Un faire-part inattendu

Lyvin qui s'était précipitait vers le bastaingage en attendant le Witon une corde salvatrice marqua une seconde d'arrêt en voyant Rositina et son père se précipiter à leur tour et opter pour une solution différente.
Même si cela ne correspondait pas vraiment à son plan initial, cela ne le perturba pas plus que cela. Il se hâta donc à l'endroit où la bouée était attachée tout en fixant le bouclier à son avant bras; Il agrippa fermement la corde et commença à tirer pour ramener la mérosi vers le bateau tout en interpellant son camarade.

- Alton,venez m'aider à la ramener, je ne suis pas sûr d'y arriver seul!!

Alton prend le bout de la corde calle bien ses pieds et tire de toutes ses forces pour aider Lyvin a remonter et ramener au sec la princesse.

jet de perception +1

Les efforts combinés d'Alton et Lyvin permirent finalement de rapprocher Lillian du bateau, ils continuèrent même de sécuriser sa montée à bord sous le regard inquiet des deux gnomes. Une fois étendue sur le pont Wylton s'approcha de la demoiselle pour placer une couverture bien sèche sur ses épaules, avant de laisser place à sa fille qui revenait déjà avec une tasse d'infusion fumante.

"Là, ça va aller, reprenez votre souffle..." murmura-t-elle doucement tout en frottant le dos de la noble pour tenter de la réconforter et l'aider à se réchauffer. Il fallait dire qu'en cette matinée de début de printemps, le temps était encore frisquet et l'eau du fleuve franchement fraîche.

Le capitaine du navire, en attendant, se grattait la nuque d'un air confus. Ses yeux allaient de Lyvin à Alton, l'air de demander 'Que fait-on maintenant ?, tandis que le bateau longeait toujours calmement la rive embrumée, s'éloignant probablement de Podness.

Le jeune mage, quant à lui, traversait vaillamment l'épais ourlet de roseaux qui le séparait de la terre ferme. Pactol nageait lentement mais surement, l'air de savoir parfaitement où il allait et bientôt, la lisière végétale s'ouvrit sur un fouilli de racines et de ronces qui s'entremêlaient dans une boue argileuse. Un jappement victorieux confirma alors ce que pensait déjà Podness : ils avaient bien atteint la rive. Le brave toutou, fier de son succès, essayait déjà de s'y hisser, grognant et soufflant, la truffe en l'air, toujours en quête de sa piste.

Lilian se sentait ridicule. Non seulement elle avait été ramassé par deux braves aventuriers après une bête chute de cheval qui l'avait envoyée valser dans le fleuve, mais elle venait de faire une démonstration de faiblesse dans le même élément liquide qui avait failli la terrasser la veille. En cette matinée printanière, elle avait les larmes aux yeux et aurait vu devenir soudain invisible ou tellement petite qu'elle échapperait aux regards des autres.

Le pauvre Wylton faisait son possible pour la mettre de nouveau à l'aise, mais il ne parvenait qu'à la rendre encore plus honteuse. Heureusement, son habitude de l'étiquette lui permit de cacher son agacement envers le gentil gnome, et elle lui sourit d'un air hypocritement chaleureux.

Et par dessus le marché, Podness avait disparu sur la berge pour aller à la rencontre de son cheval !

Et par dessus tout ce qui était par dessus le marché, son cheval avait de nouveau disparu en la laissant dans l'inquiétude.

Se sentant responsable de tout cela, elle finit par sortir de sa torpeur. Elle se dressa et sourit à chacun de façon égale mais avec une expression à chaque fois unique par une légère déformation de ses lèvres, ou de ses yeux, afin que chacun ai le sentiment qu'elle lui accordait une attention particulière. Elle avait appris cela dans les grandes réceptions de sa familles et elle le faisait sans même le vouloir, par réflexe.

- Merci à vous tous, fit-elle avec contrition. Je suis navrée de vous amener encore tout ce désordre... Et je m'inquiète pour votre ami, Lyvin.

Puis se tournant vers la berge, elle l'étudia, cherchant en vain un signe de vie du petit homme. Un jappement rassurant lui confirma leur position, mais rien de plus précis. Après un instant, elle se mit à crier :

- Revenez Podness, N'allez donc pas vous aventurer tout seul dans ce bois !

Mais vaincue par sa curiosité :

- Vous voyez quelque chose... ?

L'eau glacée du fleuve engourdissait les membres du gnome, qui maintenait difficilement ses bras autour de son compagnon poilu. Tout concentré à sa survie, il ne vit qu'au dernier moment qu'ils arrivaient enfin sur la terre ferme... Ou ce qui y ressemblait le plus dans cet enchevêtrement de racines, de boue et de ronces. Pactol peinait tout autant que le magicien pour s'extirper de l'eau, qui aurait tout aussi bien pu être de la mélasse, vu l'état d'épuisement et de pesanteur de leurs membres.
Après ce qui lui sembla une éternité, Podness se retrouva le séant dans la boue, enfin.

Dieux comment peut-elle être plus froide encore que le fleuve ?! pensa-t-il, prit de tremblement incontrôlés et ses dents s'entrechoquant bruyamment.

Le chien s'ébroua vigoureusement, envoyant terre et gouttes glacées en tout sens. Son maître n'eut pas la force de le tancer, trop heureux de lui faire un gros câlin pour se réchauffer un peu et reprendre ses esprits.

- Dans quelle galère nous sommes-nous fourré mon ami... fit-il dans un souffle.

Finalement, Pod se releva, encouragé par les gémissements de l'animal. Jaugeant le lieu où ils avaient atterrit, il ne vit aucun indice ou signe distinctif qui puisse l'aiguiller ! Il allait falloir s'en remettre à son brave Pactol pour la suite...

Pod, réfléchit ! Tu ne vas pas mourir de froid ici et maintenant, foutredieu !
Dès que je peux, j'étudie la magie de feu... pensa-t-il en rêvant de belles flammes qui crépitent dans une cheminée avec un verre de lait au miel qui lui brûle doucement les doigts.

La première chose était de prévenir les autres qu'il était toujours en vie, pour le moment, et de sa position. Il attrapa donc sa dague d'une main et un long roseau de l'autre, le coupant à sa base.
Satisfait de sa robustesse et de sa hauteur, il fit appel à sa magie - lumos - illuminant le végétal d'un vive lumière bleue. Sa balise prête, il la mit en place dans son dos, coincée dans sa ceinture... Il devait avoir les mains libres.

- Je sais... tu pourrais aboyer pour les prévenir, répondit-il au regarda interrogateur de Pactol.
" Mais je ne sais pas ce qui nous attends dans ce fatras de ronces et hors de questions de rameuter toute la faune locale !

Sur ces explications chien-gnome, ce dernier prépara la suite de son plan.

- Spectramanipulus ! incanta-t-il, faisant apparaitre devant lui une main spectrale flottant dans les airs.

Ainsi armé, il commanda mentalement l'apparition d'écarter les lianes hérissées de pics qui lui barraient la route.

- Pactol... cherche mon grand ! Trouve le cheval ! ordonna-t-il.

Un instant, le magicien envisagea d'utiliser sa magie pour congeler les ronces pour mieux les arracher, mais la simple pensée du givre le fit trembler de la tête au pied, lui rappelant douloureusement le poids glacé de ses vêtements détrempés.

Son chien releva la tête un moment vers le fleuve et couina un peu, hésitant sur la marche à suivre. Mais la voix de son maitre prit le dessus et il remis sa truffe au sol, à la recherche du cheval.

Lyvin était essoufflé suite à l'effort fourni, ramener la merosi sur le bateau n'était pas une mince affaire et sans l'aide dalton cela aurait été probablement impossible.
Heureusement elle était sortie d'affaire bien qu'apparemment un peu sous le choc. Il aurait bien voulu aller voir comment elle allait mais wylton et sa fille étaient déjà sur le coup.
Il se précipita alors vers le bastaingage afin de tenter d'apercevoir Podness qui s'était aventurer seul. Il cru apercevoir un bref instant un genre de miroitement bleuté dans la direction du jappement, mais entre la brume et la distance qui s'agrandit avec les mouvements du bateau, ça ne dura pas assez longtemps pour être précis.
Il pointa immédiatement son doigt en direction de l'endroit qu'il avait vu en s'écrivant.

- Là ! Il sont par là, je les ai aperçu !

Wylton, sentant l'urgence du moment et l'inquiétude de ses passagers relança le moteur du Vaillant Petit Caneton, scrutant les berges en quête d'un guet convenable qui lui permettrait de débarquer sur la rive où se trouvait Podness. Rien d'évident avec les fourrés et la végétation florissante en ce début de printemps.

C'est avant même de voir la silhouette d'un vieux ponton que la petite équipée entendit un appel :

"Ohé ! Du bateau ! Ohééé !"

Courant sur les planches grinçantes, une silhouette humanoïde émergea de la brume, agitant les bras et donnant de la voix pour s'assurer d'avoir leur attention. L'homme semblait assez grand, mince et quand ils s'approchèrent, ils purent voir une tignasse blonde fournie surplombait un sourire aussi engagé que soulagé face à cette rencontre.

Pendant ce temps, Podness emergeait enfin de l'enfer du roncier, déboulant avec Pactol sur la large route de terre battue surplombant le fleuve. Cette dernière était un peu humide, mais à des lieux de confort, comparé à la berge en contrebas. Ravi de mieux y voir, la truffe bien plaquée au sol, le limier cherchait sa cible avec application, suivant le chemin en remontant les flots.

Bizarrement, le fait de sortir enfin de l'enchevêtrement de ronces provoqua chez Podness un soudain sentiment de vulnérabilité. Il prenait conscience de sa solitude, la présence de Pactol exceptée, et cela l'inquiétait. Peut-être à tord bien sûr, mais... les gens prudents vivaient plus longtemps avait-il lu dans un livre.
La brume occultait toujours une partie du paysage et la route où il avait atterrit disparaissait à quelques dizaines de mètres autour de lui. Le flaire de son fidèle garde du corps les guidait vers le nord, mais il ne savait pas si ses compagnons l'avait repéré... D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, Lillian n'avait-elle pas sauté aussi dans le fleuve ? L'angoisse le saisi quand au sort de la mérosi.

Pod, fait leur confiance ! se rassura-t-il comme il pouvait.

- Pactol, attend ! s'écria-t-il en voyant le chien s'éloigner un peu trop de lui.

Profitant de cette pause, il saisit son précieux cristal et dessina les symboles habituels dans les airs.

- Protego Armatura !

[Lance Armure de mage]

L'air miroita un instant autour de lui, lui confirmant que son sort faisait maintenant effet. Un peu rassuré, il s'élança à la suite du toutou, lui intimant l'ordre de reprendre la chasse.
Dans son dos, le roseau lumineux continuait à donner sa position au bateau, du moins, le magicien espérait de ce soit le cas.

Podness avançait dans la brume, suivant Pactol et le chemin qui longeait le fleuve en direction de la Méandrise. Soudainement, la brave bête leva le nez du sol, agita ses oreilles et s'élança aussitôt hors de la route, directement du côté opposé au fleuve, dans les herbes hautes et grasses qui bordaient le sentier avec un jappement court et enthousiaste.

Le gnome scrutait le brouillard à s'en faire mal aux yeux quand le chien s'élança dans les champs sans prévenir, en aboyant copieusement.

- Mais que... !
" Pactol vient ici tout de suite ! S'écria le magicien en s'élançant à sa suite pour ne pas le perdre de vue.

Je n'aime pas ça du tout ! Se répétait-il en voyant disparaître la route derrière eux.

- Pactol ! Je ne le répéterai pas ! Ici !

[Sagesse - Dressage : 20]

Pactol s'arrêta net, la truffe au vent, une patte avant levée, pointant droit devant lui, parfaitement immobile. C'est là que dans la brume, à une petite dizaine de mètres d'eux, Podness put enfin distinguer une grande silhouette équine qui semblait les observer attentivement.

Le petit magicien se figea au niveau du bouvier, très étonné de l'efficacité de son ordre.

- C'est bien ! Bravo mon Pactol, c'est un bon chien ça ! Le félicita-t-il en ébouriffant la tête de l'animal.

Bien vite pourtant, il revint à la réalité et regarda dans la direction que lui indiquait son fidèle ami canin.
C'est là qu'il la vit, la jument de la mérosi. Elle était belle... Et exagérément grande !

Les dieux nous souris... Mince, comment elle l'a appelée déjà ?
Ah oui, la Rouane !

Prenant une profonde inspiration et réunissant tout le courage dont il était capable, le gnome avança doucement vers le cheval, la main à plat devant lui.

- Vient ma grande, vient la Rouane... appela-t-il en forçant un peu la voix sur le nom dont il se souvenait.

En s'approchant, Podness remarqua que la jument portait encore un filet simple, sans mors, duquel pendait une longe assez courte, touchant à peine le sol depuis la tête de l'animal. Les oreilles de La Rouanne s'agitèrent, semblant considérer ses options, quand deux autres silhouette quadrupèdes émergèrent du brouillard, un peu plus petites mais bien plus massives : deux chevaux de trait gris, encore tout harnachés d'un équipement d'attelage paissaient paisiblement aux côtés de la monture rousse.

- Oohhh, voilà qui explique certaines choses... commenta-t-il en découvrant les nouveaux amis de la Rouane.
" Que tu es intelligente toi ! Ajouta-t-il en regardant la jument sous un angle nouveau.

Pourtant, cela amenait bien d'autres questions. Et surtout son niveau de sécurité, déjà pas bien haut, venait de chuter de plusieurs crans.

- Où sont vos propriétaires à tous les deux... Murmura Pod en se rapprochant de sa propre monture.

Le gnome n'avait pas pu arnacher Pactol ce matin, il serait donc moins aisé d'évoluer sur son dos, mais il devait absolument être capable de fuir à la moindre alerte et le plus vite possible.

Comme il en avait l'habitude, Podness fit signe à Pactol de s'allonger pour qu'il puisse lui montrer sur le dos. Il agrippa doucement la crinière.

- Hop !

Au signal, le chien se releva, prêt à amener son maître où il voulait.

- C'est très bien mon beau...

Le cavalier s'approcha tout doucement de la Rouane. Il devait la ramener à sa maîtresse. Les chevaux de trait la suivraient.

- Vient ma belle ! Vient, on va voir Lillian !

[Sagesse - Dressage : 17]

La Rouanne souffla, gratta le sol de son sabot un instant en agitant sa crinière de flamme. La bête était vraiment impressionnante, grande et élancée, ses muscles roulaient sous ses flancs soyeux. Mais, à la surprise du gnome, la jument se mit à trotter derrière Pactol, allongeant ses naseaux en avant pour jouer avec la queue du chien, qui accéléra un peu face à cette attention.

Au départ de leur copine, les deux chevaux de trait se mirent également en branle et toute cette petite troupe suivit docilement Podness.

Podness n'en cru pas ses yeux. C'était bien lui qui menait cette petite troupe d'équidés à travers champs ? Fier comme un paon, il aurait bien voulu que Lyvin puisse le voir en ce moment...
La déesse était avec lui semble-t-il et il comptait bien en profiter autant que possible.

Devant eux, la route était tout juste visible entre deux nappes de brume. Il s'y dirigea donc, prenant la direction du nord, selon son analyse, soit à droite.

Devait-il donner de la voix - avec l'aide de Pactol - pour se faire entendre de ses amis ? Au risque d'attirer les responsables de cette affaire d'attelage... Son roseau tenait encore dans son dos pour le moment, mais là brume était encore trop épaisse pour servir à quelque chose.

Il avançait doucement, observant sur sa gauche, écoutant les bruits que le vent voudrait bien lui porter.

- Cherche Lyvin mon chien...

Prenant soin de rester sur la route, seul repaire dans ce monde blanc, Podness espérait retrouver ses compagnons rapidement.

Lyvin sentit son cœur se serrer tandis que la lumière de Podness disparaissait dans l'épais manteau de brume et les hautes herbes. Le ponton, l'agitation du bateau, le cri venu de la berge, tout cela semblait se mêler dans un chaos étouffant qui ralentissait ses pensées.

Il inspira profondément, cherchant à calmer le tourbillon de panique qui menaçait de le submerger. Il ne pouvait pas rester immobile, mais il ne pouvait pas non plus se précipiter aveuglément dans l'inconnu. Il jeta un dernier regard vers la silhouette qui continuait à crier depuis la rive. Était-ce un avertissement ou une supplication ? Il n'en était pas sûr. Ce qui était certain, c'était qu'à chaque seconde passée Podness s'éloignait un peu plus

Une idée commença à germer dans son esprit. Il se tourna vers les membres de l'équipage.

- Une lampe ! Donnez-moi une lampe ! s'écria-t-il, sa voix trahissant l'urgence de la situation.

Alton reprit son souffle 2 sec quand il entend une voix venir des berges, il se précipita vers le bastingage pour observer cet homme au cheveu de blé.
Il tourna la tête vers la fille de Wylton : -"vous le connaissez celui-là ?"

Trempée dans le matin frais, Lilian n'en ressentait pourtant aucun effet immédiat. Seul le sentiment d'avoir une nouvelle fois perdu son cheval... et un de ses nouveaux compagnons... l'habitait. Elle scrutait la berge sans désespérer, mais le brouillard restait dense.

C'est alors qu'elle le vit. L'homme agitait les bras depuis un ponton et les interpellait. Elle ne parvenait pas à distinguer le sentiment qui prédominait en lui. Ils étaient trop loin, trop dans le flou, et assaillis par trop d'évènements d'un coup. En tout cas une chose était sûre : ces traits, elle les connaissait bien. Elle les avaient croisés bien des fois chez ses parents et dans les soirées mondaines de la cité Franche :

- Je le connais. C'est Morgen Lavander ! s'écria la merosi, répondant à un Alton qui ne s'adressait pas du tout à elle. C'est un barde invité au mariage de mon frère.

Puis se tournant vers les propriétaires du bateau :

- Il semble qu'il y ait un ponton. Pensez-vous pouvoir faire halte pour le récupérer et nous permettre d'aller à la rencontre de Podness ?

Elle n'avait pas quitté des yeux le barbe et cherchait au fond d'elle même le sentiment qui ressortait le plus. Etait-il apeuré ? étonné ? Ou simplement content de trouver un moyen de transport ? semblait-il éprouvé par quelque chose ?
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HRP : Test intuition 1D20+3 = 13

Le père et la fille Pitrecorde semblaient confus face à l'agitation des trois voyageurs restant sur le bateau. Wylton en particulier ne savait qui regardait entre l'homme sur le ponton, le jeune paladin, la grande rousse et l'elfe qui demandait une lampe. Ce fut finalement Rositina qui alla chercher une sorte de lampe tempête allumée sur le ponton et l'amena à Lyvin d'un air inquiet.

"Je comprends que vous vous en fassiez pour Podness, mais Papa va tenter une manœuvre pour nous amarrer sur le pont. Évitez de prendre une décision fâcheuse pendant ce temps, d'accord ?"

Durant cet échange, le père gnome avait effectivement entamer sa manœuvre : sourcils froncés, langue tirée au coin des lèvres dans sa concentration, Wylton faisait de son mieux pour ne pas emboutir le ponton, ce qui ne semblait vraiment pas évident. Le pauvre inventeur dû s'y reprendre mainte fois, reprenant sa manœuvre à zéro au moins trois fois et éraflant la coque de son pauvre Caneton à plusieurs reprises contre le ponton. Une latte épaisse et vermoulue sauta même sous le choc, manquant de faire tomber le dénommé Morgen à l'eau lui aussi.

Le blond finit d'ailleurs par reculer, retournant sur la terre ferme pour ne pas subir la maladresse du navigateur. Si la joie et le soulagement l'avaient tour d'abord submergé en voyant le bateau, il semblait désormais dominé par l'inquiétude et une nervosité certaine qui le faisait taper du pied sur la berge. Difficile de déterminer si c'était dû à la performance de Wylton au gouvernail ou à autre chose.

Dans le chaos qui régnait sur le pont du navire, Lyvin ne savait plus trop où donner de la tête. Secouant la tête, il balaya ces pensées parasites tout en essayant de se reconcentrer sur son objectif.
Au même moment, Rositina arriva devant lui et lui tendit une lampe.
Pour seule réponse aux recommandations de la jeune femme, il lui sourit tout en hochant la tête avant de se précipiter vers le point le plus haut du navire afin, espérait il de tenir à bout de bras, le plus haut qu'il pouvait cette source de lumière en espérant que cela pourrait guider Podness vers eux.
Mais la réalité en fut tout autre, les manœuvres du capitaine pour accoster le ponton étaient tellement chaotique qu'il risquait de tomber ou de passer par dessus bord à chaque pas.
Dans ces conditions, comment imaginer monter plus haut sans risquer de finir à l'eau ?
Se ravissant, Lyvin opta pour une solution plus sûre en se raccrochant au bastaingage le plus proche de lui et levant la lampe pour l'agiter.

Au bout de longues, interminables minutes, le bateau s'immobilisa enfin et un Wylton épuisé par ses mésaventures essuya son front ruisselant d'angoisse. Rositina, quant à elle, se chargea de déplier l'étroit planchon pour permettre à chacun de descendre à terre.

Morgen, ragaillardit, se rapprocha enfin du bateau, étendant les bras pour accueillir le groupe avec un sourire franc empli de soulagement. Ses yeux allèrent de visages en visages pour s'arrêter finalement sur Lillian et son expression changea immédiatement, mêlant joie, surprise et inquiétude.m :

"Mais que vois-je ? La jeune dame Arlington ici même ? Mademoiselle si vous saviez comme je suis heureux de vous voir ici. Mais que faîtes-vous là ? Ne devriez-vous pas déjà avoir rejoint votre famille ? S'est-il passé quelque chose ? Et qui sont tous ces... Gens ? Plus d'invités en retard ?"

Comme toujours, le blond était charmant, volubile et curieux. Il avait déjà tendu une main pour aider la jeune dame à descendre, l'encourageant autant à mettre pied à terre qu'à lui confier ses mésaventures.

Dès que le ponton fut abaissé, Lilian s'élança vers le ponton à la rencontre du barde. elle tendit sa main vers lui, et fut accueillie par son verbiage soutenu. En connaisseuse, elle attendit que son débit s'interrompe pour répondre :

- Que de questions, cher ami ! Que de questions ! Mais vous touchez juste. Les affaires de ma famille m'appellent et je remonte lentement ce fleuve en compagnie de mes nouveaux compagnons, invités au mariage. Une méchante mésaventure m'a jeté de selle alors que je rentrais au domaine et ces braves gens me sont venus en aide.

Ses traits se durcirent alors qu'elle repensait à sa monture et à Podness, et elle mit un certain temps à reprendre :

- J'ai perdu ma jument, mais nous l'avons vu il y a peu sur cette berge. Elle était très agitée. Ne l'auriez-vous pas vue, une belle alezane. Un ami à nous, Podness, s'est jeté à l'eau avec son chien pour tenter de la rejoindre. Vous l'avez peut-être vu. Un gnome, tout petit, avec un énorme chien de selle. ça ne court pas les rues tout de même !

Enfin, elle s'intéressa à lui :

- Mais vous avez vous aussi les traits tirés, mon cher. Quelque chose vous tracasse ?

Alton laisse descendre Lillian le ponton tous restant près d'elle,
Pensé *: 'je n'ai pas envie qu'elle refasse plouf la demoiselle.*'
- "Oui il vrai que je t'ai sauvé de cette noyade", en replaçant une mèche de cheveux sous mon large chapeau.

- "Donc tu le connais cet homme au cheveu de blé ?"
- " Ah oui le gnome, il a aussi fait plouf faut le retrouver toi qui est grand tu peut nous aidez non ?"
dit alton en fixant le barde.

Lyvin, voyant que les échanges s'éternisaient sur le ponton tandis que l'urgence brûlait encore dans ses veines, se secoua et se précipita en avant, la lanterne toujours brandie dans sa main. Les mouvements brusques de la flamme vacillante projetaient des ombres étranges sur les visages fatigués de ses compagnons. Il dépassa Lilian et Alton d’un pas vif, sa silhouette légèrement courbée par le poids du vent qui sifflait autour d’eux.

— Podness ! hurla-t-il en direction du fleuve, sa voix se perdant presque dans les bourrasques et le clapotis de l'eau.

Il agita la lanterne au-dessus de sa tête, faisant briller la lueur dorée dans l'obscurité comme un phare instable. Ses bottes grinçaient sur le bois humide du ponton, mais il n’y prêtait aucune attention. Le regard fixé aussi loin qu'il le pouvait , il scrutait chaque mouvement, espérant discerner la petite silhouette du gnome ou celle de son gigantesque chien.

— Podness ! Ici, sur le ponton ! On est là ! répéta-t-il avec force, comme pour traverser la distance invisible qui les séparait encore.

Dès que la grande rousse se fut élancée du bateau sur les planches vermoulu du ponton, Morgen saisit délicatement sa main et effleura ses phalanges d'un souffle, en un élégant baise-main. Il écouta Lillian et Alton avec attention, pourtant ils pouvaient tous les deux sentir son empressement et son inquiétude : il avait visiblement très envie de les interrompre et seul le statut de la noble l'en empêchait. Aors qu'il marchait lentement vers la terre ferme, ne faisant guère confiance aux planches qui les soutenaient, il répondit :

"Navré, je n'ai pas croisé ni votre jument ni... heu..." il jeta un œil inquiet vers Lyvin qui s'époumonait en appelant Podness "Votre ami."

Il inspira alors profondément et relâcha soudain un soupir dramatique.

"Comment aurais-je pu remarquer quoique ce soit dans cet infâme brouillard ! Et ces routes sont vraiment... Si je suis à pied devant vous c'est parce que je viens de réchapper d'une terrible attaque ! La voiture que j'avais pris pour rejoindre le mariage a été renversée, je n'ai même pas eu le temps de sauver mes instruments, j'ai roulé jusque dans les buissons et j'ai fui !" Il couvrit ses yeux des deux mains "Oh, par les dieux ! Je n'ose imaginer le sort des autres voyageurs ! Ils les auront sans doute enlevé !"

Morgen s'exprimait à renfort de grands gestes, tremblant presque d'émotion alors qu'il contait ses propres épreuves, agitant ses cheveux blonds avec emphase.

***

Pendant ce temps, Podness, désormais meneur d'une tranquille petite harde, avançait sur le chemin, chevauchant un Pactol qui, la truffe en l'air, s'appliquait toujours à suivre docilement les consignes de son maître. Soudain, le molosse leva la tête. Ses oreilles pivotèrent en avant et il s'elança sur la route au grand galop, suivi par les trois chevaux qui trottaient derrière.

Podness aurait pu paniquer après la vive réaction du chien, mais il comprit rapidement ce qui avait alerté son ami canin : la voix de Lyvin hurlant son nom dans la brume. Le magicien eut à peine le temps de réagir que Pactol surgissant déjà du brouillard et fonçait sur Lyvin pour lui faire un accueil extrêmement enthousiaste à base de grandes léchouilles et d'une folle queue remuant en tout sens. Les trois équidés arrivèrent à la suite, parfaitement calmes et La Rouanne releva la tête en apercevant sa cavalière, puis marcha vers elle en hochant la tête.