Elindine
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- Kayla… Kayla, réveille-toi, c’est l’heure.
Un léger couinement plaintif répondit à l’appel. Enfouie sous plusieurs couches de couvertures, le bout d’un nez blanc émergea, hésitant à s’avancer davantage dans l’air froid de la nuit.
- Allons, debout.
Dans un froissement de drap, Ilanlar replia avec adresse la couette au pied du lit. Sa fille se recroquevilla instantanément, tentant de couvrir sa petite silhouette sous son oreiller. Les gémissements se transformèrent en grommellement plus hargneux.
- Eh bien, j’ai vu des ours de meilleure humeur au sortir de l’hiver.
- Grumpf…
- Debout, petite ourse mal léchée, ne m’oblige pas à te trainer hors du lit.
Avec un regard torve, l’adolescente observa sa mère se levait et disparaître derrière une cloison. Une bougie brulait lentement sur la petite table près de sa couche, illuminant l’obscurité d’un halo doré. Dans un profond soupir, elle se redressa sur son matelas, dégageant de ses doigts une longue mèche de cheveux blonds pour la rabattre derrière une oreille légèrement pointue. Malgré les tapis au sol, le froid cueillit ses pieds avant qu’elle ne les abrite au fond de ses deux petits chaussons.
Enveloppée dans un châle, Kayla éteignit d’un souffle sa bougie, plongeant la pièce dans un camaïeux de gris. Elle sortit finalement dans la coursive qui bordait la cour du temple de Coirë. Tout était encore silencieux et sombre, mais la melessë entendait le chuchotement discret des pétales qui bruissaient dans le vent et le parfum enivrant du magnolia gigantesque qui, aujourd’hui, ferait l’objet de toutes les attentions des elfes de Varnaïrello.
Ses pas la guidèrent vers le couloir qui menait à une grande salle munit de longues tables en bois, dans laquelle s’agitaient déjà quelques prêtres et prêtresses. Autour d’eux orbitaient une nuée d’acolytes fébriles, plus pressés encore que leurs ainés. Parmi eux se dressait la droite silhouette d’Ilanlar, occupée à consulter un long parchemin en compagnie d’un jeune garçon de son âge. Haussant les épaules, Kayla partit chercher quelques fruits et du pain, mis à disposition des plus matinaux et s’installa à une table, en compagnie d’une vieille partition écornée.
Elle connaissait ces lignes par cœur, mais comme sa mère était occupée, elle n’avait rien de mieux à faire que de graver encore un peu plus les notes et les paroles dans ses orbites. Elle soupira, manquant de couvrir de postillon le précieux papier. Elle n’avait pas envie d’être là. Elle n’était plus une enfant, à présent, et elle avait imaginé, naïvement, qu’Ilanlar lui laisserait le choix de son programme durant les festivités de l’équinoxe. Mais non, bien-sûr que non. Et Elandor qui en avait rajouté une couche : *« Ta mère a besoin de toi »* et puis *« Il faut bien qu’il y ait une voix digne d’être entendue dans ces chants religieux »* avait-il ajouté pour flatter l’égo de sa petite-fille. Mouais. La melessë se rappelait très bien que c’était le même homme qui lui reprochait encore dernièrement un *« timbre inégale dans les graves »*. Ils se moquaient bien, l’un et l’autre, de ce qu’elle aurait voulu faire. Frustrée, elle mordit rageusement dans sa tranche de pain, juste au moment ou un sourire, surmonté d’un regard vert, vint s’attabler en face d’elle :
« Bien dormi ? demanda la voix éraillée du garçon auquel parlait sa mère quelques minutes plus tôt.
- Pas assez, répondit la melessë, laconique, tout en posant sa joue dans le creux de sa paume.
- Hm… Ilanlar m’a demandé de t’aider, tu sais, pour… »
Kayla releva la tête et fronça les sourcils. Les yeux de l’adolescent fuirent les siens aussitôt, gêné. Innocemment, un large sourire aux lèvres, la melessë répondit :
« Non, je ne sais pas. Pour quoi tu dois m’aider ?
- Heu… Eh bien, heu… Je dois-si tu veux…
- Abrège, Farran.
- Te coiffer. »
Les yeux de l’adolescente s’écarquillèrent, avant de s’effiler en deux fentes méfiantes, brulant d’une sourde colère.
« Je le fais depuis deux ans déjà, avec les prêtres et les prêtresses ! » protesta-t-il, redressant son torse frêle, avec une fierté qu’elle trouva aussitôt profondément déplacée.
Kayla n’attendit pas une seconde de plus, elle se leva, débarrassa la table et se dirigea d’un pas déterminé vers sa mère. L’elfe discutait, assise avec deux autres prêtres, mais la sang-mêlé n’hésita pas à tapoter l’épaule maternelle avec insistance pour obtenir son attention :
« Oui ? » finit-elle par répondre, levant les yeux pour croiser l’ai courroucé de sa fille.
Elle inspira un grand coup, maitrisant son souffle d’une manière très caractéristique qui avait le don de rendre plus furieuse encore son enfant : longue prise d’air, expiration brève en deux parties. Kayla crut qu’elle allait hurler avant même que sa mère ne lui réponde :
« Cette année je n’ai vraiment pas le temps. Et Farran fera un bien meilleur travail que moi, en plus. Il est très doué et très doux, n’est-ce pas ? finit-elle en regardant ses comparses qui hochèrent la tête en souriant. Et puis, vous vous connaissez bien. »
Mais l’adolescente ne fléchissait pas, au contraire. Les lèvres pincées, le regard dur, elle contemplait sa mère dans une fureur à peine contenue. Et Ilanlar connaissait assez sa progéniture pour savoir ce qu’elle risquait si elle la laissait exploser. D’un geste, elle s’excusa, se leva et prit à part la jeune fille :
« Ça va bien se passer, ma douce. Si vraiment c’est trop dur, j’essaierai de venir vous aider. Fais cet effort, s’il te plait.
- Mais c’est toi qui m’as demandé de venir ! répliqua la melessë, assez fort pour que quelques têtes se retournent, elle sentit sa mère se crisper. Je n’aime pas être là et je n’ai pas envie… »
Elle s’interrompit, les poings serrés le long du corps, le visage baissé, incliné sur le côté. En face, la prêtresse hésitait, visiblement embarrassée et incertaine. Elle n’eut pas le temps de réagir, Kayla se détournait déjà et quittait la salle d’un pas vif, interpelant le pauvre garçon qui avait contemplé la scène, en retrait. Il lança un regard inquiet à Ilanlar, aussi gêné qu’elle, s’inclina, puis fila à la suite de la jeune fille.
Kayla repoussa le rideau de la cellule d’un théâtral mouvement du poignet et s’assit sur un tabouret. Bras et jambe croisés. Son pied en l’air s’agitait nerveusement à un rythme régulier. Farran entra à son tour, quelques secondes plus tard :
« Mes affaires sont dans le sac, là. » indiqua-t-elle en levant le menton vers un baluchon posé dans un coin de la pièce exiguë, mais le jeune elfe ne bougea pas.
La melessë s’immobilisa, le silence qu’il lui imposait soudainement la dérangeait. Est-ce qu’il essayait de la faire se sentir coupable ? Coupable de quoi ? Elle n’avait rien demandé, elle. Elle aurait pu passer la soirée avec Mornorin et son grand-père, à l’auberge. Elle n’avait pas besoin d’être ici, pas besoin de cette stupide célébration de l’équinoxe. Tout ça ne la concernait pas.
« Calmée ? »
La voix, soudainement grave, de l’acolyte lui arracha un sursaut. Elle se retourna lentement, les épaules raidies par la surprise. Farran affichait un air sévère qui tranchait curieusement avec son visage d’enfant qui n’avait pas encore toute la finesse de ceux de son peuple. Au milieu de la constellation de taches de rousseur le vert vif de ses yeux brillait d’une colère calme qui mit mal à l’aise la petite melessë, mais pas assez pour paralyser sa langue :
« Si tu ne t’y mets pas, on va être en retard. »
Un silence lui répondit. Long et s’étirant encore, alors que les adolescents se dévisageaient avec hargne, le vert affrontant le bleu sans qu’aucun n’accepte de céder. Ce fut le garçon qui, finalement, ferma les yeux en secouant la tête, avant de se diriger vers les bagages désignés par Kayla. Il entendit son soupir, mais ne fit aucun commentaire. A la place il sortit peignes, brosses, pinces, épingles et rubans, étalant son butin sur la table, avant d’allumer la bougie laissée sur la table. Quand il se redressa, armé de son premier outil en poils de sanglier, il constata que le visage de la jeune fille était livide, malgré la chaude lumière de la flamme. Il haussa un sourcil, mais ne dit rien, allant simplement se placer dans le dos de l’adolescente pour commencer son travail.
Patiemment, dans un enchainement de geste aussi doux que précis, il démêla chaque mèche dorée, les écartant de part et d’autre de la nuque exposée. La melessë avait des cheveux plus épais et ondoyant que la raide toison fine des elenions dont il avait l’habitude et cela ne l’aidait pas vraiment, mais il avait à cœur de ne pas lui faire mal, ni de montrer sa frustration. C’était une journée importante et il avait son rôle à jouer, Kayla aussi, même si elle y mettait toute la mauvaise volonté d’une enfant capricieuse.
Pourtant, alors qu’il peignait et tressait les longues mèches blondes, la petite silhouette en contrebas perdait discrètement de son arrogante posture. Distraitement, elle mâchonnait sa lèvre inférieure, les deux poings crispés sur sa jupe, tripotant furieusement le tissu avec angoisse. Il pouvait la sentir tressaillir aux sons, à un mouvement pas assez lent de sa part. Elle suivait des yeux ses outils, avec anxiété et, surtout, elle ne disait plus rien.
A chaque seconde qui passait, le silence entre eux s’épaississait, devenant, à chaque minute plus, dur à briser. Bien des mots auraient pu ramener un peu de sérénité dans la pièce, mais à la place, les adolescents préféraient se taire, chacun concentré sur sa tâche. Farran voulait en finir rapidement, il n’avait tout simplement pas le temps des bavardages et si la petite jeune fille ne disait rien, c’était qu’elle n’avait rien à dire. Kayla, de son côté, fixait ses genoux avec obstination, figée. L’obscurité à l’extérieur ne les aidait pas tellement à estimer le temps qui passait, mais tout deux avaient l’impression que des heures s’écoulaient sans que le ciel ne s’éclaircissent un peu.
« Aïe ! »
Le cri plaintif de la melessë rompit soudain le silence. Dans sa précipitation, il avait coincé une mèche, tirant un peu brusquement dessus dans un faux-mouvement.
« Ah… Pardon… » répondit-il, en dégageant ses doigts.
Il perçut l’éclat lourd de reproche dans le coin d’un regard, ce qui ne l’aida pas du tout à reprendre son calme. Il était à présent très clair qu’ils avaient autant envie l’un que l’autre que la torture s’arrête et chacun songeait à la façon de s’y prendre, tout en sachant très bien que leur échec ne passerait pas bien auprès des adultes.
Finalement, ce fut Kayla qui se leva, arrachant au garçon un discret soupir de soulagement. Si elle retournait dans le hall faire une crise à sa mère, au moins personne ne le tiendrait pour responsable des frasques de la demi-elfe. A sa surprise, la petite blonde ne sortit pas de la pièce elle partit juste récupérer une lyre qui reposait au pied d’un lit et revint docilement s’asseoir devant lui. Elle cala l’instrument dans le creux de son coude, puis leva vers lui un sourcil interrogateur :
« Ça ne t’embête pas si je joue ? Ça me fera gagner du temps, pour tout à l’heure. »
C’était un prétexte, elle le savait, il le savait. Cette musique, Kayla la connaissait déjà par cœur, mais elle avait désespérément besoin de s’occuper la tête et les doigts pour survivre à cet instant, sans hurler. Farran la contempla un instant, incrédule, avant de hocher la tête. Elle lui sourit, puis se détourna. Distraitement, ses doigts commencèrent à jouer l’accompagnement du chant rituel. Elle le fredonnait sans parole, doucement, agitant une jambe dans le vide au rythme de la mélodie. Ses mouvements n’aidaient pas les affaires de son jeune coiffeur, mais ils comblaient au moins efficacement l’atmosphère entre eux.
Le son de la lyre était relaxant et la voix de la jeune fille accompagnait les notes à merveille. Si l’instant d’avant, elle lui avait paru tendue, voire angoissée, plus rien ne le laissait paraître, désormais. Les yeux clos, ses doigts dansaient sur les cordes, sans effort, et le fredonnement pris de l’ampleur, au fur et à mesure qu’elle osait donner de la voix. La mélodie joyeuse servait parfaitement le timbre doux et flutée de l’adolescente. Farran aussi se sentait emporté par la musique, le cœur transporté par un bonheur tendre et chaleureux. Bien que Kayla ne soit pas une acolyte du temple et qu’elle esquive les enseignements de la déesse du mieux qu’elle le pouvait, elle chantait ses prières comme peu d’enfant savait le faire, à Varnaïrello.
Au rythme de la lyre et de la voix, le jeune elfe tressait mèches et rubans, ramenant les cheveux en arrière pour en faire une couronne blonde, piquée de fleurs fraiches du printemps. Rien de trop extravagant : le bleu des myosotis, pour rappeler celui des yeux de la melessë, alternait avec le blanc des pâquerettes, pour reprendre la teinte immaculée des tenues traditionnelles du temple. Avec satisfaction, le garçon laissa la jeune fille contempler le résultat de son travail, sa complexité et l’adresse avec laquelle il était parvenu à discipliner ses boucles de demi-sang. Les bras croisés, il savoura la surprise dans le regard de la petite chanteuse, alors qu’elle observait d’un air critique l’enchevêtrement complexe de sa chevelure. Elle hocha la tête et il crut voir un fin sourire un peu gêné, lorsqu’elle le remercia, alors qu’il quittait la chambre.
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Au loin, la ligne de l’horizon blanchissait enfin devant les premiers rayons du soleil. Au creux des racines de l’immense magnolia, alignés par âge et qualités de voix, attendaient les enfants de Varnaïrello. Dans la fraicheur de la nuit encore épaisse, leurs longues oreilles frémissaient, mais leurs traits poupins reflétaient le sérieux de l’instant. Tous étaient parés de longues robes blanches, tissées de soie fine et brodées d’entrelacs à motif floral. Les longs cheveux avaient été relevés en couronnes tressées de fleurs fraiches, aux couleurs variées. Les plus jeunes, en haut, juste à la base du tronc, ne devaient pas avoir plus de trois ans, quand les plus vieux, tout en bas de l’arbre massif, étaient de jeunes homme et femmes approchant plutôt le temps de l’indépendance, même chez les peuples elfiques. Seuls manquaient les elenions et aldarons de 6 et 7 ans, cruels absents de ce chœur hétéroclite.
En contrebas de leur scène végétale, entraient les habitants de la ville et quelques visiteurs, curieux d’assister à l’un des rares rituels sacrés d’Ellerìna qui accueillait tout le monde, y compris ceux qui ne partageaient pas le sang des fées. Autour de la foule, prêtres et prêtresses adultes veillaient à ce que chacun trouve sa place, guidant les anciens et les races aveugles sans la lumière du jour et sans torche. Car tout le temple baignait encore dans l’obscurité d’une nuit qui se mourait lentement. Le temps pressait avec le ciel pâlissant, déjà, les premiers bourgeons à la cime de l’arbre brillait dans l’éclat neuf d’un printemps nouveau.
A ce signal, lentement, avec gravité, les voix les plus basses s’élevèrent dans un bourdonnement sourd. Sans parole, le murmure prit de l’ampleur, rapidement joint par le timbre plus clair des filles les plus âgées. Le jour descendait le long du tronc, éclairant les larges pétales des fleurs roses et les rameux gigantesques du grand magnolia. Peu à peu, alors que l’astre solaire chassait lunes et étoiles du ciel, sa lumière dévalait le long d l’écorce, jusqu’à atteindre les premières têtes blondes. A cet instant, le chant éclata dans le lent fredonnement. Les voix fluette et jeunes des adolescents, où dominaient les accents féminins, par-dessus les rauques tentatives des garçons, entonnaient un chant clair, scintillant de l’espoir de voir enfin le jour vaincre la nuit et la lumière l’obscurité.
Le chant sacré des elfes vibrait d’émotion, d’impatience et de solennité. Désormais, mêmes les races à demi-aveugle discernaient les visages aux yeux clos et les mains serrées contre les ventres des jeunes chanteurs, en un geste discret de fervente prière. Quand la lumière atteignit le pied des dernières racines les enfants ayant passé l’âge de raison se joignirent aux chants de leurs ainés, complétant les voix incertaines des adolescents d’une pureté juvénile et douce. La prière gagnait en ampleur, désormais, plus belle et plus sûre, l’espoir faisait place à une joie neuve.
Enfin, la cour entière baigna dans le premier jour du printemps, et les lèvres des plus jeunes s’ouvrirent pour joindre leur voix à celles de leurs ainés. Un bonheur exultant, contagieux, résonnait entre les pierres blanches de Varnaïrello, fort et puissant, inaltérable dans la fragile jeunesse de cette chanson d’enfant.
Une à une, chaque rangée cessa sa prière, du bas vers le haut. Pendant un instant, le chant maladroit des plus jeunes domina le silence révérencieux de la foule des adultes, avant de s’éteindre à son tour. Quelques secondes de silence saluèrent la fin du long rituel, avant que les enfants ne sautent des racines pour rejoindre leurs parents. D’abord les plus jeunes, puis de haut en bas, docilement.
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Kayla trottina vers un homme svelte et élégant, un elenion d’un âge assez avancé pour que quelques rides griffent le coin de ses yeux rieurs. Affectueusement, il accueillit la jeune fille d’un rire chaleureux, suivit d’un bâillement sonore.
« Tu as dormi, cette nuit ? demanda la petite melessë avec un sourire en coin.
- Hmmm… Un peu ?
- Pas assez ! Mummui ne va pas être contente si tu t’endors pendant la fête…
- Ah ! Tu m’insultes, jeune fille ! Un barde ne s’endort ja-mais, pendant les fêtes ! »
Elle pouffa en laissant son grand-père prélever une pâquerette de ses cheveux pour la glisser derrière sa propre oreille.
« Allez, petit rossignol, guide-moi vers les festivités avant que je ne m’endorme pour de bon. »
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