Elindine
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La Maison des Cinq, Alton imaginait bien que cela devait faire référence à un temple du panthéon de l'Étoile et ses 5 divinités. Après tout, c'était la religion la plus commune dans la région et le paladin était assez familier de ce culte : dans sa communauté on faisait appel aux cinq dans de petits autels domestiques dédiés à l'ensemble du panthéon.
Cependant, lorsqu’il pénétra enfin dans la grande bâtisse de pierre blanche qui lui avait été décrite : très remarquable dans cette ville assez récente, toute faite de bois, il se rendit compte que son plan en cercle s’étirait en 5 alcôves, chacune dédiée à une des pointes de l’Etoile. A l’entrée du temple, ainsi que devant chaque autel spécifique attendaient des prêtres en bure vêtus des couleurs et arborant les symboles de leurs divinités tutélaires : Aster la jeune fille, sa petite pousse et son vert tendre ; Gùnd l'adolescent et sa main rouge ; Ulgurd l'homme adulte au soleil orangé ; Haldrìn la vieille femme avec sa fleur de givre bleutée et enfin le Masque qui, comme son nom l’indiquait, était représenté par un masque séraphique aux ailes blanches.
Après avoir observé les lieux, Alton s’approcha de l’alcôve dédiée au Masque et, posant genou à terre, entama sa prière :
« Oh puissance divine du Masque je ne suis qu'un simple halfelin paladin qui recherche la lumière pour guider mes actes et mes armes si tu me juges digne fait moi un simple signe et je ferai briller tes préceptes. »
Une fois ce moment de recueillement accompli, le paladin se releva et décida de s’entretenir avec le prêtre qui patientait à l’entrée de l’alcôve. Vêtu d’une grande bure blanche aux longues manches festonné et discrètement ourlé d’or, son masque ailé immaculé cachait l’intégralité de son visage ne laissant que deux fines ouvertures noires à l’emplacement de ses yeux, sans qu’Alton ne puisse en distinguer le regard. Dans cette tenue, l’individu était presque intimidant, mais l’halfelin n’hésita pas à demander les rites spécifiques pour le Masque et si un ordre de paladin s’était dédié à la divinité.
Le prêtre resta silencieux un moment, ses mains gantés de blancs émergèrent des manches et enchainèrent quelques signes qu’Alton ne comprit pas. L’homme de foi se redressa, resta silencieux encore un moment, puis se pencha pour chuchoter d’une voix douce, mystérieuse, extraordinairement difficile à décrire.
« Le Masque veille au secret et sur ceux qui passent de l’autre côté pour l’éternité. Ses cultes doivent être découverts par ceux qui les cherchent, il ne m’appartient donc pas de te dire comment les trouver, car cela contreviendrait au chemin-même que tu veux parcourir. »
L’individu se redressa lentement, joignant les mains sous ses manches, son masque incliné vers Alton montrant qu’il avait toujours son attention s’il souhaitait encore lui parler. Mais le jeune halfelin se contenta d'acquiescer et se pressa pour repartir vers le bateau.
Les trois autres compagnons, de leurs côtés, finirent par ressortir du Saule Rieur en continuant à deviser ensemble.
A l'approche du Vaillant Petit Caneton, l'halfelin comme la petite troupe entendirent quelques éclats de voix. Visiblement Rositina était en train de tanser vertement son paternel, leurs deux visages tout tachés de noir. La petite rousse se calma rapidement en les voyant approcher, secouant la main vers son père d'un air grognon avant de les accueillir.
- Hey ! Vous avez passé un bon moment ? Normalement tout est réparé ici. J'ai préparé des couchettes à l'extérieur pour les grands et vous, dit-elle en désignant Alton et Podness, pourrez dormir dans la cabine avec moi et papa. Pour nous faire pardonner l'attente je vous ai préparé des sandwichs à la truite fumée du Vaquensirë pour ce soir !
Wilton voulut dire quelque chose mais sa fille le foudroya du regard avant de partir finir le dîner et le thé aux plantes qu'elle faisait bouillir sur un petit réchaud.
Sur le pont les couchettes n'étaient pas des plus confortables. Le bateau avait été pensé à taille de gnome et malgré les efforts de Rositina, l'elfe comme la Merosi allaient être à l'étroit. Les épaisses et multiples couverture, en revanche, offraient au moins l'espoir de ne pas souffrir des froides nuits d'un début de printemps.
Dans la cabine, le couchage était bien plus acceptable, bien qu'un peut étroit, même à l'échelle des petits peuples d'Eana. Il s'y dégageait quelque chose de cosy et de familial : de nombreux dessins couvraient les murs de bois, certains de la main d'enfants, et quelques portraits de la famille Pitrecorde étaient suspendus au milieu des plantes et des fleurs qui tentaient de sécher là. Le tout dégageait une odeur d'herbe qui distrayait des effluves humides du bateau.
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