Nouveau monde ou paradis perdu ?

Qualité de l'interprétation du personnage (RP) Allant de 1 à 5 :
  • 1 : Interprète très mal son personnage, en contradiction avec son alignement, etc...
  • 2 : Interprète assez mal son personnage, (vague omniscience, utilisation d'informations hrp)
  • 3 : Interprète correctement son personnage.
  • 4 : Interprète bien son personnage et le fait évoluer, utilise ses traits, son background, etc...
  • 5 : Interprète très bien son personnage et lui donne une personnalité identifiable qui contribue à en faire un personnage mémorable.
Qualité de jeu en groupe, de 1 à 5 (jeu) :
  • 1 : Ignore ou empêche le groupe de faire évoluer les situations qui sont crées, qu'elles soient utiles au scénario ou non.
  • 2 : Ignorer ou empêche un joueur ou le MJ de faire évoluer les situations qu'il créé.
  • 3 : Joue dans le sens du groupe.
  • 4 : Permet à un autre joueur ou MJ de faire évoluer ou de créer des situations de jeu ensemble.
  • 5 : Permet au groupe de faire évoluer ou de créer des situations de jeu ensemble.
Qualité de forme (qualité) de 1 à 5 :
  • 1 : Fautes de français nombreuses et non respect des conventions d'écriture.
  • 2 : Lecture globalement désagréable ou peu compréhensible.
  • 3 : Qualité correcte.
  • 4 : Bonne qualité d'écriture, inventivité, synthétique ou facilement compréhensible.
  • 5 : Très bonne qualité d'écriture, style propre.
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Plus lourde des précieux documents et des quelques possessions de feu son époux, Elindine se glissa par le passage vers l'extérieur : un ingénieux dispositif qui avait bien dû faire baver Nedru. S'était-il imaginé possédant tout un réseau de hangars aussi astucieusement agencés au port de la Cité-Franche ? Sans doute... Mais Elindine ne devait pas penser à ça, pas maintenant.

La roublarde s'efforça de détourner ses pensées du meurtre tout récent dont elle était l'autrice et de la sensation écœurante du sang séchant sur ses vêtements. À la place, elle tâcha de se concentrer sur leur tâche présente : fuir dans un lieu sûr. Facile à dire, Elindine avait bien entendu le barouf depuis la salle d'étude et même la silhouette d'Irina (probablement) voltigeant au dessus d'eux ne parvint pas tout à fait à la rassurer. Y avait-il encore un endroit dans cette maudite ville à l'abri de toutes les volonté meurtrière que Fëanor et elle canalisair présentement ? Pouvaient-ils rentrer chez la mère de famille dès maintenant ? Elle soupira brièvement, hocha la tête vers Fëanor et le suivit dans la ruelle.

Le prêtre finit par lui proposer quelque chose : faire en sorte qu'Irina vienne à eux ou au moins lui signaler leur présence. Risqué, mais intéressant, peut-être autant pour eux que pour elle. Tout en continuant à courir aussi silencieusement que possible, concentrant au moins son ouïe pour continuer à suivre leur monte-en-l'air, Elininde répondit en chuchotant :

"On peut essayer, mais juste avec un clic bref, pas plus. Si elle ne peut ou ne veut pas nous rejoindre il faudra faire sans."

Tout en essayant de suivre "Irina" sans foncer dans d'éventuels gardes, Elindine essaya de réfléchir à si elle avait repéré un endroit qui pourrait leur servir de planque, au moins pour cette nuit et la journée suivante, quelque part en ville. Jusqu'ici ils avaient toujours pu compter sur les ressources d'habitants soucieux les trouvant utile à leur cause, mais à présent il faudrait peut-être faire sans.

02/06/2024 22h07
Nezami
Nezami

Ils attendirent d'avoir tourné l'angle de la ruelle pour que Fëanor sorte une nouvelle fois son clic pour l'utiliser d'un coup très rapide. Ils remirent ensuite en route non sans avoir jeté un œil en arrière. Visiblement, ils n'étaient pas suivis pour le moment, mais du remue-ménage se faisait du côté de l'entrée principale. Ce n'était qu'une question de temps pour qu'un groupe de soldats ne rappliquent dans les environs. Il fallait donc mettre les bouts en vitesse.

Il poursuivirent leur chemin dans la ruelle, tout droit, jusqu'à une croisement. La ruelle se divisaient en une patte d'oie. Sur la droite, ils aperçurent la forme féline de leur compagne qui descendait précautionneusement d'une maison basse. Arrivée à leur niveau, elle les regarda un moment, silencieuse, le regard oscillant en reproche et complicité :

- En toute discrétion, fit-elle simplement pour résumer leur soirée. ça valait bien la peine de me faire la leçon pour épargner des sentinelles qui pourraient maintenant nos reconnaître...

Sans plus attendre, elle posa sa bandoulière et ses armes au sol pour retirer sa tunique :

- dépêche-toi d'enlever ta chemise, "Suenia", pendant que "Fanny" monte la garde. Je serai plus discrète que vous deux alors... Quitte à avoir l'air d'avoir pris un bain de sang, mieux vaut que ce soit moi.

Elle lui jeta sa tunique et se couvrit la poitrine en attendant la réciproque. Même à ces latitudes, les nuits étaient fraiches... à moins que ce ne fut de la pudeur.

- Au cas où vous y pensiez, ne repassez pas chez moi. Trop dangereux. Chez Vittorio non plus. Surtout si vous avez réussi votre coup et récupéré ce que vous aviez à prendre dans le hangar. Trouvez-vous une planque déserte, n'en sortez pas tout de suite, et que l'une d'entre vous vienne nous trouver Vittorio ou moi, en pleine journée, seule, naïve et désargentée. On avisera alors.

Dès que la roublarde lui eut transmis de quoi se vêtir, elle reprit ses affaires et tendit les mains vers un renfort de métal qui semblait éviter l'effondrement d'un petit garage. Elle s'apprêtait à remonter vers les toits.

- Bon courage à vous, les filles !

03/06/2024 12h17
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Elindine observa les petites piques d'Irina d'un œil fatigué. Sa dernière remarque sur l'état de sa chemise fut accueillie avec un soupir amer, mais elle n'ajouta rien, échangeant plus que volontier son vêtement ensanglanté contre la tunique de leur alliée. Ne plus être entièrement recouverte du sang de Nedru avait le mérite de ne pas lui rappeler sa mort à chaque mouvement. La roublarde défit le lassage de son col et le passa par dessus sa tête pour se dévêtir, sans chercher à se couvrir. Les nuit moites d'Acoatl lui semblaient estivales, comparées à celle du Cyfandir, et sa pudeur se tenait proche du zéro de toute manière, elle voulait juste faire ça vite.

Une fois l'échange effectué, Elindine se contenta de noter mentalement les portes qui se fermaient à Fëanor et elle, ravalant un juron à l'idée des objets qu'elle avait stocké chez Irina en pensant pouvoir récupérer sa propriété par la suite. Mais elle ne dit rien. Peu importait la légitimité de ses réserves, elles étaient probablement mesquines face à la sûreté des deux enfants de la mère. Alors, sans même regarder le départ de leur étonnante alliée alors qu'elle escaladait à nouveau les étais pour regagner les toits, Elindine bifurqua en direction du port. Pendant ses errances en ville, elle avait remarqué un certain nombres de bâtisses abandonnées dans le quartier du port, l'une d'elle ferait sans doute l'affaire, tant qu'ils n'y restaient pas trop longtemps. Avec un peu de chance, la proximité des remparts et les rumeurs sur les noyés tiendraient les moins courageux à distance et laisseraient seulement venir les plus bêtes.

D'un pas leste et silencieux, elle entraîna Fëanor dans un réseau de ruelles etroites, prenant le chemin le plus sûr pour semer n'importe qui et rester le plus discret possible. Heureusement pour eux, la plupart des maisons avaient été bâties à la manière de la Cité-Franche, une architecture familière pour Elindine. Alors, comme guidée par un instinct surnaturel, la roublarde se coula dans les rues, observant les façades, les portes, les fenêtres, les accès aux rues, la hauteur des toits, cherchant la meilleure planque comme un rat son trou pour échapper aux chats du boulanger, à la souricière et aux humeurs belliqueuses de ceux prêts à tuer pour avoir un peu plus.

[Jet de survie avec avantage + assistance divine : 19 + 1 = 20]

Console R.P.

Lancé de 1d20+5 ~ [14] : 19

Lancé de 1d20+5 ~ [1] : 6

Lancé de 1d4 ~ [1] : 1

03/06/2024 22h01
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Elle les avait entendu ! L'ombre qu'ils avaient vu sauter sur le toit les rejoignit lorsqu'ils eurent atteint le prochain croisement. Fëanor fut rassuré, il s'agissait bien d'Irina.
Mais il n'eut pas le temps de lui poser les questions qu'il avait en tête car elle s'en chargea elle-même, plaçant les petites piques dont elle avait le secret.

Merci, je ne me sentais pas assez coupable... se fit-il intérieurement.

Etait-ce d'ailleurs la bonne voie ? Il devait bien y avoir un moyen d'embellir ce monde sans recourir au meurtre et à la violence... Semer la mort ne ferait qu'entretenir la spirale infernale de la vengeance et de la haine ! N'est-ce pas ?

Répondant à Irina par un pauvre sourire, Fëanor jeta un oeil rapide vers la ruelle d'où il venaient... sans rien voir. Les gardes avaient-ils décidé de rester sur place ? Étaient-ils partis dans une autre direction ?
La seconde suivante, revenant à ses interlocutrices, il découvrit une jeune femme à moitié dénudée...
Cramoisi, le prêtre se tourna instantanément et fixa intensément la ruelle !

- Je ne... Hum... Désolé je... bredouilla-t-il en cherchant ses mots et son souffle.

Toujours personne en direction du hangar... Cela devenait suspect ! Il écouta d'une oreille les conseils de leur guide, n'osant plus se retourner pour le moment.

Finalement, quand ils repartirent, ils avaient une destination.
Comme il le pensait, ils ne pourraient pas se rendre chez Vittorio ou Irina.
Le duo avança à travers les ruelles, le prêtre donnant des conseils à la rôdeuse quand il reconnaissait les lieux, lui évitant certains culs de sac ou rue trop exposée.
Il avait l'intime conviction d'être suivi, aussi firent-ils de nombreux détours, profitant de toutes les astuces qu'ils connaissaient pour semer d'éventuels poursuivants ou espions.

Console R.P.

Lancé de 1d20+6 ~ [5] : 11

Lancé de 1d20 ~ [15] : 15

Lancé de 1d8 ~ [6] : 6

Edition 06/06/2024 10h12 par FroloX
04/06/2024 23h05
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Finalement, après un moment à fouiller les ruelles et avec les indications de Fëanor, Elindine identifia deux options viables pour leur refuge : un grenier et une cave. Les deux avaient leurs avantages et inconvénients, et sans doute que la cave en elle-même était plus sûre : plus discrète, plus protégée, mais la voleuse et le prêtre en avait eu assez des terriers sombres pour toute une vie et plus encore une seule journée après avoir passé un trop long moment dans un sous-sol. Elindine frissonna et regarda le jeune homme avec un sourire forcée.

"Je ne sais pas pour toi, mais je ne peux pas passer encore une nuit dans un lieu pareil." euphémisa-t-elle.

Le melessë semblait de son avis. De toute manière, dans un premier temps, il fallait dormir. Un grenier aurait sans doute de vieux sacs de toile pour faire une couche correcte et ils pourraient faire deux cycles de 4h de sommeil chacun pour être bien reposés, quitte à ne pas avoir le ventre plein. Elindine soupira, chaque chose en son temps.

Console R.P.

Lancé de 1d20 ~ [3] : 3

05/06/2024 08h11
Nezami
Nezami

Les deux compères filaient dans la nuit claire de Laälmath. La lune commençait doucement à descendre et les ténèbres s'approfondissaient encore alors qu'ils cherchaient leur chemin efficacement, tels des ombres, dans les rues désertes. Revenus rapidement et sans heurt dans le quartier du port, il avaient fait quelques tours dans des rues qu'ils connaissaient pour trouver un lieu tranquille. Leur dernière expérience des sous-sol les avaient éloignés d'une cave assez bien sécurisée dans une impasse déserte. Ils y avaient préféré un petit grenier plus aéré donnant sur un rez-de-chaussée encombrée. Une entrée intérieure, une autre extérieure, plusieurs fenêtre. a multiplicité des voies de sortie avait clairement été privilégiée.

A bien y regarder, ces rues n'étaient pas si désertes. Certes, aucune milice nocturne ne faisait de maraude dans ce genre de quartiers, mais il n'y avait pas pour autant "personne". Des formes saillaient ça et là. Des ombres nocturnes, tristes, fragiles, cassantes, trouvaient un repos précaire sous une arche, sur un pas de porte, dans une impasse. Ces indigents n'étaient pas très nombreux mais ils existaient, oubliés de tous.

Elindine avait l'habitude des rues et des peuples des villes. Et Fëanor connaissait bien la misère et ses maux. Tous deux comprirent assez vite que leur petit manège était palpable pour ces créatures frêles et brisées par le système. Lorsqu'on peut vous voler vos maigres possessions à tout moment, le plus léger des pas vous alerte. Votre capacité à dormir d'un seul oeil est décuplée. Il n'était donc pas exclu que ces malheureux fassent office de mouchards. Soit pour obtenir quelques subsides des autorités, soit simplement parce qu'ils seraient sans doute interrogés sans douceur à un moment ou à un autre. Il ne fallait donc pas se faire voir en pénétrant dans la planque !

Pour ce, ils choisirent les toits. Malgré leur fatigue, leurs membres désormais rompus aux activités aériennes les portèrent avec beaucoup d'aisance. Un petit appentis leur servit de marchepied. Puis de toits en toits, ils parvinrent jusqu'au grenier. La porte n'était pas verrouillée. Derrière, en revanche, un petit loquet avait été ajouté. Dernièrement, cette pièce avait dû devenir un logement à part entière... avant d'être désertée.

Il n'y avait aucun mobilier mais trois paillasses qu'ils purent utiliser sans faire les difficiles. leurs corps épuisés les lâchait finalement. Fëanor se précipita dans une rêverie qui ressemblait presque à un coma. Elindine, elle, se laissa tomber sur la paille pour n'en plus bouger. Pour autant, le sommeil ne la trouvait pas. Trop d'images dansaient dans sa tête. Trop d'émotions contradictoires. Trop de choses qui avaient changé en quelques semaines, en quelques jours, en quelques heures. Elle s'endormit avec les premières lueurs de l'aube alors que le demi-elfe ouvrait doucement un oeil embué.

FIN DU CHAPITRE

Console R.P.

Distribution de 633px (Notes) à Fëanor de Torea

Distribution de 531px (Notes) à Elindine d'Enumasam

Distribution de 1000px à Elindine d'Enumasam

Distribution de 1000px à Fëanor de Torea
Fëanor de Torea gagne un niveau !

Edition 05/06/2024 23h50 par Nezami
05/06/2024 23h29
Nezami
Nezami

CHAPITRE IV


Alors que le soleil se levait et que la voleuse s'endormait d'épuisement, ses hantises s'échappant finalement de guerre lasse, Fëanait eut tout le temps d'étude l'étroit espace qu'ils occupaient. Mais à vrai dire, il passa surtout le plus clair de son temps à méditer et à se concentrer sur sa foi. Il avait le sentiment que ces expériences l'avaient renforcé, donné plus d'assurance et de confiance de sa déesse. Il prit le temps d'explorer tous les recoins de son corps pour détendre ses muscles et ses articulations. En même temps, il surveillait le sommeil de son ami. Quelques tressautements se faisaient parfois sentir. Pourtant il semblait que ses traits s'apaisaient. Elle aussi semblait avoir changé en quelques semaines.

Elle s'éveilla finalement en début d'après-midi et les deux amis purent enfin explorer les lieux. Un peu plus de quatre mètres de large sur une dizaine de longueur. Trois paillasses s'étendaient le long des murs sur tout un côté du grenier. De l'autre côté, quelques débris de caisses, un tonneau vide, la porte qui donnait sur l'escalier et, au fond, la petite trappe d'accès à l'étage inférieur. Les fenêtres étaient légèrement entrecroisées mais une lumière chaude traversait la pièce par la fenêtre du côté de l'escalier. Toucher aux paneaux de bois qui la fermait paraitrait nécessairement suspect. Il faudrait sans doute modifier au minimum cette partie, mais l'espace proche de la trappe offrait une lumière indirecte autant qu'un abri des regards. En effet, l'autre fenêtre donnait sur un mur à guère plus d'un mètre de distance. Elle pourrait, au besoin, offrir une issue vers le haut ou le bas, mais peu d'éclairage.

En dessous, la masure sentait le moisi. La seule ouverture était une vieille porte qu'il valait mieux éviter d'ouvrir autant que possible. ses coins partaient en lambeau, ses gonds couinaient, l'embrasure avait du jeu... D'ancienne fenêtres aujourd'hui calfeutrées offraient une voile lumineux qui permettait de s'y déplacer normalement, mais qui serait difficile à supporter pour étude durable de textes écrits - même pour un mëlesse. Il faudrait coupler des temps courts de lectures à des temps longs de repos pour ne pas mettre sa vue en danger.

Et c'était oublier que cette pièce était une véritable remise. Plus vaste que le grenier au-dessus, elle paraissait toutefois plus petite tant l'amas de caisses, d'armoires, de vieux meubles en tous genres et d'étagères la rendait difficile à circuler. Vers la porte, l'espace était un peu plus dégagé et ménageait une sorte de coin repas avec une table ronde et des chaises. dans le mur oppose à la trappe était aménagé un petit espace qui avait dû faire office d'âtre.

Les deux âmes égarées avaient bien des choses à penser à organiser dans les heures à venir. Il leur faudrait aussi continuer à panser leurs plaies à l'âme sans perdre de vue leur objectif. Pour espérer quitter cet endroit un jour, il faudrait trouver la relique arrachée à la cité enfouie dans la forêt. Il faudrait aussi mieux comprendre quelle était cette entité qui y résidait et qui semblait si puissante. Enfin, décider d'une stratégie pour faire en sorte qu'elle cesse d'emprisonner cette cité dans ses propres contradictions. Le tout dans un contexte explosif au sein même de la ville de Laälmath, de plus en plus soumise à la famine et aux tensions entre classes sociales.

Edition 06/06/2024 23h10 par Nezami
06/06/2024 23h10
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Le lieu qu'ils investirent n'était pas parfait, mais il était vide de présence humaine et les trois paillasses à peu près en bon état étaient une bénédiction. Après un rapide tour de sûreté pour s'assurer que la mansarde et son rez-de-chaussée étaient vraiment inoccupés, Fëanor et Elindine purent s'allonger. Le prêtre sombra presque immédiatement dans un profond sommeil. La jeune femme, elle, n'y parvint pas. Elle avait beau essayé de ne pas penser à Nedru et à un futur au delà de Laalmalt, ses pensées y revenaient invariablement.

Qu'allait-elle dire aux parents du sorcier ? Aussi pénible et retors ait-il été, son père et sa mère étaient d'honnêtes marchands et de bonnes personnes. Aussi généreux et intègres que puissent l'être des gens de leur rang à la Cité-Franche, en tout cas. Ils avaient offert la main de leur fils unique adoré à la fille cadette de sa famille, par amitié, pour les aider dans un moment difficile, même si Elindine avait été la plus mal placée pour apprécier le geste. Chez elle c'était tout de même un signe de loyauté plus que significatif entre les Galanterra et les Enumasan.

Pensivement, la roublarde sortie la pochette dans laquelle elle avait spécifiquement placé les affaires de feu son époux. Ses doigts effleurèrent la mèche de cheveux toujours nouée à sa chevalière et elle dut porter une main à sa bouche pour retenir un violent haut-le-coeur et ne pas réveiller Fëanor.

Après quelques minutes passées à essayer de calmer ses tremblements, Elindine retourna à son sac et en sortit l'alliance de Nedru. Elle retira délicatement la sienne de son doigt et les deux anneaux rejoignirent le médaillon d'or qu'elle portait à son cou. Elle n'avait pas aimé son époux, pas comme une femme est sensée aimer son mari en tout cas, pas vraiment non plus comme on aime un ami, ni comme on peut aimer un compagnon de couche.

Elle n'avait pas de respect pour ses origines ou son caractère, mais elle en avait eu pour ses objectifs, son ambition, ses qualités de partenaire en affaire. Nedru avait été un invariant de sa vie, du petit garçon gâté et franchement insupportable qu'on l'avait forcée à fréquenter parce que leurs parents étaient amis, à l'homme qu'elle avait dû épouser. Un adieu aurait été difficile à encaisser, que ce fût par sa propre main ajoutait une couche de culpabilité inattendue de par son épaisseur.

Elle lâcha un gros soupir et se décala légèrement auprès de Fëanor. Qu'est-ce qu'il pensait de ce qu'elle avait fait, lui qui rechignait à tuer un inconnu ? Il n'avait rien dit, mais elle n'avait pas vu non plus de jugement dans son regard clair... Elindine soupira à nouveau, puis sourit, avant de s'occuper comme elle pouvait en commençant à tresser méticuleusement les longs cheveux du prêtre, autant pour se détendre les doigts que la tête. Le geste la calmait, la ramenait à des moments simples et doux, avec sa sœur, avec la vraie Suenia, dont elle avait emprunté le nom comme pour la ramener en Acoatl, moins lointaine. Le petit frisson du risque, de voir combien de ces tresses compliquées elle pouvait faire, juste avec ses doigts, sans peigne ni lumière, sans réveiller le melessë si attentif, parvint enfin à faire le vide dans son esprit. Le défi l'occupa jusqu'à ce que ses gestes deviennent moins adroits et que le sommeil, finalement, la cueille au petit matin, roulée en boule sur sa couche.

Console R.P.

Lancé de 1d20+4 ~ [2] : 6

Lancé de 1d20+6 ~ [17] : 23

Edition 07/06/2024 09h54 par Elindine
07/06/2024 08h57
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Epuisé, Fëanor avait sombré dans un profond sommeil. Agité certes, mais même la coiffure maladroite d'Elindine ne parvint à l'en sortir avant un long moment. Cette journée avait été bien plus éprouvante que le prêtre l'avait pensé. Mettre à mort un homme, qu'il avait côtoyé quelques jours auparavant, avait serré le coeur et l'âme du candide jeune homme.
Il ne pouvait qu'imaginer la douleur que la jeune femme ressentait en ce moment.

Ses rêves le ramenaient des années en arrière, sur l'île de Motunui. Sa mère, Míriel, lui chantait une chanson alors qu'il s'endormait paisiblement. Elle lui passait les mains dans les cheveux, lui souriant doucement.

Tu trouveras le maître du temps, je le sais, Nolwë me l'a dit. Écoute ton cœur et mes chansons...

La voix douce de la grande prêtresse du temps résonnait dans la tête de Fëanor. Se relevant d'un bond, ouvrant les yeux sur la lumière éclatante du jour, il s'écria...

- Mam... !

Aveuglé par le soleil qui inondait la pièce en cette fin de matinée, son esprit revenant au présent en un instant, il étouffa son cri avant qu'il ne monte trop haut...
Ils étaient en planque ! Il ne devait surtout pas être repéré avant qu'ils puissent étudier les documents si durement acquis. Et...

Par la main de glace de ma dame, que ? s'interrogea-t-il en sentant un poids dans son dos, tirant doucement sa tête en arrière.

Il passa la main dans son cou, puis dans ses cheveux... et découvrit la tresse faite par Elindine. Cherchant la fautive, il la trouva rapidement, juste à côté de lui, endormie.
Son ire se calma aussitôt devant le spectacle touchant qu'elle offrait. Un filet de bave s'échappait de sa bouche entrouverte. Son dos de travers, le manque de sommeil avait eu raison de sa résistance. La roublarde avait certainement veillée sur lui, s'occupant les mains comme elle pouvait pour tenir.
Fouillant la pièce du regard, il chercha de quoi la couvrir... Tout ici était moisi et sentait le rance. Il fallait oublier cette idée pour le moment. Alors tout doucement, il se releva, étirant ses muscles endoloris. Il devait faire attention de ne pas être visible par les fenêtres... Il hésita un instant, cherchant comment il pourrait l'installer un peu mieux.

- Merci Elindine pour avoir veillé sur moi. chuchota-t-il pour lui-même.

Il devait au moins poser sa tête sur le coussin de paille... Sinon elle se réveillerait avec le cou raide et le dos en compote !
Mais les dieux en décidèrent autrement. Son pied butta dans sa sacoche et il perdit l'équilibre. L'instant suivant, il s'affalait sur la pauvre Elindine !
S'écartant aussitôt...

- Pardon... Désolé... Je... se confondit-il en excuse.
" Je ne voulais pas te réveiller je...
" Mais quel maladroit je fais !

Les joues cramoisies, la tête basse, il ne savait pas où se mettre.

Elindine glapit sous le poids soudain d'un corps s'affalant sur elle et elle l'aurait fermement repoussé elle-même si Fëanor n'avait pas été plus rapide, s'écartant vivement comme on tire sa main d'une flamme.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota-t-elle, l'air grogui et passablement perdue, mais rendue néanmoins assez alerte par la peur
" Quelqu'un vient ? Ils nous ont déjà retrouvé ?

- Non, tout va bien ! expliqua Fëanor juste assez fort pour qu'elle l'entende à travers le voile de son demi-réveil.
" Tu peux te rendormir. J'ai seulement trébuché... Pardon.

Elindine cligna des yeux, se rasséréna peu à peu. Elle fixa un instant le prêtre avec des yeux ronds et pouffa.

- Eh bah ! Je t'ai pas raté... fit-elle en défaisant une des plus petites tresses qui partait en épis d'une plus grosse.

La voleuse bailla longuement, se frotta un œil mollement, puis se retourna pour tenter de se rendormir dans une position plus confortable.

- Bonne journée... murmura-t-elle, d'une voix qui masquait une sorte d'inquiétude.

Fëanor se surpris à rester ainsi à la regarder se rendormir pendant de longues minutes. Ses pensées vagabondaient, listant leurs objectifs.

Tout d'abord, ils devaient faire quelques changements à leur planque, afin d'éviter de se faire repérer, mais aussi, profiter des lieux au mieux. Il allait falloir prendre d'infini précautions pour ne pas effectuer de changements extérieurs qui pourraient attirer l'attention ou trahir leur présence.

Par la suite, l'étude des documents allait l'occuper... Ainsi que les objets nouvellement acquis pour en comprendre le fonctionnement et apprendre leur utilité, dans la mesure du possible.

Le prêtre s'installa dans un coin de la pièce où il était sûr de ne pas être vu par les fenêtres, tout en gardant un oeil sur Elindine.
Il sortit les différents documents, et commença tout d'abord par les classer, pour repérer ceux les plus importants pour eux afin de les étudier en priorité.

Console R.P.

Lancé de 1d20+7 ~ [2] : 9

Lancé de 1d20+4 ~ [1] : 5

Edition 12/06/2024 22h45 par FroloX
07/06/2024 22h12
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Pendant un temps, la fatigue sembla prendre le dessus sur ses rêves et Elindine parvint à dormir paisiblement. Mais alors que le jour progressait et avec lui la chaleur moite des rue de Laälmatl, le repos de la voleuse se troubla de cauchemars envahissants. Ses angoisses et les images de la veille se mêlèrent à des souvenirs plus anciens, la sensation poisseuse du sang à celle de la plaie étrange infligée par le poisson monstrueux. La voix de Nedru résonnait, la peur dans son regard et des questions. Comment pourrait-elle rentrer à la Cité-Franche après avoir avoir assassiné son propre mari ? Comment pourrait-elle faire face à la famille du jeune homme, ayant perdu leur fils unique de sa propre main ? Est-ce qu'elle allait seulement pouvoir revoir ceux qu'elle aime ? Si seulement elle survivait... Des excuses et des mensonges se formaient encore et encore dans sa tête, Elindine se tournait et s'agitait sur sa paillasse, cherchant désespérément à discipliner ses idées pour penser à autre chose, en vain. Alors elle soupira et ouvrit les yeux une bonne fois pour toute, renonçant à davantage de sommeil pour apaiser un peu son esprit angoissé.

La jeune femme roula silencieusement sur le flanc pour regarder Fëanor, penché au dessus des papiers, les classant avec soin. Un petit sourire en coin étira ses lèvres. Dans sa robe simple, il avait vraiment l'air d'une jeune femme humaine, si ce n'était le petit bout d'oreille pointue révélé par ses doigts, lorsqu'il y repoussa une mèche encombrante qui retomba presque aussitôt devant ses yeux. Et lui ? Que pensait-il d'elle à présent ? Elle étouffa un grognement. Depuis quand elle se souciait vraiment de son avis, au juste ? La coopération entre l'antiquaire voleuse et le mignon petit prêtre était plus une démonstration de leur esprit pratique et de leur manque d'options que d'une réelle complicité naissante, encore moins d'une loyauté durable.

Doucement, mais en faisant assez de bruit pour ne pas le surprendre, Elindine s'approcha du melessë, tirant sa paillasse pour s'asseoir en face de lui.

"Hey..." souffla-t-elle "Du nouveau ?"

18/06/2024 18h33
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Fëanor n'avait pas chômé pendant les quelques heures du repos perturbé d'Elindine. Concentré à sa tâche, il avait néanmoins constaté le trouble de la roublarde, prisonnière du pays des songes et certainement de ses sombres pensées. Pourtant, il n'y avait rien qu'il puisse faire pour l'aider à son grand désarroi.

Le contenu des deux sacoches étaient maintenant soigneusement classés et il avait une idée plus précise de ce qu'il pouvait y découvrir ou en attendre. Louée soit Nolwë, il y avait là de quoi l'occuper pendant les jours à venir et l'espérait-il, répondre à leurs interrogations.
Rangés par catégorie, il avait tout d'abord trouvé plusieurs carnets de note, écrits en langue de la Cité Franche ou dans des patois approchants. Les premiers remontaient à plusieurs années et les derniers à quelques mois. Ils étaient organisés comme des chroniques, sans doute écrites par plusieurs personnes différentes. D'après son analyse rapide, il s'agissait de journaux des membres des expéditions de fouilles archéologiques.
Ensuite, il y avait trois volumes reliés en mode déco d'un recueil de nouvelles, appelé "Contes des mers et des sables". Écrit avec une très belle typographie, ils compilaient plusieurs histoires différentes de pirates, de palais dans des déserts, etc... La présence de ces ouvrages étonnait Fëanor, mais ils devaient bien avoir un intérêt pour Nedru, au delà de l'aider à s'endormir le soir. Peut-être qu'Elindine avait son idée sur le sujet.
La troisième pile contenait plusieurs livres de comptes et de registres du port. Ils étaient essentiellement composés de chiffres et d'inventaires des cargaisons. Peut-être permettraient-ils de suivre les excavations, mais plusieurs venaient directement de la chancellerie du gouverneur Holderling. De plus amples renseignements sur ce fameux gouverneur ne seraient pas du luxe.
A côté, cinq tablettes en bois étaient couvertes d'idéogrammes inconnus du jeune prêtre. Le bois, vieux, était en assez bon état, d'un rouge sombre veiné de noir. Un peu comme les troncs de certains arbres vus lors de leur escapade hors de la ville.
Non loin, il y avait un traité d'archéologie rédigé en Cyfand, un traité sur les grandes familles de Laälmath ainsi qu'un ouvrage assez lourd et ancien écrit à la main dans une langue codée d'arcaniste.
Fëanor se savait capable de décoder ce language, mais cela lui prendrait du temps.
Pour finir, cinq parchemins s'empilaient devant lui. Trois d'entre eux, écrits aussi en langue étrange, avaient dégagé une force magique latente qui nécessitait une étude approfondie. Les deux autres leur permettraient d'identifier des objets de fouilles et leurs propriétés "naturelles et extra-naturelles". Le prêtre en avait les yeux qui brillent d'avance et mourrait d'envie de les utiliser.

Il venait de reposer ces derniers lorsqu'Elindine se réveilla pour de bon.
En réponse à sa question, il désigna les documents organisés devant lui.

- Je vais avoir de quoi lire... Et toi aussi, si tu veux bien.
" Mes notions de Cyfand laissent à désirer...

Puis il désigna les parchemins.

- Les objets que nous avons récolté au hangar pourraient même nous révéler leurs secrets grâce à certains de ces rouleaux, expliqua-t-il.

Il préféra éviter le sujet de son sommeil, qu'il savait agité. Si elle voulait lui en parler, ce serait de sa propre initiative.

Edition 21/06/2024 15h29 par FroloX
21/06/2024 15h25
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Le nez de la jeune femme se fronça immédiatement, quand le prêtre lui annonça qu'elle allait, elle aussi, devoir prêter main forte dans l'étude des documents. Elindine avait noté que le Cyfand de Fëanor était... Disons spécial. Mais elle avait tout de même espéré qu'il puisse lui épargner de plonger le nez dans tous ces bouquins. Elle n'avait pas fui la boutique d'antiquités et ses affreux livres de compte pour être forcé à en consulter d'autres, et même pas les siens en plus. Du coin de l'œil elle pouvait justement apercevoir une grille comptable typique des ports francs, dont la seule vision lui donna le tourni. Dans un gémissement plaintif, Elindine s'étendit sur sa paillasse.

"Je suis vraiment obligée ?" demanda-t-elle en levant des yeux de chien battu vers le melessë.

La voleuse n'avait pas exactement ce genre de charme là et les suppliques ne lui seyait guère. Si bien qu'elle arrêta très vite ses simagrées pour mieux gromeler.

"J'ai jamais aimé étudier. Je suis pas bête, mais..." elle laissa sa phrase en suspend, mais avec un peu d'attention Fëanor n'aurait pas pu manquer l'ombre qui passa un brièvement dans les prunelle mordorés, avant qu'elle ne secoue la tête, chassant l'idée noire pour finalement reprendre "En tout cas il est hors de question que je me farcisse cette paperasse le ventre vide. Je crève de faim." soupira-t-elle finalement, sans mentir.

24/06/2024 21h52
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Apparemment, Elindine n'était pas motivée pour participer à l'effort de lecture. Elle le supplia même de ne pas prendre sa part... Malheureusement, ils n'avaient pas le choix, les connaissances de Fëanor en Cyfand n'étaient clairement pas suffisantes pour espérer tirer quoi que ce soit d'intéressant de certains de ces livres.

Bête ? Pourquoi pense-t-elle ça ?

Il allait protester lorsqu'elle s'interrompit, plongée dans ses souvenirs. Le prêtre en eut un pincement au cœur. La seconde suivante, elle fit mention de son trou à l'estomac... Ce qui provoqua aussitôt des gargouillis sonore dans son propre ventre.
Le rouge aux joues, il regarda par les fenêtres avec angoisse.

- Je... Je suis d'accord. Mon dernier repas date de bien trop longtemps... Chuchota-il.

Regardant l'enceinte de la ville, ses yeux se posèrent sur les maisons abandonnées autour d'eux. Dans sa tête, il revivait les discussions entre crèves-la-faim venus chercher un bol de soupe auprès des prêtres...

- Mais oui... Fit-il soudain en revenant à Elindine, le sourire aux lèvres.
" Toutes ces bâtisses vides ! Il y a comme une zone tampon qui s'est créée, de peur d'être victime de la malédiction des noyés !
" Il y a donc très peu de risques de voir débarquer qui que ce soit ici...

Son sourire s'estompant, il eu l'air déçu tout à coup.

- Mais cela ne nous amènera pas à manger...
" Par contre...

Fermant les yeux, il serra dans une main le pendentif en forme de flocon de neige qu'il portait toujours autour du cou et ses lèvres bougèrent en silence, comme s'il faisait une prière.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, son sourire était revenu.

- Ma Dame peut nous aider à purifier l'eau et la nourriture que nous pourrons trouver dans les environs.
" Au moins, nous ne devrions pas mourir de faim...

27/06/2024 13h49
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Le rouge qui monta aux joues de Fëanor à l'entente de son gargouillis amena un léger rictus aux lèvres d'Elindine et sa main se porta nonchalamment au front du melessë, dont elle ébouriffa affectueusement la frange avec un petit rire.

"T'ai-je déjà dit combien j'aimais ta magie, Fanny ? Parce que tu nous sauves une fois encore."

La jeune femme se redressa et étira son corps, faisant craquer ses articulations tout en jetant un œil à l'extérieur.

"Ce serait plus amusant d'aller chiper une volaille bien grasse à ces empaffés des quartiers riches, mais j'imagine que nous gagnerons à nous faire discrets quelques temps."

Un frisson parcourut l'échine d'Elindine lorsqu'elle repensa à leur aventure de la veille et elle ferma les yeux brièvement pour tenter de chasser une image.

"Donc... On part des remarts et on explore en revenant progressivement vers le centre-ville, grapillant ce qu'on trouve au passage ? Si les pouvoirs de ta déesse marchent sur l'eau salée, je suis pas contre une toilette un peu approfondie... Je..." Elle déglutit péniblement "J'en ai vraiment besoin." Finit-elle en rapprochant son sac pour se préparer à partir.

25/07/2024 20h38
Nezami
Nezami

Passé l’épisode de la première journée, marquée par le chagrin et le repos, les deux amis se remirent en action. Nous étions désormais loin de la frénésie des jours précédents, en particulier de la dernière nuit, mais une sorte de routine se mit progressivement en place.

La première journée fut utilisée à quelques réaménagements des lieux. Lentement, discrètement et le plus silencieusement possible, ils déplacèrent quelques meubles pour se ménager des espaces de lecture, un couchage plus confortable et un lieu où prendre leurs repas. La discrétion imposant de ne pas faire de feu, ils devraient manger froid.

D’ailleurs la question se posa rapidement à leurs estomacs qui gargouillaient. Le premier jour, Elindine avait furtivement mis les pieds dehors et récupéré diverses denrées pourries qui trainaient ça et là. Fëanor avait pu assainir ces aliments avec l’aide divine que lui apportait sa figure tutélaire. Le résultat en fut un repas gustativement difficile mais suffisamment copieux pour les rassasier.

Les nuits suivantes, Elindine profita de l’obscurité pour aller « chasser » : chasser d’autres aliments pourris, certes, mais aussi attraper quelques rongeurs. Au bout de quelques jours se poserait la question de sortir des remparts, comme le faisait Irina, pour trouver un meilleur butin au prix d’un plus grand risque mais ils n’en étaient pas encore là. Lors de ses sorties nocturnes, la rôdeuse fit la connaissance d’un chat noirot. Il était maigre comme ces mistigris des villes et avait un petit air revêche, mais il semblait supporter la proximité de la jeune femme. Sa patte avant blanche, qui tranchait sur son poil gris/noir/sale, lui donnait une petite touche artistique.

Au bout de quelques jours, la jeune femme remarqua aussi un gros oiseau gris qui suivait ses allers et venues. A une ou deux reprises, la bestiole fit mine de vociférer des mots de langue humaine. De quoi donner la chair de poule. Toutefois, nulle alerte, nulle mauvaise compagnie ne vint perturber les déplacements de la petite bourgeoise, laissant penser que cette bestiole n’était ni les yeux, ni la bouche d’un éventuel mouchard…

Pendant ce temps, Fëanor occupait ses nuits à s’esquinter les yeux sur des textes cabalistiques.

Leurs journées n’étaient pas moins animées. Dans un premier temps, Elindine lut les chroniques en Cyfand avec le plus d’application qu’elle pouvait. Si ses pulsions d’adolescente n’étaient pas loin, elle sentait bien qu’elle ne pourrait pas se soustraire à cette tâche. Et étonnamment, elle finit par prendre du plaisir à ces lectures, lut les passages qui lui semblaient les plus importants à Fëanor et l’aida même à déchiffrer certaines tournures qui méritaient d’être notées. L’histoire remontait à plus de trente ans. Quelques années après le développement de ce comptoir de commerce et des activités minières qui s’y rapportaient, un premier lettré, Afrisco D’Allègria, avait eu des contacts avec les populations indigènes. Il avait pu en déduire la présence d’une grande cité ancienne dans les profondeurs de la jungle. La première expédition en forêt, qu’il mena, fut un fiasco. On ne sut pas très bien comment mais l’équipée fut massacrée ou frappée par des maladies inconnues. C’est en tout cas ce que signale un second lettré plus de 5 ans après la dernière chronique d’Allègria.

On ne retint pas le nom du second auteur, mais plutôt le fait qu’une troupe de mercenaires proposa ses services pour ouvrir un chemin jusqu’aux ruines. Visiblement, l’opération ne se fit pas sans heurts. Les mercenaires tapèrent sur tout ce qui bougeait, subirent des pertes et taillèrent la forêt comme on rase les poils qui dépassent de sa barbe. Pour finalement parvenir à un premier site en ruines. Ceci fait, ils récupérèrent leur prime et disparurent de l’histoire. Le second narrateur s’évanouit à la même époque.

Ce n'est que 6 ans plus tard qu'un magicien de la cité Franche, Goldmund de Tilstard, arriva avec une lettre de cachet pour reprendre les opérations. Il était accompagné d'une bande de gnomes bardés d’équipement étrange, d'une nouvelle équipe de mineurs nains, et de quelques acolytes. Un certain « Thomas de marlborough » revint dans les bagages de Goldmund. Après avoir grandi à Laalmath, le jeune homme était visiblement allé passer quelques années en métropole pour y faire des « études ». Goldmund le disait « très prometteur ». C’était il y a vingt ans.

Une grosse équipe monta jusqu’aux ruines et se mit à déblayer les environs. Les outils des gnomes permirent de découvrir un site plus grand et moins ancien que les premières ruines. La nature de ces constructions était complètement différente. Les lieux, selon le texte, ressemblaient moins à une cité qu’à une immense tombe (ou lieu de recueillement… ou encore un lieu d’étude… le texte n’était pas très évident). La pierre qui formait les lieux était inconnue, noire et massive. Aucune entrée ne fut alors découverte et Goldmund finit par rentrer à la cité Franche en laissant ses notes.

Finalement, il y a 2 ans, les familles Marlborough et Malaval financèrent une nouvelle expédition. Les notes furent écrites par un certain Tibon Sousverre, qui faisait partie d’une bande d’aventuriers menée par une femme, surnommée « La renarde ». Visiblement, du travail avait été fait depuis la précédente tentative pour étudier les lieux, les croquis, les notes diverses, car une entrée fut découverte assez rapidement. Les premières chambres semblaient immenses et une noria de caravanes se mit à ramener des centaines d’objets des tailles les plus variées : Des statues immenses de formes non humanoïdes ou humanoïdes, des disques monumentaux, des sphères de tailles diverses… la liste est sans fin. Tous ces objets semblaient en tout cas mettre en joie notre Tibon Sousverre qui vida des flasques d’encre à décrire les moindres détails des découvertes.

Après plusieurs mois, l’expédition avait subi plusieurs attaques et la sécurité s’était renforcée. La cité Franche avait fini par envoyer une compagnie de la garde blanche, menée par une certaine « Ania Sorokine ». Plusieurs mineurs ou compagnons d’arme avaient été « emportés » dans la forêt. Les recherches furent interrompues un temps. Les échauffourées perdurèrent et les donneurs d’ordre finirent par imposer de reprendre les excavations. On parvint ainsi jusqu’à plusieurs autres salles, de taille plus petite, et des couloirs labyrinthiques. Le tout formait visiblement des cercles concentriques qui débouchaient sur une dernière salle centrale, en hauteur, circulaire, au centre de laquelle trônait un monolithe cubique. Enfin, ce qu’ils croyaient être un monolithe. Les jointures étaient tellement fines qu’elles étaient indétectables à première vue. Le cube de pierre fut ouvert, découvrant… un corps. Pas un squelette, pas un cadavre. Un corps. Maigre, frêle, mais veineux... et impossible à toucher. C’est en tout cas ce que décrivit le narrateur. Et surtout, au-dessus d’une robe noire, semblait trôner une grande sphère sombre percée d’une seule ouverture ovale. Et de cette ouverture s’échappait un râle entêtant. Le récit se poursuivait, si l’on peut dire, par des répétitions de mots ou de syllabes, avec une prééminence de « RRR ».

Il fallait maintenant savoir qui se farcirait les 3 volumes illustrés des « contes des mers et des sables », eux aussi en Cyfand ! Et que feraient-ils des registres comptables récupérés ?
Quand Fëanor comptait-il s’attaquer au lourd ouvrage en langage étrange d’arcaniste ? Et les 5 tablettes de bois rouge ? Sans parler des 3 parchemins cabalistiques et des 2 permettant de mieux comprendre l’usage les caractéristiques des objets qu’ils avaient dérobés dans le hangar ?

07/08/2024 18h52
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Le tout premier jour fut assez dur moralement et mentalement pour Elindine. L'aménagement de leur petit refuge de fortune ne l'aidait pas vraiment à se changer les idées et les premières lectures que lui confia Fëanor ne furent guère efficaces pour la distraire de ses sombres pensées : la jeune femme s'irrita très vite et renonça, préférant mariner dans ses angoisses en taillant des bouts de bois ou en faisant des nœuds complexes avec des cordes ou des ficelles qui trainaient, juste pour s'occuper les mains, y compris dans la nuit, lorsque le sommeil ne vint pas.

Ce n'est que le lendemain, quand elle put enfin sortir, qu'elle retrouva un brin de motivation et un soupçon de bonne humeur. L'air de Laalmath était toujours aussi lourd, même de nuit, même au tout petit matin, mais la roublarde préférait encore les poubelles et la chasse aux rats, à l'étude de papelards et au rangement. En plus des rongeurs aussi gras que le reste de la population était maigre, elle fit la connaissance d'un chat des rues et d'un drôle de volatile. Le premier n'aurait, normalement, jamais attiré son attention, mais il y avait finalement peu d'animaux qui trainaient dans les rues. La famine avait du pousser d'autres habitants à chasser ce qu'ils pouvaient, les chats avant les rats, entrainant la prolifération inquiétante des rongeurs. L'oiseau, quant à lui, était bien plus notable : Elindine n'avait tout bonnement jamais rien vu de tel à la Cité Franche, sa voix grinçante offrait une imitation de la voix humaine aussi convaincante que dérangeante. La jeune bourgeoise en fut tellement retournée qu'elle en parla même à Fëanor, afin de savoir si le prêtre connaissait ce genre de créature et si ce n'était pas un espion ensorcelé. Après tout, lui aussi venait de contrées tropicales.

Le petit prêtre était également devenu une de ses distractions préférées, pour le meilleur et pour le pire. En dehors de la chasse, Elindine n'avait pas grand chose pour ne pas sombrer dans de mauvais souvenirs ou des questions angoissantes et sans réponse, son compagnon de galère était donc un dérivatif plus que bienvenu. La roublarde avait pris l'habitude de revenir de ses expéditions aussi discrètement que possible pour mettre la vigilance du melessë à l'épreuve. Le but ultime de ce petit jeu : parvenir à souffler sur la pointe de l'oreille du jeune homme sans se faire repérer avant. Une gageure, car ce dernier avait tout du rapace nocturne, avec ses yeux d'elfe et son ouïe plus aiguisées qu'elle ne l'aurait cru. Mais elle ne perdait pas espoir d'y arriver très bientôt, en attendant, cela l'occupait. Pour la jeune femme, c'était ce qui s'approchait le plus de moments de complicités, des instants assez rares. Elindine était quelqu'un de réservé qui parlait assez peu d'elle, mais c'était dans ces moments qu'elle pouvait lâcher quelques informations sur la personne qu'elle était, sur sa relation tumultueuse avec ses parents et son petit frère, l'affection qu'elle avait pour sa sœur, sa nièce, son neveu, le dédain pour son beau-frère et même une amie chère.

Pendant la journée, quand les températures étaient trop chaudes et le risque de se faire repérer trop élevé, les deux comparses se reposaient ou lisaient les multiples documents qu'ils avaient récupéré. Elindine en profitait pour apprendre davantage le cyfand et ses subtilités au melessë grâce aux chroniques auxquelles elle avait choisi de s'attaquer en premier. C'était une activité d'autant moins désagréable qu'elle avait une audience attentive en la personne de Fëanor, lors de ces lectures, qui s'avérèrent elles-mêmes plus passionnantes qu'elle l'avait cru à l'origine. Les détails des expéditions, les disparitions des uns et des autres, la description des ruines : tout cela serait fort utile et en apprendre sur ces sujets était réellement captivant. Les personnages évoqués entre ces passages jaunies n'étaient pas moins intéressants. Marlborough en premier lieu évidemment, mais aussi la Renarde, qu'elle avait apparemment perdu une occasion d'interroger, la nuit où elles avaient échangé dans la confortable chambre du Tigre à Ecailles. En plus de l'insupportable bourgeois à qui ils devaient tous leurs ennuis, deux autres personnages venaient de la Cité-Franche : Goldmund de Tilstard, le magicien arrivé avec Marlborough, et Ania Sorokine, capitaine de la garde blanche. Les mages et les hommes d'épée n'étaient pas vraiment le genre de compagnie qu'elle avait le plus côtoyé à la ville, mais Elindine creusa néanmoins sa mémoire à la recherche de ragots ou d'une quelconque information que sa sœur ou son père aurait pu lâcher au détour d'une conversation.

Après quelques jours où la routine commença à s'installer pour la roublarde et le prêtre, une fois les chroniques lues dans leur intégralité, Elindine planifia ses prochaines missions. Le jour, elle alternerait entre les contes qu'elle lirait à Fëanor, autant pour faire progresser son cyfand que pour partager les lectures les moins désagréables dont ils disposaient, et l'abominable tache que constituaient les recueils comptables. Elle désespérait à l'idée de s'y plonger, mais elle devait reconnaître qu'elle avait plus de chance d'y comprendre quoique ce soit que le prêtre, qui de toute façon avait déjà bien à faire avec la part magique de leur butin. Une tache pour laquelle elle n'était d'aucune aide.

Les nuits prochaines, il faudrait qu'elle s'aventure un peu plus près du centre ville, au moins du côté des rues fréquentées par Irina, à la fois pour prendre la température quant à la sécurité et avec quelle vigueur on les recherchait toujours, autant que pour organiser le retour de leurs affaires. Sans être particulièrement matérialiste, Elindine avait laissé des choses qu'elle espérait récupérer au plus tôt. De plus, la mère de famille aurait probablement également envie de discuter de ce qu'ils avaient récupéré grâce à son aide, prévoir une procédure et un lieu pour se rencontrer si besoin serait bienvenu.

10/08/2024 00h24
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Les lectures des chroniques étaient particulièrement intéressantes, plaçant les différents acteurs rencontrés ou évoqués dans un contexte politique et chronologique. Fëanor nota tout ceci dans un coin de sa tête, cherchant à voir comment il pourra utiliser ces informations pour résoudre cet imbroglio.

Les heures passèrent, puis les jours... Depuis combien de temps s'abîmait-il les yeux sur ces documents pendant les nuits de Laalmath ?
Fëanor appréciait ces moments de complicité avec la rôdeuse. Celle-ci avait même partagé de précieux souvenirs de la Cité Franche avec lui. En échange, le prêtre lui décrivit son île au milieu de l'océan, dans l'archipel de Torea. Il lui raconta les balades sur les plages de sable blanc, les immenses cocotiers ou encore les danses de son peuple sous les étoiles. Au détour d'une phrase, sans s'en rendre compte, il évoqua également sa mère, qu'il aurait préféré taire...

- ... J'aimais tant ces moments au calme où les chants de Míriel guidaient mon peuple de ses sages paroles...
" Elle me manque tant...


Aussitôt assailli par la mélancolie, le jeune melessë était resté silencieux de longues secondes, à fixer l'horizon. Il évitait de parler de ces moments si douloureux d'habitude, mais la présence d'Elindine avait quelque chose de rassérénant.

Cet épisode passé, Fëanor s'intéressa aux objets qu'ils avaient glané pendant leur expédition. Certains d'entre eux pouvaient recéler des pouvoirs insoupçonnés, très utiles à leur quête. Néanmoins, il n'oubliait pas celle qu'il menait depuis qu'il avait quitté Motunui, suivant les dernières volontés de sa mère. L'espoir de trouver plus d'éléments dans ces documents avait été douché. Nedru avait réunit de quoi éclaircir la malédiction qui semblait d'être abattue sur Laalmath, pas de quoi atteindre ses propres objectifs !
Il en fallait bien plus pour entamer l'optimisme du prêtre, qui ne laissa rien paraitre de sa frustration. D'ailleurs, il y avait encore plein de textes à décrypter...

Fëanor relu attentivement les parchemins dont il disposait, pour voir comment il devait procéder pour identifier les pouvoirs de leur nouvel équipement. Ainsi, il installa devant lui le bracelet de métal et la boucle d'oreille, prêt à prononcer les mots de pouvoir. Au cas où il pourrait aller au delà, il prépara également l'étoile à quatre branche et la dague, qu'il savait non magique.

12/08/2024 16h32
Fëanor de Torea
Fëanor de Torea

Alors qu'elle s'ouvrait un peu à Fëanor, le melessë en fit de même parlant de nouveau de sa mère, elfe. Elindine notait alors deux choses. Premièrement le prêtre était un melessë de première génération, plus rares à la Cité-Franche ou les métisses formaient souvent des couples entre eux et où les elfes avaient volontiers leur propre petite société à part, à l'intérieur même de la ville. Deuxièmement il ne parlait que de sa mère, évitant soigneusement d'évoquer un géniteur. Et troisièmement... Une mise en garde de Nedru quant à ce mystérieux prêtre venu de terres lointaines lui était resté en tête alors qu'ils travaillaient ensemble et se faisait de plus en plus insistante, depuis qu'il était clair pour la roublarde qu'ils allaient rester ensemble au moins jusqu'à ce qu'ils puissent quitter ces lieux maudits.

Sa méfiance s'érodant avec le temps, l'appel à la prudence de Nedru devenait pesant. Peut-être parce qu'Elindine était toute seule, à présent, Fëanor était devenu, malgré elle, sa référence dans un lieu mal connu peuplé d'inconnus, plus encore que l'équipage du Lady Diana... A qui elle n'aurait pas voulu attirer encore plus d'ennui de toute manière. Après une nouvelle évocation d'un souvenir avec sa mère, la jeune femme resta silencieuse un instant avant d'oser.

- Tu ne m'as jamais dit pourquoi tu avais quitté tes îles bien-aimés, alors même que tu portes encore clairement le deuil de ta mère. Pas que tu y sois forcé... finit-elle, sous-entendant un mais qui ne vint jamais.


Le prêtre se retourna vers Elindine, tout d'abord perdu, comme s'il se demandait si elle s'adressait vraiment à lui. Puis visiblement gêné... Devait-il évoquer ce sujet avec elle ? Malgré l'adversité qu'ils avaient affronté ensemble jusqu'ici, certains sujets ne s'abordaient pas aussi facilement. Après tout, elle était encore sous l'influence du très discutable antiquaire il y a peu...
Il choisit alors une demie-vérité comme réponse.

- Eh bien...
" Pour dire vrai, j'ai quitté mes îles chéries il y a bien plus longtemps qu'il n'y paraît...

Il marqua une pause, comme s'il revivait ce moment douloureux.

- Ma mère m'a conduite à travers les mers, pour me confier à un monastère de notre ordre, Nolwë la sage. Haldrìn, si je me réfère au panthéon de l'Etoile, en vigueur à la Cité Franche.
" J'étais jeune à l'époque... Bien plus qu'aujourd'hui... C'était la dernière fois que je voyais ma mère vivante...

A ces mots, sa voix se cassa et il baissa la tête pour cacher son trouble. Montrer ses faiblesses n'était pas exactement une pratique qu'il affectionnait.


Il parlait, c'était déjà une bonne chose. Maintenant il fallait l'encourager à continuer. Elle se releva lentement et repoussa une mèche sombre du visage du melessë, la passant derrière son oreille en un geste qui ne s'éternisa pas davantage.

- Prends ton temps, murmura-t-elle, tout s'asseyant en tailleur, signifiant à la fois qu'elle ne le presserait pas, mais aussi qu'elle n'irait nul part sans réponse.


Fëanor eut un léger mouvement de recul, instinctif, lorsqu'elle replaça une mèche de cheveux.
L'air désolé, il la fixa un instant, puis baissa de nouveau les yeux, incapable de croiser ce regard inquisiteur.

Elle ne lâchera pas l'affaire... Continuons, tant qu'il n'y a aucune conséquence. Je lui doit bien ça.

- Ma mère était douce et aimante et j'ai vécu mes meilleures années à ses côtés, à Motunui...
" Mais ce jour-là, quand elle m'a abandonnée dans un monastère, avec toute la discipline et l'ascèse qui caractérise mon ordre, je lui en ai beaucoup voulu !

Le regard acier du melessë ne trahissait aucune colère quand il disait cela, preuve qu'il avait dépassé cette étape concernant sa mère.

- Pourtant, les années passant, j'ai compris qu'elle ne voulait que mon bien et elle avait laissé des consignes pour le grand prêtre à la tête du monastère...

Un sourire malicieux se dessina sur son visage et malgré son jeune âge, il sembla plus jeune encore.

- J'étais un élève dissipé dirons nous, tout autant que studieux...
" J'ai beaucoup appris là-bas.


La main d'Elindine s'éloigna dès qu'il recula, tête penchée, incertaine et... Peut-être vaguement inquiète. Est-ce qu'elle avait des remords à insister ainsi ? Pas vraiment, les cachotteries ne les mèneraient à rien désormais et puis... La roublarde regretter rarement sa curiosité.

Elle écoutait paisiblement, attentive. Elle se contenta de lui renvoyer son sourire et de se fendre d'un commentaire.

- J'ai du mal à t'imaginer en élève dissipé... Mais peut-être que mes critères en la matière sont différents de ceux d'un monastère.


La remarque de la roublarde réussi à dérider complètement Fëanor, qui la remercia d'un sourire.

- Un de ces jours, je te raconterai le genre d'activités qu'un monastère de Nolwë peut offrir, si tu veux...
" En attendant, sache qu'à partir de vingt ans, le choix nous est donné de quitter les murs ou de poursuivre ses études et sa quête de spiritualité...
" Tu devines quel à été mon choix.

Le prêtre n'aimait pas se mettre en avant et il évitait de préciser à quel point il avait été au dessus du lot lors de ses études... Consignes de Mìriel ou pas !

Il fit alors signe à Elindine qu'elle devrait se plier au jeu et se livrer à son tour, si elle voulait en savoir plus.

- Et toi ? Comment devient-on la femme d'un antiquaire qui n'hésite pas à vous planter un couteau dans le dos ?

Fëanor termina sa question dans un murmure, se demandant s'il n'avait pas été trop loin. La blessure et la douleur devait être encore vive pour la jeune femme...


- Pardon ?!

Le ton était soudain, rude, peut-être parce qu'elle ne s'attendait pas tout à fait à la question. En tout cas elle fit de son mieux pour retomber sur ces pattes, passant de la surprise à un air faussement outragé.

- Je te signalerais que je n'ai tué que 3 personnes, dont 2 depuis que je suis arrivée ici, et toujours de face !

La bravade passée elle sentit les souvenirs remonter et elle enchaîna tout de suite avec une autre question.

- Seul sur les routes à 20 ans à peine ? Ça aurait plus à la jeune fille de 20 ans que j'ai été, mais bon, il a fallu le mariage pour que je puisse voler hors de la Cité-Franche. Et donc ? Depuis combien de temps tu voyages ?


Elindine réagit au quart de tour, bien plus vivement que Fëanor s'y était attendu... Mais ?! Pourquoi s'était-elle sentie accusée ainsi ? Il ne l'avait pas accusée de quoi que ce soit ? A moins qu'elle ne se sente coupable...
Le prêtre nota dans un coin de sa tête que la roublarde avait ôté une vie, avant la nécessité de ce marasme où ils se retrouvaient tous piégés.

- Je n'ai pas... baffouilla-t-il.
" Je parlais de Nedru... ajouta-t-il tout bas.

Reprenant la main, elle cherchait à creuser plus profond, mais le sujet était lancé et Fëanor saisit la perche.

- Un mariage arrangé ? Tu es donc une enfant de la bourgeoisie de la Cité Franche ? De la noblesse ?

Véritablement curieux, le prêtre avait les yeux qui pétillent en posant le question.

- Dis m'en plus ! S'il te plaît ! Ajouta-t-il pour enfoncer le clou, ses yeux se faisant suppliant.


La jeune femme se détendit un peu et regarda par la fenêtre. Peut-être que Fëanor remarqua l'ombre d'une rougeur passer sur les pommettes de la roublarde.

- Ah... Nedru... fit-elle avec un soupir.
" Il est... Il était le fils unique de vieux amis et associés de ma famille. On peut dire que c'était un ami d'enfance, mais pas exactement le genre qui laisse les meilleurs souvenirs. Ce n'était pas la première fois qu'il me mettait dans la merde, pour lui c'était un sport, ni qu'il essayait de me tuer par ailleurs, mais c'était clairement sa tentative la plus musclée.

Elle se tourna de nouveau vers Fëanor avec un demi-sourire.

- Mon nom de famille est Gallantera, c'est une famille de la petite bourgeoisie de la Cité-Franche, mais rien de particulièrement impressionnant. Ma grande sœur a été mariée dans une famille noble, par-contre, mais un peu tardivement, donc j'ai eu longtemps la paix de ce point de vue. Mon mariage a été précipité par des soucis d'argent. Les Enumasan ont proposé d'aider en offrant la main de leur fils unique. Mes parents ont accepté. J'ai pas eu le cran de refuser plus que ça, et franchement Nedru était probablement le meilleur parti que je pouvais espérer et moi le sien... Donc...

Elle soupira, une main massant sa nuque.

- Pourquoi, ça t'intéresse ?


Le melessë bu les explications de la veuve Enumasan, notant dans un coin de sa tête les informations qu'elle lui donnait.

- Si cela m'intéresse ? Bien sûr !

Il marqua une pause, détaillant la jeune femme tout en veillant à ne pas s'attarder où que ce soit... Et bien entendu, le rouge lui monta aux joues.

- Connaître ses compagnons est un bon début pour lutter contre les menaces extérieures, selon mon avis...

Il relança rapidement la conversation pour éviter une remarque assassine...

- Tu as affronté tout ceci seule si je comprends bien ? Nul ami ou confidente pour t'aider à tenir le coup ?

Fëanor devait bien s'avouer qu'il était impressionné par la force de caractère de dame Gallantera...


Elindine haussa un sourcil, incertaine quant à l'explication donnée, mais elle n'insista pas.

- Bien sûr que non. Pour être franche, je n'ai jamais été aussi seule qu'aujourd'hui. Mais il y a toujours des choses qu'on ne dit pas, même à ceux qu'on aime. Ta mère a-t-elle toujours tout su de toi, par exemple ?


La question était osée et il ne savait pas vraiment jusqu'où elle les mènerait. Mais sur l'instant, il s'était dit que c'était une bonne question... Conviction qui le quitta aussitôt après la réponse d'Elindine, ou plutôt, l'interrogation qui suivit.

- Que ? Ma mère ?

Troublé, Fëanor pris le temps de réfléchir, son regard vide exprimant très bien son voyage au pays des souvenirs... Lointains...

- J'ai quitté ma mère à un âge où mentir ou cacher quelque chose n'a pas de sens. Elle savait tout de moi... Finit-il par expliquer.

Il faillit faire mention de l'absence de père dans son foyer, mais s'en abstint.

- Par la suite, j'ai appris que le grand prêtre envoyait des rapports quasi quotidiens à ma mère... continua-t-il.

Il hésita une seconde puis termina par ces mots :

- On dit tout à la personne qu'on aime, car si elle nous aime vraiment, rien de peux briser ce lien...

De nouveau, sa voix s'évanouit dans un souffle alors que ses joues devenaient cramoisis et qu'il détournait le regard.

- Pardon...


Elindine regarda le petit prêtre un moment, silencieuse, comme considérant ses prochains mots. À ses yeux l'avis de Fëanor était candide, le genre de chose qu'une personne pouvait dire quand elle n'avait jamais connu un amour arrivé à sa pleine maturité... Un fin sourire étira les lèvres de la roublarde : ou bien c'était elle qui n'avait jamais vraiment aimé ou jamais vraiment été aimée. Qu'en savait-elle, après tout ? Elle ferma les yeux et posa son visage dans sa paume.

- Tu n'as pas besoin de t'excuser. Si tu as été aimé aussi inconditionnellement par quelqu'un dans ta vie, ce doit être une bonne chose. Ce n'est pas mon cas. Je ne cache pas les choses à ceux que j'aime par malice et pas seulement parce que j'aime être maîtresse de ce que les autres perçoivent de moi. Je suis juste consciente qu'il y a des choses qui ne valent pas la peine d'être dites à certaines personnes et à certains moments.

Un œil s'ouvrit de nouveau pour chercher le regard du melessë.

- Toi-même tu en es conscient, puisque tu ne m'as toujours pas dit ce qui t'avait amené dans ce trou de malheur en premier lieu, hm ?

Elindine s'étira et plaça ses mains derrière son crâne, le dos appuyé contre un poteau de la charpente.

- Comme dit, je ne te forcerai pas, c'est quelque chose qui t'appartient, mais c'est difficile de faire confiance à quelqu'un qui cache aussi manifestement sa motivation principale, surtout dans ma situations actuelle...

Elle tourna visage et ses yeux se perdirent dans le cadre d'une fenêtre, puis elle reprit avec un sourire taquin.

- Alors ? Est-ce que ma confiance vaut pour tout ou partie de ton secret, joli petit prêtre ?

19/08/2024 10h39
Elindine d'Enumasam
Elindine d'Enumasam

Fëanor fit une moue intriguée, alors qu'Elindine lui avouait ne cacher certaines choses - ce qu'elle faisait en ce moment ? - que pour le Bien.
Puis il accusa le coup, lorsqu'elle lui montra qu'elle n'était pas dupe de son petit manège. Ses tentatives pour noyer le poisson avaient été veines. Après tout, il commençait à connaître suffisamment la roublarde pour savoir qu'elle ne s'en laissait pas conter aussi facilement.
Appuyant ses arguments avec force, elle réussit à piquer le prêtre au vif et faire basculer ses convictions.

Fëanor soupira, fixant le sol un instant avant de croiser à nouveau le regard d'Elindine.

- Très bien ! Finit-il par dire.
" Mais avant que je te partage ce secret, j'ai besoin que tu saches ce que cela implique...

Il hésita une demi-seconde, puis désigna les chaises branlantes qu'ils s'étaient installés la veille.

- Ça pourrait être long... Expliqua-t-il.


Un petit sourire en coin éclaira son visage d'une lueur victorieuse et Elindine se déplia pour aller chercher leur outre d'eau et la poser devant une des deux chaise, s'installant dans l'autre tranquillement.

- Je pense que nous pouvons nous offrir ce temps, éventuellement entre deux choses que nous devons faire, si tu as besoin de pause. Quand tu auras fini, si tu as aussi l'impression que je te cache des choses, nous pourrons en parler. Il n'y a pas de raison que je sois la seule à avoir des exigences sur ce point.

Et elle lui désigna la chaise avec un geste nonchalant, mais encourageant.


Le melessë prit place, acquiescent à la proposition d'obtenir des réponses à son tour.
Il prit le temps de chercher la meilleure façon d'aborder le sujet et de s'hydrater, l'outre d'eau étant la bienvenue en la circonstance.
Après une inspiration, il commença.

- Comme je te l'expliquais, ma mère, Mìriel, était grande prêtresse de Nolwë. Elle m'a élevé dans le respect des préceptes de notre Ordre. Elle me chantait et me contait les légendes de la déesse.
" Lorsque j'ai fêté mes douze ans, elle m'a confié à Guizot, le guide suprême d'un monastère dédié à Nolwë, sur une île au large d'Acoatl.
" Lorsque j'eu l'âge requis, je suis parti séance tenante à la recherche de ma mère. Je n'arrivais pas à accepter qu'elle m'ai abandonnée ainsi !

Il marqua une pause et Elindine compris que malgré l'acceptation, les souvenirs de ces moments restaient vivaces pour lui et qu'il était douloureux d'évoquer le sujet.

- Cinq ans...
" Il m'a fallu cinq ans à parcourir les mers, les îles et la jungle d'Acoatl pour retrouver sa trace...

Cette fois, les larmes silencieuses coulaient sur les joues du melessë qui continua néanmoins, la voix déformée par le chagrin.

- Elle était morte pendant sa quête, tuée pendant une bataille avec des pirates des îles barbaresques. Ses anciens compagnons l'ont enterrée à Motunui, avec un message à mon intention.

Essuyant ses larmes d'un revers de manche et reprenant son calme, Fëanor releva la tête pour mieux plonger ses yeux acier dans ceux d'Elindine.

- Dans ce message, elle me confiait la quête qui avait été la sienne, une quête qui lui avait prit une vie et où j'avais été une parenthèse enchantée. Au nom de mon Ordre et de la déesse, elle me demandait de prendre sa suite...
" D'autres avant elle s'y sont consacrés et nul n'en connais les détails sans faire parti de cette quête.
" Si je t'en dis plus, je dois avoir ta promesse que tu m'aidera... ou que tu emporteras ce secret avec toi dans la tombe. Nolwë en sera témoin et les conséquences pourraient être bien pires que la mort si tu venais à divulguer ce secret, même contre ton gré !
Le ton du prêtre était grave et son regard perçant. La rôdeuse ne l'avait jamais vu ainsi.


Elindine écoutait paisiblement, l'air concentré et attentif. Quand il conclut elle n'eut pas l'air choquée ni surprise de son sérieux, elle prit simplement un moment pour réfléchir, pesant visiblement ses options.

- Je ne te promets pas mon aide, parce que je ne sais pas si ta quête s'alignera sur mes aspirations mais... Mes perspectives de retour à la maison ce sont récemment obscurcies et j'ai toujours envie de voyage, alors... Pourquoi pas ? En revanche si je ne te suis pas après notre histoire ici, je promets de vivre comme si tu ne m'avais jamais rien dit, finit-elle d'un ton qui ne laissait aucune place au doute.


Si le prêtre accepta l'explication d'Elindine, il ne le montra pas. Immobile, ses yeux fixés dans les siens, ils semblaient vouloir sonder l'âme même.
A la distance où ils se trouvaient l'un de l'autre, la rôdeuse pouvait voir les iris de Fëanor et ce qu'elle y vit la fit frissonner, pas de peur ou d'angoisse, mais de froid. Pendant une seconde, elle eut l'impression de se retrouver au milieu des neiges éternelles du Septentrion, dans le domaine de la Maîtresse du temps, prisonnière des glaces infinies...

- Bien ! S'exclama soudain Fëanor, brisant le silence et ramenant Elindine à la réalité.
" Je te fais confiance, ajouta-t-il.

Abandonnant sa solennité, il lui sourit et reprit.

- Que sais-tu de la guerre de l'Aube ? Et des voyageurs ? L'interrogea-t-il alors.


La jeune femme sentit un frisson parcourir son échine. Elle allait s'éloigner sans demander son reste, quand Fëanor redevint aussitôt l'adorable et souriant jeune homme qu'il était habituellement. Eh bien ! Il était toujours bon de se voir rappeler à quel point la magie était terrifiante, surtout quand elle était emprunté à une divinité.

Sa bonhommie retrouvée, le melessë en vint directement aux colles historiques. Après un clignement d'yeux confus, suivi d'un grognement exaspéré, elle se plia à sa demande, avachie sur la table.

- Grmbl... Les Voyageurs sont les entités qui ont précédé l'apparition des dieux du Panthéon de l'Étoile et dont la disparition a marqué le début de l'Ère du Renouveau qui s'est conclue par la Guerre de l'Aube, quelque chose comme ça ?


Le sourire de Fëanor se fit franc et il pouffa à l'explication très approximative d'Elindine sur les événements fondateurs de leur monde.

- C'est très résumé... mais tu as l'idée principale, fit-il.
" Comme tout le monde le sait, Nolwë est une puissante déesse, qui a eu accès au savoir mythique des Voyageurs.
" Ainsi, lorsque la guerre de l'Aube ravagea Eana et que les hérauts de la déesse parcouraient le monde pour affronter les hordes du Chancre, elle confia au plus vaillant d'entre eux - Achronos - une relique du nom de Maître du temps.

Fëanor stoppa son récit, cherchant à voir l'effet qu'une telle révélation pouvait avoir.

- Depuis cette époque, notre Ordre est en quête de cet artefact.
" On lui prête de nombreux pouvoirs, dignes d'un serviteur divin.

Le prêtre stoppa à nouveau, laissant Elindine poser les questions qui devaient lui brûler les lèvres.


Comme tout le monde le sait, comme tout le monde le sait, tout le monde ne passe pas 8 ans à apprendre à servir une divinité en particulier, songea Elindine en reculant dans son siège et croisant les bras, l'air peu impressionné. Un dévot recherchant la relique de son dieu, c'était ambitieux comme quête, à défaut d'être original. Ce n'était pas la première fois que Fëanor évoquait l'idée d'avoir le potentiel de grands serviteurs divins, d'ailleurs. Pendant la discussion avec Marlborough et Malaval, il avait également suggéré qu'ils puissent être des sortes d'élus d'Éternité. La jeune femme ferma les yeux et pencha la tête en arrière en lâchant un soupir.

- Faut vraiment avoir du sang elfique et le temps qui va avec pour se farcir des objectifs pareils. L'artefact le plus recherché d'Haldrìn, rien que ça ? Et pour en faire quoi, plus explicitement ?


Du sang de quoi ? Hein ?

Fëanor s'attendait à une réaction un peu plus... Ou plutôt un peu moins...

C'est tout ce que ça lui fait ? S'interrogea-t-il en constatant le stoïcisme de la roublarde.

Si le prêtre n'avait pas commencé à connaître un peu la demoiselle, il l'aurait mal pris.
En l'occurrence, il se contenta de répondre à la question...

- Oui, une boussole à l'aspect anodin, ayant tout pouvoirs sur le temps... Le Maître du Temps.
" Avec un tel artefact, j'ai l'intention d'éradiquer le Chancre, expliqua-t-il avec calme et sérieux.
" Et si je n'y parviens pas, j'utiliserai la boussole comme la clef qu'elle est, pour la rendre à Nolwë en main propre.

Le dévot sourit à son interlocutrice, visiblement fier de ses révélations.

- Es-tu avec moi ? L'interrogea-t-il.


Elindine écoutait avec attention. Quand le jeune prêtre eut fini, elle avait toujours un air pensif. Elle s'étira finalement en arrière avec un soupir et un œil ouvert, fixé sur Fëanor.

- Sacrée ambition que tu as, Fanny. Si tu me permets, pourquoi tu voudrais que je t'aide dans cette quête, moi en particulier ? Je n'ai pas la sensation d'avoir dit ou fait quoique ce soit qui te laisserait croire que je serais de bonne compagnie pour ce travail.

Si les mots étaient directs et dits sans précaution, le ton était patient, calme, sans animosité et son attitude demeurait toujours aussi intéressée.


Fëanor poussa un long soupire, détaillant la jeune femme face à lui. Depuis qu'il avait découvert le lourd secret de sa mère et veillé sa tombe plusieurs jours durant, il avait enfin entrevue la possibilité de partager son fardeau et de dessiner une esquisse d'espoir dans cette quête impossible. Pourtant, la partie était loin d'être gagnée. Elindine n'était pas née de la dernière pluie et elle avait bien compris toute la portée de ce qu'il lui demandait.
Lui qui gardait toujours la foi, éternel optimiste, il répondit avec une pointe de résignation dans la voix.

- Je comprendrais si tu refusais...
" Mais peut-être trouveras-tu dans cette quête une raison de peindre l'espoir d'un monde meilleur à l'horizon de nos vies, nous pauvres mortels ?
" Et si ma présence ne t'insupporte pas trop, cela pourrait être l'occasion de voir naître ou grandir une belle amitié...

Il hésita un quart de seconde, puis attendit la réponse, personnification de l'espérance.


Un nouveau petit sourire se glissa sur ses lèvres, taquin et joueur. Elle se pencha en avant et murmura doucement.

- Donc... Si tu me le proposes c'est parce que tu m'aimes bien, essentiellement, et que tu as confiance en moi ?

Un petit rire de gorge se fit entendre et elle se redressa dans sa chaise, les bras croisés sous la poitrine.

- Très bien. Si tu le permets, je vais y réfléchir. On est bloqué l'un avec l'autre pour un moment, je le crains, autant que j'en profite pour réfléchir à ta proposition avec tout le sérieux qu'elle demande. Je te donnerai une réponse quand il faudra choisir ce que l'on fait après tout ça.

En imaginant que l'on y survive tous les deux songea-t-elle avec un regard plus pensif.


Fëanor, gêné, prit quelques couleurs lorsqu'elle se pencha en avant. Il acquiça d'un signe de tête à l'analyse de son interlocutrice, attendant le verdict.

Cette jeune femme le fascinait, il devait bien se l'avouer.

Nolwë, Grande Mère du Temps, est-ce que je fais bien de lui faire confiance ? Pria-t-il intérieurement.

Fëanor accueilli la réponse avec soulagement, bien qu'elle le laissait sur sa faim.

- Je comprends, lui dit-il calmement.
" Il m'a fallu du temps pour digérer la nouvelle. Je serais bien mesquin de te demander de prendre une décision en quelques minutes...

Ceci dit, il se redressa, s'étira, puis se dirigea vers son étude.

- Je dois avancer dans la lecture des documents... Expliqua-t-il.
" Si tu dois sortir, prends garde à toi s'il te plaît... Ajouta-t-il, les yeux fixant le plancher avec insistance.

Quelques mètres plus loin, la promesse d'Elindine de répondre à ses questions lui revient. Il s'arrêta et lança :

- Je n'ai pas oublié que tu me devais une réponse toi aussi... On en parlera plus tard si tu veux bien...

Edition 19/08/2024 10h51 par Admin
19/08/2024 10h50
Nezami
Nezami

les jours qui suivirent, le prêtre se plongea profondément dans l'étude des épais parchemins. La langue n'avait rien d'habituel mais certains propos semblaient revenir régulièrement comme un mantra ou un refrain. il mit à profit ses connaissances en Céleste et en Draconique pour tenter de trouver du sens. Il ne put comprendre exactement les propos mais, à force de tourner autour, compris qu'il devait s'agir d'un dialecte "profond". Ces textes restaient une énigme mais le prêtre était sagace. Il émit une hypothèse : Si ce texte était du profond, et s'il était une sorte d'incantation, il était possible qu'il permette de communiquer avec la créature qui avait attaqué le "Lady Diana". Comprendre ces textes permettrait donc de résoudre une partie du mystère, ferait le lien entre le fameux locataire de la cité antique et les bêtes des eaux, et donnerait aussi des pistes pour régler cette affaire. Restait à trouver quelqu'un capable de déchiffrer le langage des profondeurs !

Son travail sur les parchemins et les objets rapportés fut paradoxalement plus aisé. Il comprit leur fonctionnement et put les utiliser pour comprendre l'utilité de plusieurs objets de leur rapine : la boucle d'oreille avait clairement un pouvoir puissant. Non seulement elle devait pouvoir emmagasiner de la puissance magique pour tisser les fils de la toile de l’Éveil plus facilement, mais elle permettait aussi de libérer très facilement cette puissance magique (HRP : Stockage de 3 niveaux de sort utilisable 1 fois par sommeil lors d'une action bonus). Toutefois, Nedru sentait que cet outil ne pouvait lui être d'aucune utilité pour tirer de la puissance divine. Il fonctionnait selon un mécanisme totalement profane qui échappait aux lois des dieux !

Le bracelet avait visiblement un pouvoir assez puissant maix à double tranchant : Il améliorait la fureur guerrière de celle ou celui qui le portait, mais le rendait également plus vulnérable à des influences extérieures. Fëanor ne parvint pas à identifier plus précisément cet objet conçu visiblement par des peuples très différents des humanoïdes tels que les humains ou les elfes. il faudrait sans doute l'essayer pour en sentir les effets.

Ce travail harrassant lui prit bien 4 jours.

Pendant ce temps, Elindine continuait ses devoirs de vacances. Le livre de contes était très agréable. Les histoires étaient agrémentées d'enluminures et de dessins à l'eau fortes. Elles parlaient d'aventures se passant visiblement sur les mers ou dans le royaume des sables... ou les deux ! Pour captivantes qu'elles fussent, Elindine ne vit pas immédiatement l'intérêt pour son mari de lire des nouvelles de cape et d'épée.

Un certain nombre parlaient d'aventuriers et d'aventurières s'aventurant dans des "Ziggourats", ou de personnages ayant vécu dans ces cités (ou lieux culturels à haute fonction religieuse... difficile de voir la limite entre les fonctions). Elindine comprit qu'il y avait une sorte de mise en garde dans la morale sur le repos des "reposants" et l'importance de s'en tenir à l'écart. Mais il y avait aussi des récits assez terrifiants sur comment certains êtres ralentissaient leurs corps et leur vie afin de chercher à tutoyer l'éternité, et développaient ainsi des sens étonnants, mobilisant une magie ancienne et inquiétante. L'une de ces histoires, plutôt sur un ton cocasse, racontait qu'un de ces mages, pour se protéger, avait placé son cœur dans son chat de compagnie et comment un chien errant, ayant déchiqueté la pauvre bête, avait mis un terme au règle de ce puissant seigneur.

Plusieurs histoires parlaient aussi de piraterie mais l'une attira l'attention de la bourgeoise car elle avait déjà entendu parler de cette histoire. Les noms semblaient changer au cours de l'histoire, et en fonction de qui faisait le récit. Un certain Capitaine "Borion", parfois aussi nommé "Bolgarion" (d'autres noms semblaient exister), faisait l'objet d'une longue et passionnante histoire. Réputé dans les îles barbaresques pour ses actes de piraterie cavaliers et son succès, il attira aussi l'animosité de certains de ses pairs et s'évanouit. Il reparut quelques années plus tard, ceint d'une couronne : la "couronne de Borion", qui donnait à cet homme un tel charisme que ses hommes lui rendaient un honneur hors du commun. Certains racontaient qu'ils allaient même jusqu'à préférer risquer la mort et se noyer que de manquer à leur capitaine. Mais les mauvaises langues disaient que les malheureux étaient ensorcelés et que leur âme était prisonnière de la couronne. Borion asservit les îles barbaresques mais devant le danger qu'il représentait, il finit par être lâchement assassiné, décapité, ses membres éparpillés... mais on raconte que ses marins continuent de chercher son corps... et surtout sa couronne, pour lui permettre de revenir voguer à leurs côtés. Une histoire idéale pour endormir les enfants.

Lorsqu'elle s'attarda sur les livres de compte, chose qui était loin de lui procurer un grand plaisir, Elindine n'en crût pas ses yeux. Elle se dit que Nedru avait dû conserver ce document pour assurer ses arrières car il mouillait pas mal de monde. D'une part, on constatait que, lors de l'octroi, c'est à dire du passage de la douane, non seulement le Gouverneur Holderling conservait une partie des taxes dûes à la cité Franche - ce qui était somme toute assez courant - mais qu'il laissait disparaître certaines caisses. Et dans un même temps, un certains Marlborough voyait certaines de ses caisses personnels passer sous couvert du mandat du gouverneur. Cette routine semblait rôdée depuis des années, mais un changement brutal s'opéra quelques mois avant la fermeture du port : D'abord une période sans caisse Marborough passant sous mandat, puis un arrêt complet des saisies sur taxes et enfin une reprise très très importante des transfert entre Marlborough et la cité Franche avec des mentions "T.M" et "G. de T." Un autre livre de compte signalait que Marlborough versait de fortes sommes d'argent au gouverneur. Enfin, il y avait une liste de noms. Dans l'agitation et ses premières tentatives pour feuilleter les documents, elle avait totalement raté ce papier. Les premiers noms, qui ne lui disaient rien, étaient barrés. Une somme était chaque fois indiquée en fin de ligne. Venaient ensuite plusieurs noms dont 4 sautèrent aux yeux d'Elindine : "La Renarde", "Vittorio Pacini", "Jardag Redhelm" et une certaine "Irina Palovna". enfin, un nom avait été barré mais sans chiffre indiqué sur la droite : " Capt. B. Teels".

Console R.P.

Lancé de 1d20+7 ~ [12] : 19

21/08/2024 00h58