Étranges disparitions

Je les regardais tous les deux à tour de rôle comme si j'allais juger de la sincérité de leurs explications avant de désigner un coupable. Si sir Eldrin avait l'air plutôt amusé par la situation, c'était plutôt amusant de mettre Cassiopée sur des charbons ardents.

De toute manière je comprenais l'essentiel de leur affaire sans mal : à peine nommée dans son ordre de gardiens protecteurs de mes cornes, là, ma très chère sœur se retrouvait déjà affublée de responsabilités et, semblait-il, d'un chaperon.

- D'accord d'accord Cass, excuses acceptées. Après tout cela ne devrait pas me surprendre, avec ta nomination tu as un tout nouvel ordre de priorités...

Bien sûr je disais cela en sachant parfaitement que je n'avais jamais vraiment été bien placée dans lesdites priorités de ma sœur malgré ses quelques efforts récents. Je constatais juste en mon for intérieur et sans trop de désillusions ce qu'ils valaient en réalité.

- Bon, fis-je en me tournant vers sir Eldrin, cette affaire si pressante ne dois pas être conclue, vu que vous vous imposez à ce qui devait être un déjeuner en tête-à-tête.

Eldrin resta un instant dubitatif. Cassiopée n'avait elle pas compris son allusion ? Lui était elle complètement passée au dessus ou feignait elle simplement ?
Qu'elle que puisse être la réponse, cela avait moins d'importance que la soudaine réalisation que Vilrena et Cassiopée étaient.... Sœurs?
Il se souvint qu'elle en avait effectivement fait mention plus tôt mais il ne s'était tellement pas attendu à une tiefling que cela lui était temporairement sorti de l'esprit.

Il balaya ses interrogations d'un mouvement de tête puis prit place à table avec elles. Il ne prit pas ombrage des paroles de Vilrena, bien au contraire et lui répondit le plus poliment.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai proposé à votre sœur de lui offrir un verre pour fêter sa promotion et régler quelques menus détails avant de m'en aller. Je m'en voudrais de vous imposer ma présence pour le reste du déjeuner.

Le verre d'eau fut finalement reposé sur la nappe et y resta, lorsque Cassiopée lâcha un long soupir de soulagement. Vilrena n'avait pas trop l'air fâché, ou en tout cas pas assez pour piquer une crise directement dans la taverne, et Eldrin n'avait pas non plus fait tout un flan de l'identité de sa soeur, c'était vraiment tout ce qui comptait pour la jeune mage ici et maintenant. Cassiopée se redressa, épousseta son veston et reprit finalement la parole.

"Pour être franche, tout vient d'un premier travail que l'on m'a confié avant même mon intronisation. Je ne savais même pas qui était le commanditaire. Je pensais, compte tenu de sa nature, que c'était un travail purement théorique pour mettre à l'épreuve mes connaissances sur les artefacts magiques et vu le peu que j'ai pu produire je ne m'attendais pas à grand chose et certainement pas par être convoquée par ce comte de Cormaeryn du jour au lendemain."

La petite brune lâcha un nouveau soupir en fixant son assiette. Toute cette histoire la rendait nerveuse. On lui vendait un grand honneur, un travail intéressant auprès d'un noble droit et aimé de tous, néanmoins tout cela semblait à la fois trop précipité et trop opaque pour rassurer pleinement Cassiopée. Mais c'était sans doute sa nature inquiète qui parlait, Eldrin, lui, semblait tout à fait à l'aise avec ce qui leur était demandé.

Je jetais un regard à Eldrin après sa réponse. Gars crois moi que si tu comptais continuer de t'inviter il n'y aurait pas que toi qui t'en voudrais, petit rire de connivence avant ou non. C'est vrai quoi se moquer de Cassiopée c'était drôle quand on le faisait seule car on avait alors le rôle truculent de la vilaine petite canard contre le monde qui tape contre sa favorite. Si le monde riait avec vous alors... et bien alors cela ressemblait un peu trop à ce que moi j'ai vécu trop souvent.

J'avoue avoir un peu décroché quand Cassiopée a commencé à m'expliquer son affaire. Bla-bla-bla, "purement théorique", bla-bla-bla "j'ai pas fait grand-chose" mais enfin ma grande c'est ennuyeux. Et puis cette façon de circonvultionner les mots et formulations là, c'était limite si elle ne s'excusait pas devant moi d'avoir du travail.

En revanche je me suis déjà un peu plus réveillée à la mention du nom de Cormaeryn : il réveillait des fragments de souvenirs dans ma mémoire mes oreilles avaient déjà entendu ce nom. Et si je ne me trompais pas c'était au sein de la guilde, de la bouche des autres aigrefins. Cela vaudrait probablement le coup de creuser un peu la question de mon côté.

- Je vois, me contentais-je de répondre. Et donc j'imagine que vous partez bientôt ? Vous savez à peu près à quoi vous attendre ? Parce que tu n'as pas l'air très rassurée, dis-je d'un ton amusé.

Je me pose près du court d'eau et j'observe les belles traces que cette créature a laissées.

Je laisse verdouille prendre un bon bain tout en gardant un œil sur elle.

'Il faut que je me dépêche cette créature doit être dangereuse vu la profondeur des trace de pattes quelle laisse. '

- "Aller verdouille on y va"- et je prends la direction la plus rapide pour prévenir la garde du Gué-de-la-dague.

Eldrin haussa légèrement les épaules, jetant un regard rapide à l'autre jeune femme avant de leur répondre .

— Vous avez raison, cette mission est étrange. Je ne sais pas ce qui a motivé leur choix, peut être qu'ils veuillent simplement que nous fassions nos preuves. Quant à l'urgence... Partir aujourd'hui même, cela me laisse un goût amer, comme si quelque chose nous échappait.

Il posa son menton sur sa main, réfléchissant un instant.

— Mais soit, commandons quelque chose. Autant profiter d’un moment de calme avant que les choses ne deviennent sérieuses.

Il guetta le moindre léger signe d'approbation. Et leva la main pour interpeller un serveur.

Un serveur arriva à leur table, les saluant d’un sourire professionnel. Eldrin fit un geste pour prendre les commandes.

— Pour ma part, ce sera un vin léger, dit-il calmement, son regard toujours fixé sur ses deux interlocutrices. Et vous, mesdemoiselles ?

Une fois les commandes passées et le serveur parti, Eldrin esquissa un sourire amusé avant de se pencher légèrement en avant, sa voix plus basse et teintée de gravité :

— Très bien. Une fois servis, parlons rapidement stratégie. Si personne ne veut nous donner de détails, il faudra que nous soyons prêts à improviser. À rester sur nos gardes, ensemble. Mais d'ici à ce que nous prenions la route, je tâcherai d'en apprendre un peu plus.

A quelques lieues au nord du Gué-de-la-dague

Le duo s'accorda une courte pause, permettant à Verdouille de se réhydrater. L'animal eut du mal à trouver un endroit le plus profond qu'une vingtaine de centimètres dans ce ru, mais il s'en contenta, éclaboussant alentour avec une joie toute batracienne.
Néanmoins, inquiet pour la sécurité des habitants des environs, le rôdeur fit signe à son compagnon de le suivre.

Il avait décidé de tourner le dos à sa piste et à la direction prise par la bête pour prévenir l'autorité la plus proche, au Gué-de-la-dague.
Arrivé en haut de la colline, il avait une bonne vue sur les alentours et sur la ligne sombre qui marquait les remparts de la ville à l'horizon. S'il s'astreignait à utiliser la route plutôt que de passer à travers champs et bosquets, il estima qu'il était à trois heures de marche de sa destination. S'il ne traînait pas et si les gardes y mettaient du leur, il pourrait être de retour ici à la nuit tombée... Ce qui ne simplifierait pas sa chasse !

Etait-ce la meilleure solution ? Il en était là de ses réflexions lorsqu'il vit une patrouille, venant du nord, apparaître au détour d'un virage. Ceux-là allaient au même endroit que lui... peut-être pourrait-il les prévenir et s'éviter un aller-retour.

Vilrena n'avait pas tort : Cassiopée n'avait jamais été très douée pour mentir ou même dissimuler quoique ce soit et elle n'essayait même pas de masquer un peu l'inquiétude qui tordait ses traits. La jeune magicienne commanda distraitement un vin d'Amrans et écouta à peine la réponse d'Aldrin, si bien que quand ses yeux croisèrent ceux de sa soeur elle dut secouer la tête vigoureusement pour recentrer ses pensées vers l'instant présent. Un toussotement appuyé lui fit gagner encore quelques secondes avant qu'elle ne réponde enfin :

"Je ne sais même pas où se trouve ce comté. Mais on nous a bien dit de partir au plus tôt si nous voulions y être à temps pour la fête de la Longue Nuit. Fête dont je ne sais rien non plus, d'ailleurs !"

La frustration se sentait dans le ton de la jeune femme et c’était à peine si elle ne boudait pas, bras croisés contre sa poitrine, dos enfoncé dans sa chaise.

[Jet d'intelligence + histoire]

Quarion alla directement vers le groupe de la garde en patrouille

Verdouille à c'est côté, il se presente l'arc et flèche au carquois , humblement et avec calme et politesse

-"Messieurs dame bien le bonjour, Quarion rôdeur et voici verdouille ma campagne et fidèle amie, je viens de parcourir plusieurs lieus pour vous trouver et vous avertir d'une menace."

Et je patiente.

J'eu très fugitivement une moue amusée en entendant le ton frustré de ma soeur quand elle parla. C'était parfois un signe d'anxiété chez elle et, je le suppose, chez beaucoup de mages ou d'intellectuels : ils avaient un peu du mal quand les choses leurs tombaient dessus à l'improviste.

N'empêche qu'en écoutant les deux compères discuter j'avais presque l'impression d'être incluse dans leur petit groupe (les dangers du "nous" et du "on") et cela ne me déplairait pas de prendre un petit peu l'air vu... et bien, vu les événements récents au boulot. Je veux dire, ils ne partaient visiblement pas en mission secrète vu comment ils en causaient en ma présence. Maintenant, il me fallait m'inviter moi-même à la sortie.

- Et bien ça a l'air intriguant tout ça même si j'ai l'impression que c'est à cause d'un agenda serré que d'un besoin du secret que les détails ne vous soient pas parvenus. Je vous souhaiterais bien bonne route mais à vrai dire... cela serait possible de m'embarquer avec vos bagages ? J'ai mes pauses à prendre au boulot et je sens que j'ai besoin d'un peu d'air frais. Sans compter que je serais plus rassurée si je pouvais un oeil sur Cass.

Des raisons bien innocentes voir légères mais qui ne devraient pas rendre ma sœur dupe. Si elle pouvait se montrer tête en l'air à l'occasion je ne la sous-estimais plus depuis longtemps et en voyant sa chère petite diablesse de sœur prête à partir en voyage avec elle, c'était que la perspective de rester à Eauprofonde était pire, et que mon nom était peut-être inscrit dans les papiers des mauvaises personnes du moment.

Quand à Eldrin, à moins qu'il n'ait entendu parler de moi, ce qui me surprendrait assez dans la mesure où je ne me connaissais aucun lien avec lui, je le voyais mal percer à jour mes intentions.

Machonnant toujours sa lèvre inférieure en une expression qui mêlait frustration et réflexion intense, Cassiopée cherchait à retrouver dans le fil de sa mémoire quelque chose qui pourrait les aider mais surtout qui soulagerait un peu cette sensation de saut dans le vide qui tordait ses boyaux. Autant dire qu'elle n'avait pas trop écouté Vilrena quand elle se redressa soudain avec le sourire victorieux de celle qui avait trouvé la bonne idée.

"Mais oui ! J'ai lu un livre sur le folklore régional du Gué-de-la-Dague il y a quelques mois ! Il parlait de cette 'Fête de la Longue Nuit' et de festivités particulières pratiquaient par la bonne société d'un comté qui..." elle marmonna dans sa barbe, sa main devant sa bouche, toute réflexion parfaitement inaudible pour d'autres qu'elle. "Bref, la région est isolé, effectivement, trois jours à cheval au mieux et avec de la chance." conclut-elle finalement.

Ses yeux sombres voletèrent entre ceux d'Eldrin et de sa soeur, comprenant à leur regard (et au battement de queue de Vilrena) qu'elle avait raté un échange. Ses paupières papillonnèrent un instant d'incompréhension, avant de se rendre compte de ce que venait de suggérer la tieffeline. Elle avait un travail qui lui donnait droit à des congés ? Elle voulait venir avec eux ? Comme ça ? À une fête de la haute-société ?

La surprise sur le visage de la magicienne était manifeste, mais elle ne dit rien. Un coup d'œil vers Eldrin suffit à la convaincre qu'elle ne voulait pas avoir cette discussion avec le jeune homme au milieu et puis...

"Pourquoi pas." Finit-elle par conclure "On réglera les détails toutes les deux, mais si le sir Valen n'a pas d'objection, ça me ferait plaisir de passer un peu plus de temps avec toi."

Cassiopée esquissa même un rare sourire à sa petite sœur. Elle cherchait une excuse pour passer plus de temps avec elle de toute façon. Elle n'allait pas se plaindre si Vilrena y mettait aussi du sien, peu importait ses véritables motivations.

A quelques lieues au nord du Gué-de-la-dague

La dernière caravane marchande de passage n'était déjà plus qu'une ombre, à bonne distance en direction du nord. La patrouille était composée d'un cavalier en armure d'écailles rutilantes, de deux hommes d'armes équipés d'une courte épée et d'une arbalète, et d'un homme en tabard qui pouvait tout aussi bien être un prêtre qu'un magicien. Ils étaient plutôt détendus, aussi l'arrivée du rôdeur et de sa compagne les prit par surprise.

Tel des félins réveillés brutalement de leur sieste, ils réagirent vivement et brandirent leurs armes, sommant l'individu de s'arrêter immédiatement... Ce qu'il avait déjà fait, anticipant certainement le zèle de ces représentants de la loi.
Ils hésitèrent un long moment, considérant l'animal inhabituel qui accompagnait l'elfe... Mais après tout, les elfes étaient connus pour leur lien avec la faune et la flore sauvage...
Finalement, le cavalier fut le premier à rompre le silence tendu qui s'était installé et qui crispait un peu trop les mains des arbalétriers au goût de Quarion.

- De quelle menace parlez-vous, seigneur Quarion ? Demanda-t-il en faisant signe à ses hommes de baisser leurs armes.
" Parlez librement.

S'ils se calmèrent un peu, il était évident qu'ils étaient toujours prêt à engager le combat au moindre signe d'hostilité.

Eldrin observait distraitement les clients autour d'eux tout en écoutant la conversation et tentant de se faire une idée au sujet des deux jeunes femmes qui étaient avec lui.
Il n'aurait pas su mettre de mots sur ce qu'il ressentait mais une chose était sûre, Vilrena et Cassiopée semblaient être aux antipodes l'une de l'autre aussi bien par leurs allures que par leurs caractères.
Il leva un sourcil d'étonnement en entendant la proposition de Vilrena mais préféra ne pas prendre la parole, préférant attendre de voir la réaction de Cassiopée.

Cette dernière semblait n'avoir pas trop suivi la conversation, évoquant la fête de la longue nuit.
Mais elle reprit rapidement le fil de la conversation, semblant même surprise de la proposition de sa sœur qu'elle acceuili de bon cœur.

Dévisageant les deux sœurs tour à tour, Eldrin prit une profonde inspiration.

- La fête de la longue nuit.... C'est surtout un déballage de richesse et d'opulence, une occasion pour des nobles et des bourgeois de se vanter et de se montrer afin d'obtenir de juteux contrats commerciaux.

En y réfléchissant, il se demandait vraiment pourquoi on lui avait demandé d'y aller et si on envoyait Eldrin ou le fils Valen.....

Il haussa les épaules en souriant.

- Mais je ne voit aucun problème à ce que votre charmante sœur nous accompagne, au contraire cela nous rendra sûrement ces mondanités plus supportable.

J'hoche la tête tout en écoutant les indications des deux lettrés : ainsi donc, 3 jours ou plus de voyage sur des canassons pour tomber sur des riches bouseux en plein potlatch ? Mais qu'attendons-nous ? Ok sans rire il est plutôt visible que je suis largement plus ratte des villes que ratte des champs mais vu qu'en ce moment la ville risque de se faire un peu trop chaude... va pour la campagne !

On ne m'enlèvera tout de même pas de la tête que fêter le solstice de l'été via une célébration s'appelant "la Longue Nuit" ça reste tout de même bien curieux. Enfin bon, une autre preuve comme quoi les riches n'avaient vraiment pas les pieds sur terre !

- Bon ! Et bien maintenant que c'est réglé, fis-je en faisant référence à mon arrivée dans la petite équipée, on peut peut-être passer à table. Après j'irais me renseigner sur ce Corma...machin. Le nom me dit quelque chose je dois déjà l'avoir entendu.

Quarion resta calme avec les menaces des gardes, il les comprenait, lui-même avait la même réaction quand il partait en patrouille dans sa jeunesse encore bien trop récente à son goût.
Verdouille goba quelques mouches pendant ce laps de temps.

-"Je ne vais pas vous faire perdre trop votre temps, mais cela fait quelques jours que je traque une créature type féline d'au moins 3m.
Cette créature n'a rien de naturel et je viens de perdre sa trace au niveau du ruisseau à quelques lieus de là et elle se dirige plein nord.

Et me vla donc à venir vous prévenir "-

Quarion caressa verdouille qui croassa de plaisir.

jet de Persuasion +0 Avantage
Lancé de 1d20A ~ [18 et 6] je garde le 18 biensure

Cassiopée regarda partir Eldrin lorsqu'ils eurent fini leurs verres et que leurs assiettes arrivèrent enfin. La magicienne était affamée après cette longue matinée, mais elle avait plus encore soif de réponse. Elle porta une bouchée de poisson à la bouche, savoura un instant la saveur, puis déglutit en pondérant bien ses mots avant de demander à sa sœur :

"Je suis contente que tu viennes, Vilrena, mais est-ce que tu peux me dire pourquoi tu t'es proposée ?" commença-t-elle "Je veux dire... La vraie raison."

Son ton n'était pas suspicieux, mais l'inquiétude s'y entendait très clairement.

Je m'adosse contre le dossier de ma chaise en croisant les bras, un petit sourire l'air de rien aux lèvres qui voulait dire "Oh mais bien sûr que je vais t'embobiner".
Sauf que je n'avais ni le temps ni l'envie d'inventer des bobards alors je me dis que tant qu'à faire, autant faire passer la vérité comme étant suspicieuse. Ma soeur était généralement bonne pour détecter les mensonges aors autant essayer d'être originale pour lui faire des noeuds au cerveau, non ?
"Mais enfin Cass je n'ai pas le droit moi aussi d'avoir envie de passer du temps avec toi ? Bon... ok. J'ai besoin de prendre un peu le large en ce moment, de me mettre au vert, tu vois ? J'ai peut-être énervé une personne un peu chafouine et il ne fait pas forcément très bon que je continue de montrer mon visage dans le coin. Mais c'est très certainement temporaire et c'est juste une mesure de précaution, hé..."

Les deux yeux sombres de Cassiopée remontèrent vers le visage de Vilrena, par dessus ses lunettes, figeant son mouvement de fourchette au dessus de son assiette brièvement. Elle était définitivement plus inquiète qu'en colère.

"Tu es dans cette situation depuis longtemps ?" fit-elle doucement, bien qu'hésitante.

J'eu presque un mouvement de colère, plus précisément je me pencha en avant tandis que ma queue battit l'air autour de moi. Elle avait intérêt à s'inquiéter pour son expédition plutôt que pour moi car si elle continuait à jouer la grande soeur attentive j'allais l'étrangler.
"T'en fais pas soeurette ça dure depuis quelques jours et ça prendra quelques jours encore pour redescendre. Faut juste faire profil bas en attendant. Et je préfère que ce soit en rase campagne plutôt que... plutôt qu'à la maison."

Cassiopée tressaillit au 'sœurette' et ses yeux se baissèrent, regardant ailleurs en pinçant les lèvres. Elle aurait bien aimé laisser libre court à l'agacement qui lui montait au nez mais elle n'avait pas vraiment d'argument. Vilrena avait toutes les raisons du monde de prendre sa sollicitude pour de l'hypocrisie, même si c'était toujours désagréable de voir ses efforts aussi négligemment écartés. Elle lâcha un soupir et, tout en finissant son assiette, repris.

"Ce sont tes problèmes, tu as raison, tu sais probablement mieux que moi comment les gérer." Elle fit une pause et ajouta finalement "Je vais aller préparer mes affaires à la maison et on se retrouvera à la porte sud. Tu as besoin que je ramène quelque chose pour toi ?"

Finalement, Cassiopée n'insista pas pour avoir des détails, ce qui m'arrangeait car je les lui aurai probablement donné à contrecœur afin d'éviter un conflit avant que notre départ ne soit acté.
J'hausse les épaules quand elle me demanda si elle pouvait me récupérer des affaires à la maison. C'était... attentionné ? Et inutile. Deux éléments que j'associais peu souvent à ma sœur.
"Na, j'ai ce qu'il me faut. j'achèterais peut-être des trucs pour la route en allant me renseigner sur notre cave là... Corma... je claquais des doigts. Cormatruc, Cormachin... enfin voilà quoi. On t'as vraiment donné aucun détail quand on t'as filé ta convocation ?"

"Cormaeryn." Compléta la magicienne en secouant la tête.

Son ton était purement informatif, mais au froncées de ses sourcils il était évident que Cassiopée se sentait frustrée. Elle n'aimait pas du tout se sentir ainsi poussée dans l'inconnue avec une précipitation toute cavalière. Cette seule pensée lui fit lâcher un profond soupir d'agacement et elle planta une vigoureusement sa fourchette dans ses haricots verts !

"Je n'aime pas cette situation du tout. D'une certaine manière ça m'arrange que tu viennes. Ce sera... Au moins un élément familier pour moi qui ne m'a pas été imposé par ce... Commanditaire." Grommela-t-elle.

Vilrena était imprévisible oui, avec un côté peste et contrariant, mais que Cassiopée maîtrisait, d'une certaine manière ou au moins qu'elle connaissait.

"Oui ! Voilà, c'est ça." Fis-je avec trop d'emphase pour être vraiment crédible pendant que Cassiopée était en train de faire souffrir ses haricots.
"Je n'aime pas cette situation du tout. D'une certaine manière ça m'arrange que tu viennes. Ce sera... Au moins un élément familier pour moi qui ne m'a pas été imposé par ce... Commanditaire." Grommela sa soeur.
Alors ça ! Je trouvais ça presque touchant, presque.
Je croisa mes bras sur la tablet et pencha assez ma tête pour que je dus lever les yeux afin de croiser le regard de Cassiopée et je dis avec un petit sourire :
"C'est si stressant que ça ?"

L'aînée roula des yeux. Vilrena pouvait être transparente, parfois, surtout quand elle le voulait.

"Ça t'amuse de savoir que moi aussi j'ai du mal au travail ?" soupira-t-elle avec un sourire "C'est mesquin, tu sais."

A ces mots je fis un sourire mauvais tellement élargi que j'aurais pu mettre mon poisson à l'horizontal et l'avaler d'un bloc. Je me redressa en arrière et me cala contre le dossier de ma chaise en disant :
"Oh non du tout, je trouvais juste ça bien trop amusant que tu vives cette situation de manière à ce que ma présence te semble être une bonne chose. Mais maintenant que tu le dis, oui, ça m'amuse aussi de te voir un peu galérer, pour une fois.

Un sourire distrait passa sur les traits de Cassiopée tandis qu'elle decoupait soigneusement un morceau de poisson. C'était une expression difficilement déchiffrable. Pas parce que la magicienne tentait de cacher quelque chose, Cassiopée était tout simplement mauvaise à ce jeu et, au delà de ces considérations, ce n'était pas ce qui ressortait de son visage à ce moment. Non, cela ressemblait davantage à une forme d'indécision, comme si ce que venait de dire Vilrena attristait, amusait et agaçait la petite brune, tout en la laissant in fine songeuse. Elle finit néanmoins pour forcer les mots hors de sa bouche.

"Nous verrons bien ce que cela donne. À notre première collaboration, donc, Vilrena." fit-elle en levant son verre de vin.

Ola ola... et après le "tching-tching" elle imaginait quoi ? Qu'on allait se donner des claques dans le dos en rigolant. Certes une partie de moi était curieuse de voir jusqu'où irait la "Cassiopée qui avait enfin remarqué qu'elle avait une sœur" sans non plus lui manger dans la main (même si ça avait été trop dur de refuser une invitation gratuite à déjeuner, ok mauvaise expression...)
Je me contente de lever mon verre très distraitement avant de le boire cul sec sans aucun respect pour le fût d'origine.
"Oui, nous verrons bien."

A quelques lieues au nord du Gué-de-la-dague

Le cavalier prit le temps d'analyser le comportement de ce héros avant de lui répondre. Ses hommes attendaient visiblement sa décision, leurs regards passant de l'un à l'autre, s'attardant sur l'immense grenouille sans s'en rendre compte.

- Ce que vous dites est inquiétant effectivement... Finit-il par dire.

Puis, s'adressant à celui que Quarion avait identifié comme un façonneur de la Trame et à un soldat :

- Suivez cet homme et prenez la mesure de la menace... " Nous restons là en vous attendant.

S'exécutant immédiatement, les deux hommes s'approchèrent, intimant au rôdeur de prendre la tête jusqu'à ses preuves.

• "Fort bien répond" quarion au garde, il cessa de caresser verdouille -"allez ma grande, on y retourne."
  
  Il tourna les talons et prend le chemin inverse pour retourner au ruisseau puis si il le faut jusqu'à la ferme au point de départ.
  
  Mais se fessant, il ne prêta plus attention au garde qui le suit et marche à sa vitesse de traque accompagner de verdouille.

J'étais de retour aux locaux du Priakos. Cela ne faisait que quelques dizaines de minutes que j'avais quitté Cassiopée et, fidèle à ma parole (pour changer), j'étais revenu interroger quelques têtes histoire de glaner des informations sur le sieur Cormaeryn. Bon pas trop de tête non plus car je ne voulais pas éveiller des soupçons inutiles ; je ne comptais pas cambrioler le comte mais forcément quand entre gens de ma profession on se mettait à demander des renseignements sur les huiles, c'est que l'on comptait bien souvent délester quelques objets de valeur de son grenier.

De toute manière je fus assez chanceuse car je tomba assez vite sur Oreilles de Lapin, le drakéide que j'avais quitté en fin de mâtiné avec les autres. Il venait de finir une conversation avec deux silhouettes que j'entraperçu à peine. Autant dire que je pu attaquer directement :

- Hey Oreilles ! Je r'passe en coup d'vent, j'ai besoin d'une tuile. Le blase de Cormaeryn, ça te bonime ?

Autant le dire tout net, avec Oreilles j'avais une relation presque cordiale enfin ce que l'on pouvait qualifier de cordiale entre deux sales âmes ; entachée ni d'affection, ni d'inimité mais je pris quand même un peu la mouche quand il me regarda de haut et me répondit sans user de l'argot.

- Pourquoi tu t'intéresses à ce gars là ? Et votre langage secret à base de grimaces, je m'en cogne, pigé ?

- J'ai décroché un petit travail à côté. C'est temporaire, mais son nom est ressorti et je l'avais déjà entendu ici et je voulais être sûre de ne pisser dans les plates-bandes de personne du Priakos"

Il me jaugea du regard un petit moment, essayant sans doute de deviner si je n'étais pas en train de me payer de sa fiole alors que j'étais presque honnête. Ce fut ce qui le décida, je pense. Car ses traits se détendirent légèrement et il me répondit :

- Tu veux un conseil, petite ?
Traîne pas tes miches là tu risques de finir dans la merde jusqu'au cou... Mais soit !
Ton gars, c'est le proprio qui nous a payé les tigres, optimisés ou non. J'en ai chié pour le rituel, mais il en a eu pour son argent... bon, y a un qui s'est tiré pendant les opérations, mais ça fera des histoires à raconter pour faire peur aux chiars et éviter qu'ils fassent le mur !

Content de sa boutade, il se mit à rire... ou peut-être à gronder ? Je n'en étais pas sûre. Le demi-dragon pouvait cracher un jet d'acide mortel et ça glougloutait quand même sévère dans sa gorge...

L'envie de ne pas le découvrir et de décarrer sans trainer me traversa l'esprit mais il m'avait répondu et je lui devais la politesse d'une réponse.

- Merci du conseil Oreilles, mais tu sais les pièces d'or ce sont des pièces d'or…"

Cela sonna la fin de la conversation. Il n'y avait généralement rien à répondre à ce genre de tautologisme que tout le monde comprenait, surtout dans cette profession. C'est quand même la tête pleine de sombres prémonitions que je rentrais chez moi afin de prendre de quoi préparer le voyage. Sans trop savoir si je devais m'inquiéter des nouvelles créatures que le comte possédait dorénavant ou de celle qui s'était échappée…