails... mais l'urgence me pousse à vous cueillir sous le porche d'entrée de ce monastère ! Le vénérable Elimith nous avait demandé, à Sam et moi, d'enquêter sur le fort suite aux disparitions de malheureux hommes de foi du village... mais ce que nous avons vu là-bas confine à l'horreur.

Il laissa ces derniers mots flotter dans l'air pour attirer un peu plus son attention. En même temps, il réfléchissait à ce qui pourrait le plus motiver un seigneur local pour une entreprise dangereuse. Clairement, les paroles rationnelles de l'abbé sur la sécurité du territoire n'avaient pas porté leurs fruits. Il faudrait trouver autre chose.

- En chemin, nous avons rencontré ces deux compagnons, Bran et Elewin, qui vous raconteront mieux que moi comment l'on tenta de les enlever pour les entrainer dans le fort.

Il se tourna alors vers l'abbé :

- Cher Elimith, nous avons malheureusement échoué. Nous n'étions pas de taille à affronter une secte aussi dangereuse et bien organisée. Fort heureusement, la qualité de mes camarades nous ont permis de nous en tirer sans trop de dégâts, mais nous n'avons pas pu pousser nos investigations trop profond dans leurs tunnels.

Et se tournant subrepticement vers le baron :

- Une chose est sûre. Ils amassent des trésors en grande quantité dans un but que nous n'avons pu identifier. Et il semble que certains de leurs artefacts disposent d'un grand pouvoir.

Sans aller plus loin, le baladin clôtura son résumé par ces éléments susceptibles de stimuler la vénalité de son vis-à-vis. Il avait suffisamment côtoyé la noblesse de second rang pour connaître sa cupidité. Il manquait toutefois quelque chose... la petite noblesse aspire à s'élever par la gloire. il manquait donc une petite touche :

- Ceux qui auront le courage de nettoyer cette antre démoniaque en tireront à coup sûr un grand prestige. Une telle menace, au pied de la Cité Franche !

Bran s'engouffra a la suite de Nizam tout en restant en retrait afin de ne pas trop attirer l'attention sur lui.
Tout en les suivant il détailla du regard les deux hommes, le drakeide et l'elfe qui accompagnait celui qui semblait être leur chef. Même si l'éventualité d'une confrontation était très peu envisageable, il restait tout de même sur ses gardes.
Il imita le barde dans sa salutation tentant ainsi de se conformer à l'usage tout en tentant d'adopter un visage et une attitude aussi formels que ce dernier.
Tandis que Nizam exposait les faits à sa manière, il ne quitta pas des yeux les personnes en face de lui, tentant de lire à travers leur attitude ou leurs visage afin de jauger ce qu'il pensaient tout en acquiescant de temps en temps d'un air grave aux propos de son camarade.

Le baron écouta respectueusement le barde, apparemment sensible à son récit. Il hochait la tête d'assentiment, se triturait la barbe et fronçait les sourcils, semblant réfléchir aux implications des révélations qui lui étaient faite.

Autour de lui, ses gardes du corps - du moins semblaient-il remplir cette fonction - observaient les compagnons avec attention. Ils semblaient prêts à leur sauter dessus au moindre geste brusque ou mot de travers.
Finalement, le sieur d'Estinbuk prit la parole.

- Je loue votre courage messieurs ! Au nom de mes sujets, je vous remercie, fit-il en illustrant ses propos en s'inclinant et joignant les mains.

Bran surpris le regard étonné du drakéide, qui reprit rapidement un visage impassible... Avait-il rêvé ?

- Je dispose de peu d'hommes d'arme malheureusement, continua-t-il l'air navré.
" Récemment la mine d'or que j'exploite a fait l'objet d'attaques de pillards et la laisser sans défense serait un suicide économique pour la baronnie... continua-t-il.

Le noble se triturait la barbe de plus belle et fixait le sol avec une moue pensive.
De son côté, Elimith restait de marbre. Avait-il déjà entendu ce discours cousu de fils blancs ?

- Peut-être... Reprit-il soudain plus enjoué. Il se tourna vers le petit groupe d'aventuriers.
" Peut-être qu'après une bonne nuit de repos et avec un peu d'aide, vous pourriez débarrasser ma baronnie de ces brigands ?
" Je pourrais même consentir à vous faire accompagner de mon lieutenant ! Finit-il en désignant l'elfe d'un signe de tête.
" N'est-ce pas Tommy ? Que penses-tu d'aider ces héros dans leur quête ?

L'intéressé inclina à peine la tête et s'exprima avec un ton militaire.

- Il sera fait selon vos ordres, monsieur.

Avec un sourire chaleureux, le baron ouvrit les bras comme pour célébrer cette solution qui conviendrait forcément à tous le monde, prenant à partit le vieux prêtre.

- Vous voyez Elimith, il y a toujours une solution...
" Allons, messieurs, venez me raconter vos aventures dans le détail. Georges va nous préparer un bon repas chaud pour fêter ça.

Le barde se composa tout de suite une mine plus bonhomme et convaincue qu'il ne l'était réellement. Il hocha toutefois la tête comme si quelque chose le dérangeait ou le chagrinait. Il fit son sourire de marchand et le regarda le baron droit dans les yeux :

- Je pense, seigneur, que cette proposition nécessite une véritable discussion avec mes camarades, avant que nous puissions décider de quoi que ce soit. Du reste, je vous pense que vous sous estimez quelque peu la situation à fort Ardraco, mais je gage que la Geste que je prévois de vous chanter ce soir pourra vous convaincre mieux que je ne l'ai fait dans l'urgence.

En jouant ainsi, Nizam incarnait un personnage qui n'était pas candide au point d'oublier ce qu'il avait vécu, mais suffisamment impressionné par le baron pour essayer de s'attacher à lui. Le noble devait fréquemment voir ce genre de personnage autour de lui, petits scribouillards, baladins, mauvaises plumes en mal de gages et qui, par la flatterie, tentaient de s'attacher à une cour pour passer l'hiver au chaud. le barde avait donc espoir, non pas que le baron se range à son avis, mais qu'il le prenne pour une personne facile à manipuler et donc... inoffensive.

Pendant ce temps, il tentait de chercher dans sa mémoire et toutes les histoires qu'il avait glanées lors de son passage à la Cité Franche. Son regard tomba sur les mains et la taille du baron et l'inspection suffit pour remplacer les paraboles bardiques : l'homme portait une belle chevalière dont le symbole ne faisait aucun doute. Une forme serpentine caractéristique. La sublime rapière qu'il portait à la ceinture - sans doute du sur mesure - avait un pommeau d'argent qui ne laissait pas non plus le moindre doute sur la créature représentée.

Avant que le silence ne devienne gênant, Nizam reprit la parole :

- Nous vous retrouverons donc volontiers à l'auberge. En attendant, mes compagnons et moi-même allons nous rafraichir un peu après ce voyage éprouvant. Qu'en dites-vous camarades ?

Il se tourna vers ses compagnons en une longue volte. Son regard ne s'attarda pas sur les deux acolytes du baron mais il emmagasina toutes les informations nécessaires pour juger de leur dangerosité... et de tous les menus détails qu'il pourrait glaner. tournant désormais le dos à la sombre équipe, il attendait de voir les réactions de ses amis.

Sam avait écouté et analysé les parties en présence. Il avait montré tout le respect qu'il pouvait pendant cette discussion mais ce n'était pas pour lui innée, c'est ainsi qu'il fit des erreurs concernant l'étiquette en tournant autour des autant qu'il pouvait et à distance des nouveaux protagonistes pour les jauger et les voir sous toutes les coutures (Perception 14). C'était clair que le semi-homme n'avait aucune intention belliqueuse, juste sa curiosité intrinsèque à ses origines.

L'échange terminé, Nizam questionna le groupe sur la suite à donner. C'est alors que le petit blond acquiesça car il souhaitait vraiment se nettoyer pour converser avec autant de hautes personnalités mais souhaitait aussi préciser sa compréhension de la situation.

"- Je ne suis pas sûr de comprendre de quels brigands nous parlons. Il existe pour moi 2 sujets distincts, ceux du fort ardraco qui tentent de faire vivre un culte pouvant offenser les dieux de votre baronnie et ceux de votre mine d'or qui tentent de vous couper les vivre. Desquels nous devrions nous occuper ? Quels sont ceux les plus importants pour vous ?"

Ces questions avaient double intérêt, en effet, l'halfelin souhaitait mettre l'accent sur la fibre spirituelle du baron s'il en avait une et analyser quelles étaient ses priorités. De plus, il avait une dernière question qui lui brûlait les lèvres. Qu'est ce qui avait amené sa seigneurie ici ? Était-ce Antoine ou bien fut-ce juste fortuit ?

"- J'en profite aussi pour savoir ce qui vous amène ici. Dit autrement, les mauvaises nouvelles dont nous parlons ici vous sont arrivées comment ?"

Cette histoire de baron n'était pas du gout d'Elëwin qui détaillait ces trois là avec attention, ne cachant pas sa suspicion. Les deux gardes du corps le lui rendait bien d'ailleurs, le jaugeant comme un ennemi potentiel.
Ainsi, le prêtre accueilli l'analyse et les questions de Sam avec plaisir et le gratifia d'un hochement de tête entendu.

Le baron lui, répondit calmement, apparemment aussi sûr de lui qu'on pouvait l'être.

- Mais les deux mon cher... car selon mon analyse, se sont les mêmes !
" Une raison de plus pour prendre le temps de me raconter par le menu vos aventures, que je puisse valider mon hypothèse...

Prenant les devant, toujours entouré du drakéïde et de l'archer, il s'avança vers la porte. Il allait passer à côté du petit groupe lorsque Sam lui posa une nouvelle question. Le noble y répondit sans mauvaise langue.

- Un villageois du nom d'Antoine s'est présenté à ma demeure, pour me faire part de la situation, répondit-il.
" Vous le connaissez il me semble ? Il m'a parlé d'un drakëide et d'un halfelin... Je ne vois pas ce héros parmi vous...

Bran tentait de rester en retrait derrière ses camarades, presque caché, observant les moindres faits et gestes de leur interlocuteur ainsi que ses deux gardes du corps tout en gardant un visage aussi impassible que possible et en évitant leurs regards.
Il ne perdit pas pour autant la moindre bride la conversation, essayant de lire à travers les mots du baron.

Il ne dispose de si peu d'homme que ça pour ne pas être capable de déloger une bande de pillards? Combien peuvent ils bien être? et en quoi la présence de trois ou quatre personnes vont-elles faire la différence?

il garda pour lui ses réflexions, les réservant pour un moment plus opportun. Au moment ou Nizam tourna les talons et les interrogea, il rabattit une mèche de cheveux derrière son oreille de manière élégante avant de le gratifier une révérence à la manière d'une dame tout en lui répondant de la voix la plus féminine qu'il put.

- Un brin de toilette et une tenue plus confortable seraient en effet les bienvenues.

Le baron se tourna vers ce...tte nouvel..le interlocu...trice ? Il fronça les sourcils un instant, puis acquiesça poliment.

- Je ne voulais pas paraître impoli, veuillez me pardonner. Si vous avez besoin d'un peu de temps avant de discuter de tout ceci, je comprendrais.

Il désigna l'auberge du village que l'on distinguait par la porte du monastère, que son drakeïde du corps venait d'ouvrir.

- Je vous attendrais dans la salle...
" J'espère que vous ne me ferez pas trop attendre.

Sur ces mots, encadré par l'elfe fluet et l'imposant descendant des dragons, il se dirigea vers sa destination, laissant là le petit groupe.

Nizam garda sa mine débonnaire et inoffensive en écoutant la suite de la conversation. Il acquiesça à la dernière intervention du baron et fit mine de se diriger vers l'auberge d'un pas trainant, laissant ainsi le notable et sa garde le distancer.

Lorsque ces derniers furent à distance respectable, il se tournant délicatement en directement de l'abbé et pointa discrètement son doigt vers lui en se concentrant. Ses lèvres bougèrent alors imperceptiblement. Personne, même ses compagnons, n'auraient pu entendre ce qu'il avait dit mais il savait que l'écclésiastique les entendrait dans sa tête.

Nous viendrons prier ce soir auprès de vous. Attendez-nous.

Il savait que son sort avait fonctionné. Il aurait pu parler à voix basse, mais il souhaitait être le plus discret possible. Il ne savait pas jusqu'où allaient les "talents" de leurs nouvelles connaissances et cette équipée sinistre lui faisait froid dans le dos. Il devait prévenir ses compagnons ce ses conclusions et ils devraient établir une stratégie pour éviter le piège tendu. Aussi, alors qu'ils se mettaient réellement en route vers leurs chambres, il reproduisit son sort auprès de chacun de ses compagnons.

Baron roule pour Ardraco. Piège. Prévenir Elimith. J'occuperai Baron.
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Lance sort Message sur Elimith puis sur chacun des compagnons de Nizam

Tout en se dirigeant vers leur auberge, Bran repensait à leur entrevu avec le baron quand il entendit le message de Nizam. Il fut quelque peu surpris de l'entendre à la fois aussi distinctement alors que cela ressemblait à un murmure.
Il acquiesça d'un signe de tête discret tout en continuant à marcher.
La perspective d'un bain chaud, de vêtements propres et d'un bon repas le ravissait au plus au point mais cette entrevue soulevait énormément de questions en son for intérieur et il avait le pressentiment que la soirée ne serait pas aussi plaisante que ce à quoi il aurait pu s'attendre.

Sam fut sur le carreau lorsque le Baron répondit à la 1ere question. En effet, il pensait avoir été clair sur le fait de choisir le prochain lieu de purge avec sa question, mais il avait reçu une non réponse... Il était dur pour le groupe de courir 2 lièvres à la fois, qui plus est, au vu de leur nombre, se séparer les mènerait au suicide.

Cependant, la réponse à la seconde question fit pencher la balance du mauvais côté pour le Baron. Il était impossible qu'il puisse parler de Tylooka car Antoine ne l'avait jamais connu et ce fut le seul drakéide qui avait été croisé. Une révélation forte en sens qui prit au dépourvu le petit halfelin. Une vague odeur de guet-apens commençait à se faire sentir. Mais que faire ?
Il se trouvait que sa seigneurie voulait aller à l'auberge, mais Georges allait-il être en sécurité ?
Le semi-homme consentit cependant à suivre le groupe mais sur la défensive jusqu'à ce que Nizam rentre dans sa tête. D'ailleurs, cela donnait des idées à l'halfelin un tel pouvoir, mais il se ressaisit vite au vu de la confirmation des soupçons qu'il avait par son camarade barde.

C'est à ce moment là qu'il se permit d'agir et rebroussa chemin en prétextant avoir oublié de rendre ses affaires à Elimith. Il prit à partie son plus vieux compagnon.
- "Nizam, je retourne voir Élimith, j'ai oublié de lui rendre ses affaires, comme un sot. J'y retourne et je vous rejoins au plus vite, cela ne devrait pas prendre longtemps".
Une fois de retour au monastère, ce qui ne fut pas long vu qu'il avait couru, il se précipita pour voir le prêtre et lui poser LA question.
- "Elimith, avez-vous déjà vu le baron en personne avant aujourd'hui ?"

La réponse serait déterminante pour le reste de la discussion. Il s'attendait cependant à un non et déballerait ainsi toutes les mises en garde de rigueur.

A l'auberge

Certainement trop occupés par leurs propres conclusions, personnes ne fit mine de réagir au départ précipité de Sam. Le petit homme reparti en sens inverse, parvenant aux portes du monastère au moment où un novice allait les fermer. Il se glissa par l'ouverture...

Nizam, Elëwin et Bran rejoignirent l'auberge en quelques enjambées et ouvrirent la porte de l'établissement que seul l'un d'entre eux avait déjà côtoyé.
Le baron et ses deux séides étaient installés sur une large table ronde où les compagnons pourraient les rejoindre. Georges leur servait du vin tout en faisant la conversation.

- Je suis heureux qu'Antoine ai pu vous convaincre de venir nous aider, c'est qu'en dehors des conseils municipaux, on vous voit rarement par ici... Disait-il au noble.

Celui-ci lui sourit, prenant une seconde pour sentir le bouquet de son verre avant de répondre.

- Ne vous en faites pas mon bon Georges, je ne laisserai pas la Croisée être la proie des pillards de tout bord...

Il avisa les trois nouveaux venus et leva son verre en leur direction.

- Avec l'aide de ces héros, nul doute que nous allons déloger ces malandrins rapidement !

L'aubergiste se retourna vers eux, son sourire se faisait plus franc et chaleureux. Il les apostropha, désignant les escaliers d'un geste.

- Vos amis sont déjà installés à l'étage. Ils m'ont raconté vos aventures.
" Du coup, j'ai pris la liberté de préparer vos chambres et l'eau chauffe pour un bain...

En effet, la cheminée ronflait beaucoup pour un milieu d'après midi sommes toutes pas si fraîche, et deux immenses chaudrons laissaient échapper des volutes de vapeur.

- Ma femme est là haut, elle vous indiquera vos chambres.

Au monastère

Lorsque Sam pénétra dans la cour, le vieux prêtre qui allait rentrer se tourna vers lui.

- Eh bien, eh bien, vous venez plus tôt que prévu finalement... L'accueillit-il.

Puis, à la question de l'halfelin, qui sembla le surprendre, il reprit.

- Bien sûr ! Le baron vient une fois par mois environ pour le conseil municipal. Je l'ai pour ainsi dire vu grandir, puisque c'était son père qui administrait la région avant lui.

Son ton paternaliste était calme, comme à l'accoutumée.

- Ce garnements n'est certes pas aussi attentif que son père aux besoins de ses administrés, mais je n'ai rien eu à lui reprocher pour le moment...

Faisant signe à Sam de le suivre à l'intérieur, il l'interrogea à son tour.

- Dites-moi, qu'avez vous découvert au fort qui vous fait penser que le baron pourrait être mêlé à ces bandits ?

En entrant et tombant nez-à-nez (comme attendu) avec le baron et ses gardes du corps, Nizam se para de son meilleur sourire, qui s’agrandit encore aux propos de Georges.

- Mon seigneur, vous nous faites trop d'honneur, courtisa le barde avec un nouveau salut. Nous sommes loin d'être des héros, au mieux de pauvres hères de passage. Pauvres hères qui ont bien besoin d'un bain.

Et se tournant vers l'aubergiste :

- Merci pour vos attentions, Georges. Nous y allons de ce pas.

Et prenant respectueusement congé des notables locaux, Nizam s'engagea dans l'escalier. Dès qu'il ne fut plus en vue de la salle, il porta sa main à sa dague de cuisse, prêt à la moindre entourloupe, mais surtout pour prévenir les compagnons à sa suite qu'il se méfiait de ce qu'il pouvait trouver à l'étage.

Sam fut déconcerté par la réponse du prêtre. Il s'attendait à ce qu'il réponde qu'il ne l'avait jamais personnellement vu, permettant de penser à une usurpation d'identité, mais ce n'était pas le cas...Si un quelconque artifice, même magique avait été employé, il aurait quand même été démasqué vu la très forte connaissance du baron par le prêtre.
Il ne restait que le retournement de cerveau ayant fait pencher le baron du côté du mal. Le petit halfelin se demandait bien ce qui avait pu lui être promis pour changer de camp et trahir ses sujets.
Il répondit à Elimith avec une tête de déterré :
"- Et bien ce sont ses propos qui le trahissent malheureusement... En effet, vous ne l'avez pas forcément remarqué, mais le baron nous a parlé de choses dont il ne pouvait connaitre l'existence. Et s'il sait, c'est qu'il marche pour eux... Je préfère donc rester auprès de vous pour assurer vos arrières, même si mon état n'est pas sous son meilleur jour, car je suis presque sûr que quelque chose va se passer très bientôt. Est-ce que Georges participe à ce conseil par hasard ?"

Le petit blond se mit sur le qui-vive afin de commencer son rôle de garde du corps d'Elimith.

Au monastère

Le vieux prêtre leva un sourcil, interloqué. Il sembla réfléchir quelques secondes, puis invita Sam à s'asseoir sur un banc, alors qu'il faisait de même.
Lorsqu'ils furent installés, il reprit, son ton se voulant chaleureux et réconfortant.

- Allons, allons, ne dramatisons pas.
" Pour vous répondre, oui, Georges et moi-même participons aux conseils municipaux. Ainsi que le baron et le magicien Kuldur, qui fait partit des disparus.

Elimith marqua une pause, fixant la porte du temple.
Une longue seconde s'écoula avant qu'il continue.

- Expliquez moi Sam, vous faites beaucoup de mystères et vous n'avez pas précisé ces choses que le baron d'Estinbuk n'était pas censé savoir...

A l'auberge

Les quelques marches menant à l'étage derrière eux, les aventuriers fourbus arrivèrent dans un couloir donnant sur quatres portes, réparties également de part et d'autre. Des lampes à huile éclairaient l'endroit, dépourvu de fenêtres.

Alors qu'ils avançaient pas à pas, sur le qui-vive, un léger grincement les averti que la porte au fond à gauche allait s'ouvrir. Mains sur la garde de leurs armes, ils étaient prêts... Une silhouette se dessina dans l'encadrement de la porte...

Et soudain, un cri ! Et le fracas du bois qui heurte le sol !
Surprise par les hommes en arme face à elle, la femme de Georges avait lâché son bac. Elle prit appuis sur la porte, la main sur le coeur.

- Vous m'avez fait peur... Bafouilla-t-elle.

En bas, on entendait des pas précipités et la voix affolée de l'aubergiste.

- Lucie !? Ça va ?! Lucie !