Lyvin Veronis
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Lyvin sentit une vague d'émotion l’envahir à la vue de Podness sain et sauf. Les retrouvailles avaient toujours un caractère poignant, mais cette fois-ci, le mélange de soulagement, de fatigue et d’inquiétude lui fit monter les larmes aux yeux. Après avoir gentillement repoussé Pactol, il se détourna brusquement, essuyant d'un revers de manche ce qu’il voulait faire passer pour des gouttes de pluie. Il inspira profondément, cherchant à retrouver son calme. Pas question que les autres le voient dans cet état.
Quand il se retourna vers Podness, le sourire ému avait laissé place à une expression d’exaspération croissante. Ses sourcils se froncèrent, et sa mâchoire se serra alors qu'il observait le gnome tremblant dans ses vêtements trempés, entouré de son chien et de sa petite harde. Lyvin s’avança d’un pas sec, la lanterne toujours en main, et planta son regard perçant dans celui de son ami.
— Mais qu’est-ce qui t’a pris, bon sang ?! rugit-il, sa voix vibrante d’inquiétude contenue. Partir seul, dans ce brouillard, sans même attendre qu’on se regroupe ? C’est de la folie, Podness ! De la pure folie !
Il s’interrompit, cherchant ses mots, et fit un geste désespéré vers Pactol et les chevaux.
— Et si tu étais tombé sur quelque chose de pire qu’un mauvais chemin ? Hein ? Si Pactol n’avait pas pu te ramener ?! On aurait dû deviner où tu étais, toi et ton fichu flair pour les ennuis, et ça aurait pu nous coûter des heures précieuses, voire pire.
Lyvin s’avança encore, prenant Podness par l'épaule, ses yeux dorés brillant dans la lueur de la lanterne.
— Tu as eu de la chance cette fois. Mais la prochaine ? Si je n’avais pas eu l’idée d’utiliser cette lanterne, où serais-tu maintenant ?
Un silence retomba autour du groupe, à peine troublé par le sifflement du vent et le grincement du ponton sous leurs pieds. Même Pactol, habituellement joyeux et remuant, s’était tassé aux côtés de Podness, sentant la tension palpable dans l’air.
Puis, comme pour alléger l’atmosphère, Lyvin souffla longuement, se passa une main dans les cheveux et reprit, cette fois avec une note plus douce, presque contrite :
— Je suis juste... soulagé que tu sois là, d'accord ? Mais sois plus prudent la prochaine fois.
Il se détourna, observant le brouillard épais autour d’eux, comme pour s’assurer que rien d’autre ne surgirait de l’obscurité.
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