Nouveau monde ou paradis perdu ?

Au moment où la corde atterrit aux pieds des deux autres, un petit frisson parcourut l'échine de la jeune femme. Une présence se trouvait là, derrière elle et comme une sotte, trop occupée à escalader, puis à remonter les autres aussi vite que possible, elle n'avait rien vérifié. Maintenant il était un peu tard, elle ne pouvait pas aider Fëanor et confirmer ce qu'il en était. Fort heureusement, si elle sentait bien une présence, l'inverse ne semblait pas encore être vrai : tout était calme.

Elle resta aussi silencieuse que possible en regardant avec angoisse le melessë montait à sa suite, incapable de lui indiquer qu'il devait absolument rester discret. Si bien qu'elle eut au moins aussi peur que lui en le voyant glisser puis se stabiliser sans bruit. Dès qu'il fut à sa hauteur et avant même qu'il put dire quoique ce soit, elle plaça son index sur ses lèvres, lui intimant le silence. Elle faillit tenter de communiquer avec lui par le langage des signes utilisé par les malfrats de la Cité-Franche afin de signaler une présence non désirée et non identifiée, mais opta finalement pour simplement pointer les yeux du prêtre de deux doigts, puis la direction dans son dos, espérant qu'il comprenne qu'elle lui demandait de regarder ce qu'il en était. Avec son acuité d'elfe il avait de bien meilleur chance de distinguer ce qu'il se passait pendant qu'elle aidait Irina.

Quant à leur compagne, elle tenta également par un geste exagérer de son index devant ses lèvres de lui intimait le silence, puis lui fit signe de monter à son tour.

Arrivé aux côtés d'Elindine, Fëanor allait la remercier lorsqu'elle lui intima le silence. Ce qu'il fit prestement, refermant sa bouche entrouverte. Visiblement, elle soupçonnait la présence d'un invité surprise !

Murmurant une prière, le prêtre fit un signe discret pour requérir l'assistance de sa déesse. Profitant de ses yeux habitués à l'obscurité, il sonda les ombres alentours, cherchant ce qu'Elindine avait dût ressentir.

Nolwë, merci d'être à mes côtés, l'adversité n'est pas prête à nous laisser tranquille ce soir !

[Assistance divine sur moi ; Perception : 1d20 + 6 + 1d4 : 18]

Il ne lui fallut pas longtemps pour observer les lieux, guidé par la grâce de sa déesse.
Le toit de l'entrepôt était plat, ou quasiment, et le rebord où ils se trouvaient Elindine et lui ne faisait qu'un mètre de large. La nuit était plutôt sombre, mais pas assez pour limiter son infra-vision, ce qui lui permettait de voir toute la surface du bâtiment. Ainsi, lorsqu'il aperçu une silhouette de l'autre côté, il se figea. Et se rendit vite compte que celle-ci ne regardait pas dans leur direction. Reprenant son souffle, il continua son inspection...

Foutre, mais ! jura-t-il en lui-même lorsque ses yeux se posèrent sur sa gauche.

Un homme ? Un garde ? Se dirigeait lentement vers eux !

Deux secondes seulement s'étaient écoulées depuis qu'il était arrivé sur le toit, mais il réagit aussitôt, se redressant entre Elindine et le garde et attrapant une dague dans le même geste. Son geste était brouillon, trop voyant, trop bruyant ! Heureusement, son vis à vis semblait aussi surpris qu'il avait pu l'être en le voyant arriver, ce qui laissait au prêtre le temps d'agir avant qu'il ne soit trop tard.

- Homo, stupefix ! fit-il, aussi bas qu'il l'osait, ses mains traçant les gestes idoines.

["Immobilisation de personne", slot niv.2, JS Sag DD14]

Tout était allé très vite ! Mais même pris au dépourvu, le prêtre avait plus d'un tour dans son sac. Le choc d'Art alla frapper l'homme de main de plein fouet. Avant même de réellement comprendre s'il avait affaire à une menace, il s'était senti dépossédé de son corps, ses jambes le portant mollement, ses membres antérieurs ballants et incapable du moindre mouvement !

Toutefois, ces péripéties avaient fait un petit brin de remue-ménage. Oh, rien de bien méchant, mais juste assez pour attirer l'attention de l'autre garde qui venait de se retourner dans leur direction, aux aguets.

Les deux compagnons avaient l'avantage de la réaction face à ce nouvel adversaire, mais il faudrait faire le plus vite et le plus discrètement possible. Ils pouvaient se fondre dans les ombres pour frapper par surprise un peu plus tard, en espérant que le cocasse d'un compagnon figé l'intriguerait suffisamment... ou tenter le tout pour le tout et chercher à terrasser l'autre le plus vite possible avant qu'il ne donne l'alerte. Le tout sans trop attirer l'attention car leur position, sur le rebord, restait assez visible.

Le prêtre fut soulagé de voir le garde se figer, son enchantement ayant visiblement fonctionné. Pourtant, le temps était compté ! Un rapide coup d'oeil sur sa droite lui confirma qu'il avait attiré l'attention du deuxième et il ne faudrait pas longtemps pour qu'il les repère à son tour. Sans compter le fait que la statue luttait avec force pour se libérer de son emprise...

Fëanor attira l'attention d'Elindine et lui fit quelques gestes pour lui demander de rester discrète et pour lui désigner leurs deux adversaires. Ceci étant fait, il se fit tout petit et rejoignit aussi discrètement que possible sa victime, une deuxième dague en main...

[Discrétion : 24]

Il n'avait pas de quoi bâillonner et ficeler celui-ci, cette option était donc exclue. Il ne pouvait non plus se résoudre à lui trancher proprement la gorge ! Ou même à le faire basculer dans le vide pour qu'il s'y rompe le cou... Restait une unique option, il devait tenter de l'assommer pour de bon, mais en aurait-il le temps avant qu'il ne parvienne à se libérer de son emprise ?!

Frissonnante, Elindine regarda le prêtre faire usage de sa magie puis enchaîner quelques signes pour lui indiquer la position de deux inconnus. Elle ne put s'empêcher de lui sourire et le gratifia même d'un applaudissement silencieux avant de avant de le voir partir à pas feutrés, dague au clair. Elindine vérifia rapidement qu'Irina s'était bien mise en position d'attente avant de se tapir encore davantage dans les ombres, vérifiant bien que ses affaires et ses armes restaient à portée sans risquer de choir pendant ses déplacements.

[Discrétion : 24]

Imitant le prêtre elle épousa les ondes de tuile de la toiture et commença à se mouvoir dans le même silence, se dirigeant vers l'homme de main immobilisé qu'elle distinguait à peine dans l'ombre. Elle n'épargna pas à la gente elfique une pensée grommelante sur leurs yeux qui perçaient les ombres sans effort tandis qu'elle devait se débrouiller pour fureter à moitié aveugle.

[Action : se cacher
Action : se déplacer]

Les deux compères s'approchèrent à pas de loups de la forme figée qui regardait la scène, impuissante. Le gaillard était un homme jeune aux traits fins. Il ne portait pas d'uniforme mais sa tenue était clairement martiale. une broigne épaisse le protégeait et il portait arc et épée courte à la ceinture.

Le temps que nos compagnons arrivent à son niveau, l'autre sentinelle s'était doutée de quelque chose. Elle n'avait rien vu de particulier mais quelque chose ne tournait pas rond. En quelques enjambées habiles, le garde traversa la première partie du toit pour se retrouver sur la plateforme centrale en "chuchotant fort" :

- Hey ! Finn, qu'est-ce qui y a ?

Mais il eut à peine le temps de terminer sa phrase qu'un bruit de corde se fit entendre sur la droite, suivi d'un son mat et d'un cri de douleur de la sentinelle. Enfin, le bruit sourd d'une chute.

La forme sombre d'Irina remit son arc dans son dos et fit mouvement en direction du centre du toit, mais elle n'avait pas fait trois pas qu'un nouveau bruit leur parvint de la plateforme : le grincement d'un gond mal huilé. le sang des compagnons se figea : dans l'angle mort du toit, en plein centre, il y avait évidemment une trappe qui donnait sur l'intérieur du hangar... et notre fuyard, qui n'avait pas eu son compte, était en train d'essayer de s'y glisser !

Il fallait agir vite et précisément pour éviter la catastrophe !
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INITIATIVE :
21 : Irina et Sentinelle 2
15 : Elindine
10 : Sentinelle 1 (immobilisé)
7 : Fëanor

N.B : Irina réussit attaque sournoise sur Sentinelle 2 -
Test de CON réussi par Sentinelle 2 pour éviter perte de connaissance

Elindine allait assomer le jeune garde paralysé, 'Finn', quand un cri étouffé attira son attention. Elle vit l'autre homme vaciller et son regard se reporta sur la silhouette d'Irina juste derrière qui rangeait son arc en lui faisant signe.

La roublarde n'eut pas le temps d'étudier trop ses options, le blessé s'était déjà déplacé et le bruit grinçant de gonds indiquaient déjà le pire. Trop heureuse de laisser le pauvre type immobile à un Fëanor plus lent à la détente, Elindine s'élança en silence jusqu'au sommet du toit. D'un saut léger, elle glissa sur les tuiles et bondit sur la trappe en espérant la claquer avantageusement sur le petit futé, au mieux pour lui couper la chique et au pire la route.

[Jet d'Acrobatie : 18]
[Action : se déplacer + fermer la trappe sur le garde]
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Edit MD :
La jeune femme prit un excellent élan qui la catapulta d'un bond sur la trappe au moment où le gaillard passait la tête en dessous pour s'engouffrer. La trappe se ferma d'un coup sec en plein dans le front de l'homme qui repartit en arrière et s'affala au sol en grognant.

La roublarde poussa sur ses cuisses pour amortir son arrivée et se reçut avec grâce, ajustant un petit bond au moment où la trappe frappait son logement dans un son assourdi. L'impact sur le crâne de la sentinelle avait bien ralenti sa chute, mais s'il y avait du monde à l'intérieur, ils avaient peut-être entendu le choc. Chaque chose en son temps. Pour l'heure, Elindine faisait face à un homme de grande taille, plutôt costaud, mais qui faisait peine à voir. La flèche d'Irina avait complètement transpercé son épaule et son arcade sourcilière gauche, fracturée, saignait abondamment. Pour autant, l'homme avait tout d'un dur à cuire car il était encore conscient et tentait de se relever, une flamme de haine dans les yeux.

Elindine réagit au delà de ses espérances, faisant mine de le prendre de vitesse pour assommer l'homme statue, puis empêchant le deuxième garde de prendre la poudre d'escampette avec un style particulièrement osé ! La flèche d'Irina n'ayant apparemment pas suffit à le stopper.
Que faire maintenant ? Tenter de calmer le gros costaud et espérer que son collègue ne parvienne pas à vaincre sa prière ou profiter de l'immobilité de celui-ci ?

Le prêtre se redressa, s'élançant vers le plus dangereux à ce moment, et lorsqu'il fut à portée, lança ses dagues, pommeau vers l'avant, pour tenter d'assommer promptement l'énergumène.

Nolwë, je te confie l'autre, qu'il reste figé telle la glace de ton royaume !

[Déplacement, action attaque à distance, action bonus attaque à distance avec la main non directrice]

Voyant que sa proie était toujours sous son emprise, Fëanor se retourna vers l'autre théâtre d'opération. Il constata avec étonnement que l'autre sentinelle, très affaiblie, se redressait. L'homme était un grand gabarit qui dépassait Elindine d'une tête, même dans sa posture rabougrie par les blessures.

Elindine allait peut-être dire quelque chose, quand le colosse porta la main à sa ceinture pour tirer son arme. C’est à ce moment que le prêtre jaillit. Sa dague percuta le front déjà amoché de l’homme qui roula des yeux et tomba lourdement au sol.

Pendant ce temps, Irina avait fait les quelques pas qui la séparait de la silhouette toujours immobilisée et, d’un geste mécanique, trancha la gorge du malheureux. Puis, sans cérémonie, elle alla vérifier si la flèche qui hérissait leur adversaire était en assez bon état pour être récupérée.

- Pas de quartier, d'accord ? Fit-elle par dessus son épaule. Ces types ont choisi de faire ce qu'ils font plutôt que d'essayer de se débrouiller autrement. Si vous hésitez à les tuer, ils donneront l'alarme... ou c'est vous qu'ils tueront.

Elle maugréa en se redressant, car la flèche étaient abîmée.

- Au fait, joli vol plané ! Lança-t-elle avec une moue respectueuse à d’Elindine.

Les compagnons devaient maintenant voir ce qu'ils devaient faire de la deuxième sentinelle, et préparer leur entrée dans le hangar. Les avait-on entendu ? Les attendait-on ? Ou bien d'autres gars patibulaires allaient-ils sortir de la trappe ? Pour l'instant tout était calme mais il fallait agir vite.

La jeune femme eut un rictus nerveux quand l'homme se redressa. Une flèche dans l'épaule et une lourde trappe dans le front et il était toujours vaillant ? Elle aurait volontiers admiré la résilience du bonhomme s'il n'avait pas le regard de quelqu'un qui voulait l'étripper. Ça devenait une mauvaise habitude ici.

Avec surprise elle entendit un "Toc !" suivi de la chute d'une lame au sol qu'elle retenut par réflexe afin qu'elle ne glisse pas sur les tuiles. L'homme chancela et Elindine se redressa pour accompagner sa chute en douceur, plus pour faire le moins de bruit possible que pour épargner le garde.

L'ex rousse se releva à temps pour assister au meurtre de sang-froid que réalisa Irina sous se yeux et ceux du pauvre Fëanor. Elindine ne dit rien et accompagna la consigne de l'autre femme d'un bref hochement de tête qui ne disait pas vraiment si elle était d'accord mais plus qu'elle en prenait note. La bourgeoise n'était pas tout à fait certaine qu'un mauvais choix fait dans une situation aussi pourrie était passible de la peine de mort, mais elle comprenait et respectait l'inflexibilité d'Irina.

Elindine répondit d'ailleurs à son compliment par une souple révérence, avant d'offrir une pression réconfortante de la main sur l'épaule de Fëanor. Le pauvre prêtre s'était donné du mal pour ne pas faire de victime, en vain. Elle lui fit signe une fois de plus de leur prêter ses yeux pour regarder dans la trémis de la trappe et elle l'ouvrit avec précaution, prenant bien soin d'être aussi discrète que possible et de ne pas laisser sa silhouette se découper dans l'ouverture. Une flèche dans la tête était la dernière chose qu'elle souhaitait.

Ses dagues avaient fait mouche, mettant enfin le gaillard au tapis !
Mais le sentiment de victoire qui envahissait le prêtre de Nolwë s'évanouit aussitôt, car il avait sentit son emprise sur l'autre sentinelle lui échapper... Et pour cause, l'homme venait de rendre son dernier soupir, du fait d'une Irina implacable.

L'effroi déforma le visage du jeune pacifiste qui se retint de justesse d'invectiver leur alliée. Son regard absorbé par le spectacle morbide du sang qui s'écoulait de la gorge du malheureux, il luttait contre un haut-le-cœur. Par un effort de volonté manifeste, il parvint à fermer les yeux pour se détacher de la victime de leur excursion... La première. La dernière ? Il en doutait de plus en plus.
Leur cause justifiait-elle qu'ils prennent ainsi la vie de ces hommes ? Sa déesse lui accordait une infime partie de sa toute puissance pour qu'il accomplisse sa volonté... mais il ne pensait pas que Nolwë veuille la mort de ces hommes.

Ma dame ! Entend ma prière. Que suis-je censé faire ?

Fëanor entendit le bruit de la trappe qu'Elindine venait d'ouvrir. Il soupira, peu enclin à poursuivre cette œuvre de mort. Il aurait aimé être aussi déterminé qu'Irina à ce moment, cela lui simplifierait les choses.
Après tout, cette jeune femme avait de bonnes raisons de détester ce monde. Ces sentinelles étaient au service des Puissants qu'ils cherchaient à voler... De même que les tueurs qui avaient cherché à éliminer cette mère de famille sur les docks.

Un peu rassuré par cette pensée, il y trouva suffisamment de réconfort pour sortir de sa torpeur. En quelques pas qu'il espérait silencieux, il rejoignit les autres.

Merci, signa-t-il à Elindine, tout en ramassant ses dagues.
L'équilibre de celles-ci était parfait pour le lancer, il en avait encore eu la preuve.

Et merci à toi Knivkastaren pour ton cadeau.

Sa curiosité reprenant le dessus, et à la demande d'Elindine, il jetta un oeil par l'ouverture ainsi libérée.

Il vit un mince trait de lumière, ce qui signifiait que des lanternes devaient être disposées ça et là, mais cela restait très ténu. De là où il était, le prêtre pouvait voir une courte échelle de bois, donnant sur une petite plateforme. Enfin, à la limite de son angle de vue, il discernait au moins une passerelle, partant de la plateforme.
Faisant un rapport à voix basse de ce qu'il avait pu voir, il interrogea d'un signe ses deux acolytes, pour savoir qui allait passer le premier.

Irina restait légèrement en retrait, écoutant et étudiant plutôt ce qui se passait à l'extérieur, vigilante.

Lorsque Fëanor regarda ses deux camarades pour savoir ce qui se passerait en suite, la jeune mère célibataire se baissa pour se mettre à leur niveau et chuchota :

- Si quelque chose se passe mal, nous avons peu de chances de nous échapper par la grande porte du bas. Le plus sage serait que j'assure notre repli en surveillant la trappe et ses alentours depuis l'intérieur.

Elle sortit un petit objet de métal qu'elle tendit à Fëanor. Même sans être gnome, on pouvait comprendre l'utilité de ce truc : c'était un "clic".

- Si tout se passe bien et que vous pouvez passer par le sol, claquez une fois en restant appuyé quelque secondes. ça fera "Clic......Cloc". Si vous devez remonter : Un coup rapide si tout va bien, deux coups si y a du rififi. Si je n'entends rien... j'aviserai.

Elle leur sourit comme elle aurait souri à ses enfants, rassurante.

- Et qu'est-ce qu'on fait pour votre ami le baraqué ? il va bien finir par se réveiller, non ?

Fëanor leva un sourcil, peu habitué à voir ce genre d'objet. Il en avait entendu parler, mais sans jamais avoir eu l'occasion de le prendre en main. Décidément, Irina était étonnante ! Il résista à la curiosité de le tester, ne sachant pas trop à quel volume sonore s'attendre, et il l'empocha avec précaution.

- Un long, on sort en bas. Un court pour en haut, deux court pour en haut avec des soucis à prévoir... répéta-t-il à voix basse, autant pour confirmer que pour se le rappeler.

Mais ce n'était pas tout. Leur rappelant à juste titre qu'il y avait ici un garde qui pouvait se réveiller à tout moment, la belle les remit face à la réalité de leur choix.
Le prêtre reporta son attention sur le corps à leur pied et réfléchit une seconde...

- Peux-tu le bâillonner et l'attacher en nous attendant ? demanda-t-il, presque suppliant.
" Si tu peux le garder en vie, je t'en serais reconnaissant, ajouta-t-il en imaginant la femme et les enfants qui l'attendait quelque part.

Le temps leur était compté, il en avait conscience.

- Nous y allons ? fit-il à l'intention d'Elindine.

[Persuasion : 1d20+5 : 17 (Discord)]

Irina leur expliqua les différentes options pour repartir en utilisant un objet qu'elle remit au prêtre. Fëanor répéta les instructions et Elindine les enregistra tout en se mouvant vers la trémis. Le melessë avait cependant une dernière demande qui contrevenait précisément à la consigne que l'implacable mère de famille leur avait donné plus tôt : épargner le malheureux. Le visage de la roublarde s'eclaira d'un rictus un peu narquois.

- Je m'étonne que tu te donnes la peine de lui poser la question. Elindine chuchota à l'adresse d'Irina avant de tomber sur le regard implorant du jeune prêtre.

Vraiment ? Il y tenait au point de tirer cette gueule de chiot battu ? Elle soutint son regard un instant et lâcha finalement un imperceptible soupir avant de sortir sa propre corde pour la mettre à disposition d'Irina, sans ajouter un mot. Elle n'aimait toujours pas trop l'idée d'égorger un homme dans son "sommeil" certes, mais clairement celui-ci ne lui aurait pas épargné ce sort s'il en avait eu l'occasion, une pensée qui refroidissait sensiblement sa pitié. Néanmoins elle céda aux suppliques de l'elfe en abandonnant sa corde alors qu'elle commençait à descendre par la trappe.

Elle garda le pas léger et l'oreille tendue, faute d'y voir aussi bien que le prêtre. Sa petite acrobatie avait pu alerter les collaborateurs de ces gardes et, s'ils étaient dans le coin, ils attendait peut-être des nouvelles de l'assomé et du tout récent macchabé. La prudence était donc de mise.

Elle se concentra également sur la partie qu'il n'arrivait pas à voir. Elle se doutait bien qu'il y aurait probablement de petites entourloupes dans un tel endroit. Les gens comme ce Marlborough ne se laissait pas voler si facilement, tenant plus à leurs bibolos qu'à leurs propres enfants.

[Jet de Perception + jet d'Arcane]

Le prêtre gratifia Elindine d'un sourire reconnaissant, espérant qu'ils n'aient pas besoin de la corde pendant leur exploitation de l'entrepôt.
Sa réticence à ôter la vie lui causerait certainement du tort un jour, mais c'était à son sens, la seule chose qui l'empêchait de devenir un des monstres qu'il combattait !

Alors qu'Eli descendait, il posa une dernière question à Irina :

- Une idée d'où nous devrions chercher ou de ce que nous devrions chercher ? Une caisse, une vitrine, un coffre ?

Puis il s'engagea à son tour, guettant la moindre présence dans les environs...

[Perception : 24 ; Arcane : 4]

Irina regarda le prêtre avec un air qui disait "pfft... pauvre fou", mais elle n'éluda pas sa demande :

- Celui-ci, vu son état, ne me fera plus trop de mal. Très bien, je vais le saucissonner... mais ne comptez pas sur moi pour le soigner. Il va sans doute crever de ses blessures.

D'un regard glacial, elle arrêta toute vélléité du prêtre d'utiliser sa magie sur leur ennemi, et commença à l'entraver rigoureusement.

- Ces types sont des animaux, fit-elle par dessus son épaule. Ils profitent de la situation au lieu de trouver une solution. Ils n'ont pas de sens moral. Alors faites-moi une promesse : Quand vous serez en bas, vous ne devez pas trembler. Si vous hésitez, vous êtes morts. Les autres sont là pour vous tuer. C'est leur consigne.

Se redressant, elle les regarda s'enfoncer par la trappe.

- Vous auriez mieux fait de demander ça à la Shaman, non ? fit-elle avec un clin d'oeil. Je pense que c'est un des objets qui devaient être dans le coeur du tombeau. C'est peut-être toujours dans le cercueil qu'ils avaient ramené. J'avais entendu beaucoup de ragots sur une tombe incroyable... et surtout terrifiante.

Les deux compagnons se souvinrent alors des propos des deux nains qui avaient en partie perdu la raison. Ils avaient participé à l'expédition, avaient pénétré dans la tombe, et en étaient sortis monstrueux et détruits.

Après un temps de réflexion, pendant lequel Irina semblait se remémorer des souvenirs, elle reprit :

- Le hangar est grand mais il est rangé. La partie gauche, du côté de la porte du bas, accueille de gros objets divers. Ils ne m'ont pas semblé d'une grande valeur. Il y a des roches, des statues, des cadrans solaires énormes, des fauteuils de pierre, des monolithes... A droite, des objets plus petits. Il y a des bijoux, des armes, ainsi que des petites sphères dont je n'ai pas compris l'usage... Il y a aussi une partie, sur l'arrière, contenant des papiers divers et variés. Des sortes d'archives. Derrière cette zone, il y avait une sorte de remise que je n'ai jamais eu le temps d'inspecter. Bon courage les amis. Revenez en un seul morceau.

Elle se baissa et déposa un rapide baiser sur la joue de Fëanor au moment où il se glissait par la trappe, puis se recula et disparut rapidement dans les ombres.

A l'intérieur, malgré les quelques lanternes, l'ambiance était des plus sombres. Ils restèrent un moment pour s'habituer - surtout Elindine - et étudier les environs. La plateforme s'ouvrait sur une passerelle. Une seule. Ils se seraient attendus à deux accès. Cette unique petite coursive partaient sur la gauche jusqu'au mur, où une échelle descendait jusqu'au sol. Ils tomberaient près de l'entrée principale, dans la zone des gros objets décrite par Irina.

De leur poste d'observation, en se rapprochant du rebord de la plateforme, ils discernèrent un garde en faction à côté de la porte. Très près de l'échelle... trop près ? En dessous d'eux, sur la partie droite qui devait accueillir "les petits objets", il y avait au moins deux gardes qui discutaient en fumant. Un quatrième semblait faire une ronde et s'éloignait en direction de l'arrière, partie identifiée comme "des archives".

Que allait être la stratégie de notre tandem de choc ?

Fëanor eut un instant de panique lorsqu'Irina fit mention du mourrant, mais il comprit tout de suite qu'elle le faisait marcher... D'ailleurs son regard lui intima aussitôt d'éviter toute intervention, ce qu'il se garda bien de faire !

La jeune femme prit ensuite le temps de répondre à ses questions, donnant des détails bien utiles, mais qu'il ne s'attendait pas à avoir de sa part.

Quand es-tu venue inspecter les lieux ? Se demanda-t-il en observant sa vis à vis.

Finalement, il eut droit à un baiser qui le statufia instantanément... ses joues devenant cramoisi tout aussi vite !
Avec un raclement de gorge gêné, il descendit rejoindre Elindine sur la passerelle.

Après un échange de regards entendu avec elle, il découvrit son nouvel environnement. Les yeux grands ouverts, les oreilles aux aguets, il étudia les alentours, aidé par sa vision d'elfe.
Il retrouva rapidement les différents espaces décrits par Irina, cherchant à repérer où pouvait bien être le fameux cercueil. Il y avait tant de caisses, dans d'immenses étagères, qu'il dût prendre un temps fou à ce petit jeu... Son regard était régulièrement attiré par les gardes postés à plusieurs endroits clés du hangar, lui faisant perdre un temps précieux. Sans parler de la sueur qui s'accumulait sur son front...

Mais ce qui le préoccupait en premier lieu, c'était la partie qu'il identifiait comme étant les archives. Elle était comme... voilée. Il ne parvenait pas à en identifier la nature, quelque soit l'angle qu'il prenait.

Nolwë, mère omnisciente, aide moi ! A quoi avons-nous affaire !? Pensa-t-il, affolé par son incompréhension.

En désespoir de cause, il chercha dans un nouvel échange de regards avec Elindine, une explication qu'elle serait peut-être à même de lui fournir.

Elindine regarda Fëanor descendre avec un sourire narquois et un jeu de sourcil évocateur qu’il pouvait parfaitement voir même dans la pénombre. Quel petit coquin que ce prêtre, a joué les jolis cœurs avec la mère de deux jeunes enfants. Elle saurait user de cette petite scène plus tard, pour son amusement. Elle avait besoin d’un peu de légèreté.

La jeune femme arrêta vite son char pour mieux se concentrer sur leur présente mission. Elle jeta un regard aux alentours, l’oreille tendue. Fort heureusement pour elle, le lieu était au moins faiblement éclairé, lui donnant une vague idée de ses contours. De plus les gardes avaient l’air « détendus », fumant et vivant leur vie comme s’ils n’avaient pas entendu la petite commotion en toiture. Et puis il y avait ce… ‘truc’. Comme une nappe noire couvrant une partie du hangar, quelque chose qu’Elindine mit du temps à identifier correctement avant de faire le rapprochement avec l’un de ses propres sorts ou en tout cas un qu’elle avait utilisé tout récemment : la nappe de brouillard, mais en plus… Bizarre.

D’un geste à une main, elle exécuta le signe « magie » dans l’argotique des bas-fonds de la Cité-Franche vers Fëanor tout en chuchotant le mot et en désignant les archives d’un doigt. Si elle devait s’infiltrer dans plus d’un hangar avec le prêtre, il allait devoir apprendre ses petites habitudes de fureteuse professionnelle, et vite.

Maintenant ils manquaient un peu de marge de manœuvre. En tant que fille d’antiquaire, Elindine savait qu’un « cercueil » ou un contenant funéraire qui avait été qualifié de cercueil, ça pouvait être absolument n’importe quoi : de la caisse en bois au vase en porcelaine, en passant par tout un tas de réceptacle contenant tout ou parti du défunt. Son expérience de voleuse, en revanche, lui disait que s’ils devaient commencer quelque part, c'était par ce que les détenteurs des lieux s’étaient donnés la peine de cacher. En effet, les gros bourges à la Marlborough sous-estimaient cruellement l’efficacité de cacher leurs plus beaux trésors en plein jour. Ils n'étaient pas très joueurs avec leur pécule et puis il fallait toujours que le système de protection soit au moins aussi précieux que ce qu’il défendait. Un rictus traversa son visage et elle s’avança discrètement, à quatre pattes, jusqu'au bord de la plate-forme, puis à plein ventre, pour jeter un coup d’œil à ce qui se trouvait dessous et mieux observer cette nappe magique du même coup d’œil.

Elindine se coula comme une véritable ombre. Dans le faible éclairage, elle était complètement invisible, se fondant dans le décor de la passerelle.

En revanche, il lui était plus difficile de voir précisément ce qui se jouait en dessous. La partie à côté des archives était une accumulation d'étagères pleines de petits objets. En fouillant dans sa mémoire, la roublarde se dit que le contenu de la petite bourse de cuir que leur avait montré N'Waukee, la chef du peuple des forêts, pouvait se retrouver sur ces étagères. On pouvait envisager que les fouilles avaient dégagé une multitude de petits artefacts aux utilités diverses... un champs d'exploration de choix pour une antiquaire doublée d'une voleuse (ce qui était, à vrai dire, un pléonasme !).

L'étude de ce qui était censé être les archives était toujours impossible, même en se cambrant pour descendre un peu sur le rebord de la passerelle. Des documents à l'en pas douter, mais de quelle nature ? En tout cas la brume avait une texture physique, assez proche du sort qu'elle connaissait bien, mais en plus épais. il semblait très duveteux mais elle doutait pouvoir rebondir dessus comme sur un matelas.

Alors qu'elle remontait, elle repensa à ce qu'avait dit la prêtresse indigène : "Je ne crois pas qu'il faille récupérer l'ensemble des objets mais il faut au moins deux conditions : retrouver et replacer celui qui établit le lien avec toutes les créatures qui errent dans la région. Elles errent à la recherche de cet objet. Pour le protéger ou le ramener. Je ne sais pas vraiment... mais en général, on sait exactement en face de quoi l'on se trouve lorsqu'on se trouve en face de ce genre de chose.

L'indigène, avec ses phrases longues et ses tournures alambiquées, avait l'art de transformer ses propos en énigmes. Pourtant, ils étaient leur meilleur indice de ce qu'ils cherchaient... en général, on sait exactement en face de quoi l'on se trouve lorsqu'on se trouve en face de ce genre de chose.

Pendant ce temps, Fëanor avait eu le temps d'étudier les gardes. Celui qui gardait la porte n'avait pas bougé et ne semblait pas bien vif. Les deux qui échangeaient entre eux dans la salle des petits objets avaient visiblement beaucoup de chose à se raconter... mais ils parlaient à voix très basse donc inaudible. Enfin, celui qui faisait une ronde avait le pied sûr de ceux qui prennent leur mission au sérieux.

Après leurs inspections silencieuses respectives, Elindine et Fëanor se firent face. D'un croisement de regard, le prêtre compris que sa consœur n'avait pas trouvé de solution pour percer le brouillard d'ombre...
Quand à lui, d'un signe, il désigna le patrouilleur pour signifier qu'il était sa principale préoccupation.

Ses prières à Nolwë avaient été entendu et il avait en tête plusieurs sorts qui pourraient leur être utile. Pourtant, il avait dût lancer le plus puissant d'entre eux pour immobiliser le garde plus tôt et il ne se savait capable de canaliser que deux de ces sortilèges dans une journée. Il lui restait donc peu d'options...
Se transporter en un clin d'œil à quelques mètres, ce qui éviterait une escalade inversé plutôt risquée, plonger une zone restreinte dans un silence absolu ou encore détecter la présence d'éventuels pièges tendus pour eux... Le choix était difficile !

Surtout qu'Elindine a dût donner sa corde à cause de moi...

Profitant de leur position et s'assurant de la distance suffisante du garde en mouvement, Fëanor expliqua en chuchotant ses options à sa collègue.
Peut-être pouvait-il veiller sur elle de ce point pendant qu'elle neutralisait le garde et prêt à se servir de son arc si nécessaire... Son sort de silence pourrait être utilisé en amont ou pour éviter les mauvaises surprises.